Lettre 193 Journal de guerre J13+14

 Il n'existe pas de frontière infranchissable. Ni banque qui résiste aux cambrioleurs.

Il y a toujours un trou dans la raquette. Il suffit de le trouver.


Les terroristes pénètrent en Israël

Voilà toute la vérité sur cet échec cuisant des services de sécurité israéliens.

En 2010, le Monde Diplomatique publiait un article sur le système d'écoute secret le plus évolué du monde confié à l'unité d'élite 8200 pour épier les grands de ce monde, mais aussi les dirigeants palestiniens pour détecter toute action terroriste contre Israël.

Cette base d'écoute dénommée Yarkon a été positionnée à la frontière de Gaza, mais elle n'a rien détecté quant à l'opération terroriste du 7 octobre.

En ce jour maudit, Des dizaines de groupes d'activistes du Hamas ont franchi la frontière avec pour chacun une destination précise documentée par des plans, moyen de communication, et de locomotion. L'une d'entre elles était la fête de la nature rassemblant des milliers de jeunes dans le Kibboutz Be'eri.

L'unité 17 qui avait pour mission d'attaquer et neutraliser la base d'écoute Yarkon a pénétré le camp avec des motos, et savait exactement où se trouvait le centre d'écoute.

Ils ont abattu les soldats surpris par cette intrusion et ont fait exploser les installations.

Le tout a été filmé par Go Pro.

Puis ils vont rechercher des informations sur les ordinateurs mais ils seront a leur tour surpris par une unité de Tsahal spécialisée dans les opérations anti-terroristes et ils seront neutralisés.

Grace à cette intervention rapide, aucune information sensible n'a été transférée au commandement à Gaza.

Tout a été soigneusement préparé, renseigné, documenté. Un plan d'action précis dans les moindres détails a été retrouvé. Les effectifs de défense sur place étaient clairement détaillés et positionnés. 

Il est clair que monter une telle opération prend du temps. Il ne manquait plus que la date.

Le but annoncé de l'opération était de prendre des otages et de liquider un maximum de civils.

Aucune information sur la préparation de cette opération n'est parvenue aux oreilles du service de renseignement. Pas davantage au cours même de l'opération: Un échec colossal!

Une seule explication: Le sentiment de supériorité militaire et une confiance aveugle dans les systèmes sophistiqués de renseignements.

Depuis la sortie de Gaza en 2005, le système de défense se fondait sur trois axes: le Dôme de fer, un service de renseignements performant, une frontière étanche.

Ces deux derniers éléments ont gravement flanché.

Une somme de 3,5 milliards de dollars a été investie pour rendre la frontière hermétique en surface et en souterrain. Il n'y avait donc plus à s'en inquiéter. On pouvait ainsi alléger les effectifs.

On les a envoyé en Judée Samarie où le Hamas avait déplacé ses attaques.

Le Hamas, conscient de l'inefficacité de ses souterrains, a changé son fusil d'épaule. Il suffit de traverser cet obstacle.

Mais la clôture de sécurité est truffées de caméras, points de surveillance avec capteurs de haute technologie. Des systèmes de tirs automatiques permettent de neutraliser toute personne qui s'en approche.

Un vrai bijou de technologie, réputé comme la frontière la plus sur du monde. OTEF AZA (Localités qui enveloppent Gaza) était enfin en sécurité contre les intrusions terrestres.

On pouvait donc dormir sur ses deux oreilles.

Le Hamas a envoyé des drones (35 selon eux) qui ont heurté et détruit les antennes qui pilotaient les caméras et les systèmes de tirs automatiques.

En ce jour de Chabbat et fête de Simh'ass Torah les effectifs réduits des postes avancés ont été submergés par l'attaque surprise, et les soldats se sont battus courageusement mais en vain. Ils n'avaient reçu aucune information sur l'imminence d'une attaque.

La veille, les trois ballons de surveillance ont été déquillés par le Hamas mais curieusement le service d'entretien a conclu à une défaillance technique et ne les a pas aussitôt remplacés. La réparation a été repoussée après les fêtes.

Les services de surveillance aux frontières se sont ainsi retrouvés doublement aveugles.

Quand des informations d'intrusion ont été transmises à l'arrière, elles étaient partielles et tardives.

Les terroristes avaient déjà coupé le courant, les lignes téléphoniques, les antennes de communication. La section de défense antiterroriste qui se trouvait basée au kibboutz Re'im se trouvait sans moyen efficace de communication.

Un véritable brouillard est tombé sur le système de défense. C'est la raison pour laquelle ni chars, ni avions n'ont été dépêchés pour entrer en action.

La conception de la haute technologie s'est effondrée. On lui a donné trop d'importance alors qu'elle est fragile.

Autre disfonctionnement, les écoutes téléphoniques. Le Chabak (Service de renseignement israélien) était persuadé qu'il dominait la question et qu'il était au courant de tout ce qui pouvait se tramer dans le commandement du Hamas. Or il n'a rien entendu.

Pourtant la veille de l'attaque, le Chabak s'est entretenu avec l'état major en raison d'une intensification anormale du trafic téléphonique sans qu'il en connaisse la substance.

Vers 4h00 du matin, inquiet de cette anomalie, le chef du Chabak a envoyé une escouade pour vérifier. Mais sans résultat.

