Lettre 35 Les méandres de la Shoa



Que représente aujourd’hui le 11 novembre pour la jeunesse française.

Une page d’histoire ou plutôt page dans un livre d’histoire après que le dernier des poilus soit décédé.
Que reste-t-il de la Grande guerre et de la "der des ders" que l’on continue à célébrer hors toute participation populaire et qui rassemble les fantômes du passé.

La Saint-Barthélemy a été le plus grand massacre historique au cours de laquelle des milliers de protestants ont été massacrés assassinés au seul motif de leur pratique religieuse discordante mais qui se soucie aujourd’hui du sort des victimes innocentes.

Bientôt le dernier les survivants de la Shoah aura quitté ce monde et que restera-t-il de ces récits d'outre-tombe sinon une abondante filmographie que certains considèrent comme de la science-fiction.

Il ne faut jamais cesser de répéter ce que fut la Shoah; comment les choses se sont déroulées et quelle a été l’ampleur de la tragédie; et pourquoi les paroles "plus jamais ça" peuvent paraître bien fragiles.

Cette immense tragédie a vu disparaître la moitié du peuple juif, rayé de la carte en raison des graves péchés qu’il avait commis.

Car il faut bien que ce peuple ait commis quelque chose pour qu’il soit furieusement poursuivi et exterminé.

En dehors des leitmotivs antisémites, il faut bien avouer que je n’arrive pas à comprendre ce que mes grands-parents qui vivaient à Dresde ont pu commettre pour mériter d’être chassés et pourchassés sinon pour la simple raison qu’ils étaient juifs.

Strictement rien. 

Et c’est bien ce qui est inquiétant car s’ils avaient commis quelque chose, on pourrait imaginer qu'un tel holocauste ne se reproduirait plus. Mais puisque précisément il n'y avait rien à leur reprocher, ce genre d'acte gratuit est susceptible de se reproduire dans des circonstances identiques.

Ce qui est plus inquiétant encore c’est la recrudescence du nazisme et l’antisémitisme comme si la Shoah n’avait pas eu lieu.

Comment trouver les mots pour définir la dimension inconcevable des moyens mis en œuvre pour aboutir à la "solution finale"

Quelqu’un a-t-il la possibilité en quelques mots d’exprimer cette horreur de l’extermination massive orchestrée par un régime aveugle et qui a aveuglé les foules.

Et tout cela dans une indifférence masquée par une soi-disant méconnaissance de la réalité qui ne sera révélée qu’après guerre.

Tout a commencé par la déportation de familles entière, de villages, de ville, sans distinction hommes femmes et enfants avec les moyens du bord en pleine guerre, des convois qualifiés de "prioritaires" mais avec des conditions inhumaines de transport et à l'arrivée des corps sans vie.

L'extermination avait déjà commencé lors du transport.

Personne aujourd’hui ne peut appréhender cette déshumanisation du sacrificateur comme du sacrifié.

Comment cela a-t-il pu se passer et avec quels moyens, en pleine tourmente.

Régime nazi s’est appuyé sur un allié d’une puissance insoupçonnée : l’antisémitisme.

Et tout cela dans l’indifférence la plus totale des autres puissances qui avaient d’autres chats à fouetter dans cette période troublée de la seconde guerre mondiale.

Il suffit d'évoquer la philosophie du Führer : Rendre le grand Reich "Judenrein".

Voila, le mot est trouvé. Il résume tout. 

Quelle meilleure réponse à donner à cette ignominie de l’histoire sinon la création d’un État refuge pour un peuple qui a payé un lourd tribut que nul au monde n'a jamais eu à acquitter.


La création d’un pays neuf, pour les enfants et descendants d'un peuple ancien; un pays fort de ses convictions et de ses principes, fort face a un monde qui perpétue une forme d hypocrisie en lui préférant ceux qui militent pour la barbarie.

En ce jour sacré de la mémoire de la Shoah je veux revenir sur une péripétie qui fait surgir la victoire de la lumière face aux ténèbres de l'histoire.

L'histoire incroyable du prêtre catholique Jacob Vexler.



Une nuit de l'année 1943, une jeune femme juive Batya Vexler frappa à la fenêtre d'une famille polonaise dans les faubourg de Vilna. Elle remis furtivement son bébé à une femme qui n'avait pas eu d'enfant, et qui accepta de le sauver de la rafle et de l'élever.

Il grandit sous le nom de Romak Washkinel et devint curé polonais dans l'ignorance la plus parfaite de sa véritable identité.

