Lettre 33 Une économie en pointe

Il y a trois ans l'euro valait plus de 5 shekels.
A ce jour, 4 shekels.
La monnaie israélienne s'est appréciée de plus de 20 %.
A quoi tient ce succès ?
Petit retour en arrière.
Dans les années 1950, la plupart des ressources étaient orientées vers le développement de l'agriculture et la mise en place des infrastructures nationales et la garantie de l'emploi à de nombreux immigrants non qualifiés.
L'étape suivante d'industrialisation a été focalisée sur le développement et la fabrication des armements indispensables à la défense du pays. Cette étape s'est trouvée accélérée par l'embargo sur les livraisons d'armes qui mettait en danger le jeune Etat. Les grands investissements dans l'aviation et les industries militaires ont permis la mise au point de nouvelles technologies appelées à devenir la base des industries de pointe d'Israël, entre autres les équipements médicaux, l'électronique, les logiciels et matériels et les télécommunications.
Dans les années 80, des Israéliens de retour de la Silicon Valley ouvrirent des centres de développement de grandes multinationales, notamment Intel, Microsoft et IBM. Au cours des années 90, l'immigration massive en Israël de chercheurs, d'ingénieurs, de techniciens et de personnel médical en provenance de l'ex-Union soviétique apporta une contribution remarquable à la sophistication du secteur industriel local et boosta les exportations industrielles du pays.
En raison du haut niveau de la main-d'œuvre locale et du manque de matières premières, le secteur industriel a dû se spécialiser dans des produits à haute valeur ajoutée, reposant sur la créativité scientifique et l'innovation technologique d'Israël. 
L'ère de la technologie de l'information (l'internet, le commerce électronique, etc.) a placé l'économie d'Israël à l'avant-garde dans le monde. Un certain nombre de compagnies israéliennes connues dans le monde entier ont été achetées par des grands conglomérats dans le cadre de transactions portant sur plusieurs milliards de dollars.
Voici les principales inventions israéliennes. Vous n'allez pas en croire vos yeux:
Given Imaging : La PillCam, une capsule munie d’une mini-caméra et qui permet d’explorer le corps du patient sans douleur. 
Netafim : Pionnier mondial dans le domaine de l’irrigation intelligente et par goutte-à-goutte. système permettant de contrôler l’écoulement de l’eau afin d’irriguer des cultures particulières. 
Pythagoras Solar : L’entreprise a créé la première fenêtre solaire au monde qui combine efficacité énergétique, production d’énergie et clarté.
Hazera Genetics : projet de deux professeurs de la Faculté d’agriculture de l’Université hébraïque de Jérusalem qui a donné naissance à la tomate cerise – un aliment délicieux qui mûrit lentement et ne qui pourrit pas lors de son exportation.
MobileEye : Aide les conducteurs à conduire de manière plus sûre. Le système de direction est lié à un appareil qui émet une alerte lorsque le conducteur est sur le point de changer de voie par inadvertance, avertit d’une collision imminente et détecte les piétons. MobileEye travaille aujourd’hui avec General Motors, BMW ou encore Volvo.
Intel Israël : A changé la face du monde de l’informatique avec le processeur 8088 (le «cerveau» du premier PC), MMX et la technologie mobile Centrino. 
La clé USB : l’omniprésent petit appareil de stockage portable fabriqué par SanDisk, a été inventé par Dov Moran.

Waze: Fondée en 2008 par un chercheur israélien, l’application de trafic routier a été rachetée 1,1 milliard de dollars (893 millions d’euros) par Google en 2013.