Il a pris la responsabilité de cette défaillance et sa lettre de démission sera certainement remise après la guerre.

Mais il y a plus.

Le Hamas utilise un réseau spécial de communication interne lequel a été piraté par le passé, piratage découvert par le Hamas. 

Une nouvelle tentative de connexion sur les câbles téléphoniques a eu lieu en 2018, mais la section spéciale entrée dans Gaza a été découverte en plein travail de piratage et a du être exfiltrée non sans dommage.

Il se trouve que les terroristes ont utilisé de simples Walkie Talkie pour communiquer entre eux avant et pendant leur entrée en Israël. Personne n'a pensé à les écouter.

Autre message: le Hamas a organisé un exercice d'invasion en septembre et dans les films qu'il a diffusés sur les réseaux sociaux, il est question de la destruction des antennes de communication et de détection, de l'usage de véhicules Toyota et de la capture des soldats dans les camps périphériques.

Tout était documenté par avance. Un camp militaire israélien a même été reconstitué fidèlement près de la frontière pour servir de modèle d'entrainement.

Et le tour de passe-passe.

Un mois avant l'invasion, Hamas n'a lancé aucune roquette et a laissé le Djihad agir seul. Tsahal était persuadé que le Hamas jetait les gants dans l'intérêt bien compris de la population qui avait besoin de travailler en Israël.

On se souvient de l'intention du ministre Ben Gvir lequel voulait limiter les visites des prisonniers dans les prisons de haute sécurité. Les manifestations à la frontière ont cessé dès que cette décision a été reportée ce qui impliquait que le Hamas s'était adouci.

Cette retenue a été interprétée comme une volonté de conciliation. Cette conception erronée a mené à une indolence générale et surtout à abandonner les opérations de désarmement du Hamas.

Le niveau politique n'en demandait pas moins. Bref tous se sont endormis. Leurs yeux étaient tournés vers La Judée Samarie où les combats devenaient quotidiens à l'initiative du Hamas. Alors pourquoi être persuadé qu'il avait lâché l'affaire à Gaza?

Le ministre égyptien de la sécurité Abbas Kamal aurait informé Israël, 10 jours avant la guerre que "Qu'une opération exceptionnelle se prépare". Le cabinet du premier ministre conteste cette annonce bien que les Américains confirment.

Des mouvements de troupes à Gaza ont bien été détectés par l'armée quelques heures avant l'attaque. Mais considérés comme sans importance.

La guerre du Kippour a aussi connu ce type d'informations préalables, mais tous avaient été écartés.

Et voilà que le matin du 7 octobre, ces mêmes bulldozers qui avaient été stationnés près de la clôture sans attirer l'attention, se sont mis en branle et l'ont forcée.

Au même moment un bombardement lourd a provoqué les alarmes de sorte que tout le monde, soldats inclus, sont entrés dans les abris.

L'entrée massive du Hamas n'a donc pas été entravée. Une fois les antennes détruites, tout devenait compliqué pour réagir.

Les camps militaires placés à proximité des localités qu'ils étaient supposés protéger, une fois neutralisés, rien ne pouvait arrêter les terroristes qui ont pu entrer et surtout ressortir avec des otages sans entraves.

Seuls les soldats et policiers sur place ont combattu aux côtés des civils en armes pour protéger la population.

L'armée n'est entrée en action que le soir. Et encore n'avait elle pas tous les renseignements sur l'ampleur de l'attaque qui touchait plus de 12 localités périphériques, ni sur le nombre des terroristes estimé à plus de 1.000. Un véritable chaos régnait sur place.

Il aura fallu deux jours supplémentaires pour sécuriser le secteur puis s'apercevoir de l'ampleur du désastre. 

Demain Tsahal va pénétrer dans Gaza.

Avec des forces immenses mais sans l'avantage de la surprise. Elles sont attendues de pieds fermes.

Mais le visage de la guerre a changé: La technologie devrait cette fois permettre à Tsahal de prendre l'avantage sans avoir à lutter face à face dans des combats de rue. Les drones sont une arme redoutable.

Et cette fois les services de renseignements seront très précis et performants.

Au mineurs de fonds qui descendaient extraire le charbon, on leur souhaitait "Gluck auf" dans leur patois lorrain. Comprenez "bonne chance pour la remontée", car la mine de charbon n'est pas une sinécure.

A nos soldats il faut souhaiter "bonne chance pour l'entrée mais aussi pour la sortie".

(Sources: Journal Yediyot ah'aronot du 20 octobre)


Commentaires

  1. Très interessant et documenté.
    Dans une vie anterieure j'appelais cela le syndrome de l'endormissement et de l'aveuglement.
    C'est valable tout aussi bien dans la vie courante et le monde des affaires que dans le domaine militaire et de la securité.
    C'est en fait ,au delà de toutes les precautions techniques, qu'on a pu prendre notre cerveau qui nous joue des tours!!
    Et quand les cerveaux se mettent à plusieurs c'est une plus grande catastrophe encore.
    En fait et pour faire très court c'est surtout quand un évenement parait improbable qu'il faut imaginer sa survenance au risque de sortir de sa zone de confort et de se contrarier."
    Et quant à l'aveuglement c'est croire dur comme fer que les accidents ou evenements du même type ne concerne que les autres...


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