Mais ses gênes criaient en lui. Il se sentait différent des autres, pas à sa place malgré l'amour prodigué par ses parents adoptifs. C'est peut-être parce qu'il avait compris qu'il avait été adopté et qu'il était juif qu'il entrepris un parcours à contre-courant vers le catholicisme en fréquentant assidûment les églises.
Il finit par entrer au séminaire et après un parcours remarquable, fit un doctorat en philosophie à la Sorbonne. Il devint enseignant en théologie à l'université polonaise.

A travers ses études, il va découvrir la tragédie de la Shoa et va comprendre qu'il est peut-être un de ces enfants rescapés.

Tel Moïse prince d'Egypte qui découvre sa ressemblance avec les esclaves hébreux, des milliers de questions vont resurgir à la surface.

Après 35 ans, sa mère adoptive va finir par dévoiler cette histoire à son fils mais ne put lui révéler son nom réel tant elle s'était empressée d'effacer de sa mémoire tout ce qui s'était déroulé pendant cette nuit tragique.

C'est ainsi que commença pour Jacob une vie nouvelle de recherche de son identité réelle.

Ni nom, ni papier d'identité. Seul le destin pouvait le guider.

Sa mère lui appris que son père était un tailleur apprécié dans le ghetto de la ville et qu'il avait un grand-frère, Samuel.

Lorsque ses parents adoptifs décédèrent, ils furent reconnus par l'institut Yad Vashem comme Justes parmi les Nations pour avoir sauvé un enfant juif.

A force de recherche, il finit par retrouver la trace de sa famille exterminée dans les camps de la mort et rencontra un cousin domicilié à Natanya avec lequel il put renouer les fils manquant.

Il repris son vrai nom de famille Yaacov Vexler et se rapprocha de sa religion d'origine.

Il se heurta à un conflit existentiel entre deux religions. Deux personnalités.

Pris en tenaille par l'antisémitisme polonais ambiant, il préféra quitter l'université en 2008.

Son histoire ne pouvait que le rapprocher d'Israël où il trouva un accueil chaleureux et se vit attribuer le statut de résident au kibboutz religieux Sdé Eliyaou où il appris l'hébreu et s'imprégna de religion juive.

Imaginez un prêtre catholique s'intégrant dans un milieu juif orthodoxe, célébrant le Shabbat (Samedi) et priant le dimanche dans l'église proche de Nazareth !!

Tout un symbole d'œcuménisme.

Considéré comme un juif en Pologne et comme un Goy en Israël !!

Et son plus grand désir sera de faire son Alya en Israël, comprenez d'être reconnu d'office comme juif revenant en son pays, sans autre formalité en application de la "loi du retour".

Tel était le rêve de sa mère qui était sioniste.

Mais le ministère de l'intérieur, après examen de son dossier et en l'absence de toute preuve de son origine réelle ne lui a pas consentit ce statut.

Par contre, l'institut Yad Vashem lui confia un travail comme archiviste.

Il vit donc depuis 10 ans en Israël et souhaite y être enterré. Où d'autre puisque ses parents n'ont pas de sépulture.

Le kibboutz a accepté de lui réserver une place.

Un film fut tourné sur cette histoire prodigieuse: "Karouha" (Déchiré)

Il a refusé de se convertir considérant qu'il est juif de naissance et après examen génétique, le rabbinat a reconnu qu'il était d'origine juive ashkénaze à 99,99 %.

Cette histoire vous rappelle l'épopée du cardinal Aron Jean-Marie LUSTIGER, archevêque de Paris, ville dont il était natif  dans une famille de juifs émigrés de Pologne et qui va découvrir en même temps peu avant la guerre le nouveau testament et l'antisémitisme.

Éloigné de ses parents par la guerre,  il va se convertir au catholicisme en 1940 au grand dm de son père qui seul survivra.

Il jouera un rôle de pionnier dans les relations entre les communautés chrétienne et juive comme conseiller du pape notamment dans l'affaire des carmélites installées dans d'Auschwitz qu'elle finiront par quitter, ainsi qu'inspirateur de la "déclaration de repentance" du clergé français et artisan de la venue du pape à Jérusalem en l'an 2000 avec visite du mur des lamentations et de Yad Vashem consacrant la dette de la chrétienté aux frères aînés juifs.

Ça n'est pas rien et mérite d'être souligné....... même si d'autres dirons "Ils sont partout" .

Pardon pour ce trait d'humeur.









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