Lettre N° 19 Sunnites contre chiites




Y a-t-il lieu d'être optimiste ?

Telle est la question.

J'avais laissé entendre qu'un bouleversement était en cours dans ce bon vieux conflit qui secoue le Moyen-Orient.
Jusque là, toute discussion avec les pays du golfe était exclue sous couvert d'une diabolisation de l'état d'Israël. Souvenez-vous de la résolution du sommet de Khartoum (Soudan) du 1er septembre 1967 faisant suite à la guerre des 6 jours où les États arabes proclament les trois "non" :
* non à la paix avec Israël,
* non à la reconnaissance d'Israël,
* non à toute négociation avec Israël.
Mais les années ont passé (50 ans) et depuis deux pays au moins ont signé des accords de paix (Egypte et Jordanie) et nous assistons progressivement à une relégation du problème palestinien au second plan.

Pourquoi la question préalable de la résolution du conflit Israélo-palestinien n'est plus aussi prégnante ?

Certes, les pays du golfe n'entretiennent pas de relation diplomatique avec Israël, mais il est manifeste que sur le plan stratégique et géopolitique, un axe anti-iranien prend forme et c'est ici qu'Israël apporte un concours double et capital:

* Une expertise en matière de défense militaire et de renseignement
* Une ouverture sur l'occident avec l'appui américain

Pourtant en occident on ressent mal quelle est cette nécessité et où se loge le danger.
En quoi l'Iran fait-elle trembler les pays richissimes du golfe ?
A aucun moment l'Iran n'a proféré de menaces ouvertes contre ces pays "frères" sur le plan religieux s'entend.
La fracture est ancienne.

Les pays du golfe persique, notamment l'Arabie saoudite et le Koweït, ont apporté un soutien financier et politique important à l'Irak de Saddam Hussein durant sa guerre de huit ans contre l'Iran (1980-88).
Ça laisse des traces !!

Depuis, l'Iran cherche à déstabiliser les monarchies sunnites en fomentant attentats et complots.
Et la réciproque est vrai.
Le dernier attentat en date remonte à septembre 2018.

Bien que revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique, les autorités iraniennes ne sont guère convaincues et elles ont privilégié la piste séparatiste arabe et accusé un « petit » Etat du Golfe d'être derrière cet acte « terroriste ». 

Le « Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz », groupe séparatiste mis en cause précisément par Téhéran est soutenu par divers pays du golfe aux dires de l'Iran.

Et maintenant que les sanctions Trumpiennes sont tombées, l'Arabie Saoudite n'hésite pas à saisir l'occasion pour affirmer qu'elle pourra fournir le pétrole en compensation pour combler le manque et éviter une hausse dramatique du baril déjà bien élevé.

Alors l'ennemi qui menace la région c'est l'Iran. Mais dans l'immédiat, cet ennemi qui fédère ses voisins ne semble pas en mesure de mordre.

Le conflit se limite dans l'immédiat à la guerre, et non des moindres, qui oppose l'Arabie Saoudite au Yémen, pays pauvre s'il en est, soutenu par l'Iran et dont les milices iraniennes bombardent Riyad. Ce conflit laisse présumer ce qui pourrait se passer si l'ensemble des secteurs où ces milices pro-iraniennes sont implantées venaient à passer à l'action au Liban, en Syrie, au Sinaï.
Sans parler du blocage du détroit d'Ormuz, qui empêcherait toute livraison du pétrole par voie maritime.

Il est évident que ce serait un casus belli provoquant à n'en pas douter un embrasement de la région.
Les premiers touchés seraient les européens, ce qui explique à n'en pas douter leur politique pro-iranienne.

Nos yeux seront donc tournés vers ce détroit dans les prochains jours, à voir si l'Iran met ses menaces en œuvre.

Parallèlement, Netanyahou se rend en Oman, pays de seconde zone, avec lequel il n'existe aucune relation, pas même commerciale, mais visite historique qui n'a soulevé aucune indignation dans le monde sunnite.
Ainsi va le monde, fracturé plus que jamais.

Si Israël sort renforcée par ces alliances de pure circonstance, la question palestinienne se trouve reléguée au troisième plan.

Et comme Gaza et Judée-Samarie sont plus que jamais en froid, empêchant ainsi tout progrès dans les pourparlers de paix, le Moyen-Orient a décidément d'autres chats à fouetter.
Il y a dans l'histoire des moments clés à ne pas manquer. Quant le train est passé, on ne sait quant l'occasion se représentera.

A n'en pas douter, les palestiniens qui ont beaucoup rechigner, vont être les grands oubliés.

Et puisqu'il s'agit de train, un conflit peut en cacher un autre.

Bien à vous


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