Orcam:  Lunettes MyEye 2.0 pour malvoyants, capables de lire des textes ou d’identifier des produits dans un magasin, grâce à un lecteur de code-barres.
Parc industriel de Tel-Haï 

Industries de pointe

Mais la vie économique du pays n'a pas été un long fleuve tranquille. L'intifada en 2000 va plonger le pays dans une crise sans précédent. Le chômage touchait 10,7% de la population active et le déficit public atteignait 5,6% du PIB.
[1]Les statistiques sur l’économie israélienne sont empruntées au…
Le nouveau ministre des Finances Natanyaou va mettre au point un plan systématique, en trois phases, qui va, sans transition, faire passer Israël d’un socialisme d’Etat à un capitalisme néo-libéral. La première étape, lancée en 2003, avait pour objectif de « freiner la dégradation de l’économie ». Des coupes sombres dans les dépenses publiques, la baisse de l’impôt sur le revenu, des licenciements dans le secteur public et un début de privatisations furent autant de mesures destinées à résorber la récession et à renverser la tendance. En 2004, fut inaugurée la seconde phase du redressement économique, celle de « la transition vers la croissance ». Les réformes structurelles furent accélérées, les allocations sociales taillées à vif et les immigrés clandestins fermement reconduits aux frontières. Enfin, la troisième phase, qui constitue la ligne directrice du programme économique du gouvernement pour 2005, vise « l’approfondissement de la croissance et le renforcement social ». En trois ans (de 2002 à 2004), les dépenses de l’Etat vont être réduites de plus de 15% en valeur réelle, alors que le rythme d’augmentation des dépenses publiques est dorénavant limité à 1% l’an, même si la croissance est plus forte.
Un vrai programme de gilet jaune !!


Depuis quinze ans, Israël aligne des indicateurs à faire pâlir d'envie les économies occidentales. Le pays a connu une croissance ininterrompue de son PIB, de 3,3% en moyenne, qui devrait atteindre 3,5% sur l'année en cours, et bénéficier d'un coup de pouce supplémentaire à partir de la fin 2019, lorsque démarreront les exportations de gaz naturel provenant de son immense gisement Leviathan . En outre Israël, dont l'OCDE a également loué la discipline budgétaire et fiscale, se présente comme une économie largement exportatrice, malgré un shekel fort, et de plein emploi, avec un taux de chômage inférieur à 4%.
La recette parait simple: Pas ou peu de ressources en matières premières, une main-d'oeuvre hautement qualifiée et diplômée permettant le développement d'une industrie technologique.
Mais où trouver le financement ?
C'est ici qu'intervient la R&D (recherche-développement), secteur auquel Israël consacre 4,4 % de son PIB, soit, de loin, le taux le plus élevé du monde. (La France investit 2,2 %)
Un accompagnement financier national est donc indispensable.
C'est la start-up nation. 
Plus de 6 000 start-up constellent l’Etat hébreu.
Rapporté aux 8 millions de citoyens, ce chiffre place Israël à la première place mondiale en termes de nombre de jeunes pousses par habitant.
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 L’Etat hébreu compte 70 sociétés de capital-risque. Concrètement, des investisseurs prêts à prendre de gros risques pour financer des innovations de rupture.
La difficulté provient du fait que les bénéfices partent souvent à l'étranger vers les fonds de pension.Ombre au tableau, ce modèle de business est traversé de nombreuses lignes de faille. 
Premier défi majeur : un taux de pauvreté (18% de la population) et des inégalités sociales difficiles à résorber. Les revenus des couches les plus modestes ont certes eu tendance à augmenter ces dernières années. Cependant, la part des salariés les plus pauvres s'est également accrue.
Globalement, si l’on regarde sur 70 ans, c’est une “success story.
Au rang des faits les plus marquants, l’absorption réussie de centaines de milliers d’immigrants. Ceux de l’ex-URSS, venus en masse à partir de la fin des années 1980 et souvent très diplômés, jouèrent un rôle déterminant dans l’établissement d’un Israël de la connaissance.

Mais l'explication est-elle suffisante ?
Une économie est-elle viable à long terme que par l'innovation ?
Visiblement la finance mondiale table sur ce segment beaucoup plus que sur les industries classiques en pleine perte de vitesse.
Macron l'a bien compris puisqu'il cherche à développer un partenariat avec Israël pour créer en France une "Silicone Elysée".

Et tout cela malgré un environnement de guerre latente.

Mais si le plein emploi est la conséquence d'une économie en pleine expansion, c'est certainement grâce à l'esprit d'innovation qui la sous-tend.




Sur le financement de l'innovation;







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