Lettre 38 La partie d'échec a commencé
L'eurovision
s'est déroulée sans heurt.
L'organisation
et sa prestation ont été appréciées et nous avons même eu droit à Madonna, même si
certains ont estimé qu'elle avait chanté faux malgré le montant de son cachet.
Il est question de 1,5 millions d'euros. Il est vrai qu'elle est arrivée avec
pas moins de 130 techniciens et danseurs.
En
parallèle, des bruits de bottes se font entendre de l'autre côté du golfe
persique et si les belligérants assurent qu'ils ne recherchent pas la guerre,
chacun s'y prépare selon la formule célèbre: "Si tu veux la paix, prépare
la guerre" (Si vis pacem, para bellum)
Rappelons
qu'il y a pas moins de 50.000 soldats américains basés dans les pays du golfe
persique et que le second porte-avions américains est en route.
Le Pentagone
prépare un plan de renforcement des troupes qui pourrait envoyer encore
quelques 10.000 boys sur site.
Le Cid
Voilà qui
nous rappelle la guerre du Vietnam, puis celle d'Irak.
La partie
d'échec vient de commencer. On a déplacé les pions puis les cavaliers, à quand les
fous !!
Souvenez-vous
que depuis le 1er avril 2019, les sanctions américaines sont appliquées avec
leur plein effet notamment sur l'achat du pétrole iranien qui représente une
manne considérable.
Effet
immédiat: Hausse du prix du baril ce qui arrange les affaires des compagnies
américaines qui exploitent des gisements de schiste dont le coût est plus élevé
et deviennent ainsi rentables.
Trump a
répété a qui mieux mieux "América first!"
Mais l'ami
saoudien n'en perd pas une miette puisque c'est lui qui devrait accaparer le
marché ainsi vacant.
Mais comment
ca marche ?
Le commerce
international est lié de près ou de loin aux USA et au dollar.
Et les
entreprises françaises l'ont bien compris en cessant tout investissement en
Iran. Voilà pourquoi:
Pourquoi
cette loi s'applique-t-elle en dehors des États-Unis, à des entreprises qui ne
sont pas de droit américain? La réponse est simple: la devise américaine est
celle qui domine dans le commerce international et la finance, et les
investisseurs américains sont présents au capital de toutes les grandes
sociétés cotées européennes.
Depuis 1977 et la loi sur la corruption (Foreign Corrupt Practices Act,
ou FCPA), la doctrine américaine est très claire: dès lors qu'il y a eu un
appel téléphonique, un mail, un fax depuis, vers ou à travers les États-Unis ou
qu'un virement a été fait des États-Unis ou vers eux ou en utilisant le système
bancaire américain, les juridictions américaines sont compétentes. Conclusion:
il est pratiquement impossible de leur échapper.
Tout le monde a encore en mémoire la condamnation de BNP Paribas en 2014 à une amende de 8,9
milliards de dollars pour avoir violé les embargos contre le Soudan, Cuba et l'Iran.
Évidemment,
pour organiser des échanges de dollars entre elles, deux banques peuvent passer
par une banque tierce située en dehors des États-Unis, mais est-ce suffisant
pour éloigner la menace d'une action américaine?
On a vu
qu'après l'entrée en vigueur de l'accord de Vienne en 2015, tous les acteurs
économiques intéressés par l'Iran ont avancé avec beaucoup de prudence ou ont
même préféré rester à l'écart. Malgré toutes les précautions prises, on peut se
retrouver avec un partenaire local ayant un actionnaire figurant sur les listes
noires américaines, qui n'était pas apparu dans les documents consultés; on
peut aussi avoir un assureur lui-même lié à un assureur ou réassureur
américain, qui ne voudra prendre aucun risque.
Bref,
travailler avec l'Iran est compliqué et hasardeux, et de toute façon, il n'est
pas facile d'échapper à l'emprise du dollar.
CQFD !!
La Chine
continue à commercer avec l'Iran car elle est moins vulnérable. Trump lui colle
des taxes d'importation maximales. Du jamais vu. Finira-t-elle par plier ?
Attention à la récession dans l'empire du milieu. Il y a près de trois
milliards de bouche à nourrir et comme disait Coluche , plus il y a de fous,
moins il y a de riz !!! paraphrasant en cela le fameux dicton bien français "plus
on est de fous, plus on rit"
L'Iran est déjà
en pleine récession et Trump espère que tôt ou tard le régime des ayatollahs sera
mis à mal par une lame de fond populaire.
Manifestation anti-gouvernementale en Iran
Au lieu de
cela, ce sont les plus radicaux qui montent au créneau: L'Iran ne veut pas la
guerre mais ne cédera pas au chantage américain. Et d'ajouter des menaces
réciproques sur la destruction de l'autre.
Mais en
parallèle, l'Iran met en œuvre ses réseaux dits "dormants" à savoir
les mouvements terroristes. Quatre tankers ont été sabotés dans le golfe
persique. Simple avertissement.
Et en même
temps, comme dirait Macron, le plan de paix pour la Palestine est en marche.
Mais
l'affaire se complique car "le deal du siècle" que Trump veut
présenter le mois prochain pour régler le conflit israélo-palestinien bat déjà
de l'aile puisqu'il est rejeté de plano par ces derniers.
La Maison Blanche a annoncé qu'elle
co-organiserait avec Bahreïn un sommet les 25 et 26 juin sur les aspects
économiques du plan de paix américain intitulée"De
la paix à la prospérité". Le président de l'autorité palestinienne Abou (Abbas) Mazen a déclaré qu'il ne se rendrait pas à cette conférence pour n'avoir as été
consulté au préalable.
On apprend aujourd'hui que cet
"atelier" sera boycotté par les palestiniens dont la chaise restera vide.
Ainsi pourra t on à nouveau reprocher
aux palestiniens de ne pas manquer une occasion de manquer une occasion!
Peu de choses ont filtré sur le
contenu du plan de paix. On sait tout de même qu'un état palestinien ne verrait
le jour qu'à terme dans le cadre de l'élargissement de l'autonomie actuelle.
Alors pour faire passer la pilule, les
conseillers de Trump ont imaginé de couper le deal en deux. On va d'abord
parler argent et présenter le volet économique du plan. Il est question de 60
milliards de dollars ce qui devrait favoriser une "paix économique"
par des investissements massifs. Il faut avouer que la Palestine manque de tout
ou plutôt qu'elle n'a rien.
L'essentiel de l'activité économique fonctionne
grâce à des investisseurs israéliens, ceux précisément que l'organisation BDS tente
de boycotter.
Mais les palestiniens s'entêtent et
refusent de venir à la table des négociations tant qu'il ne sera pas question
d'un état palestinien avec Jérusalem comme capitale.
Rien que ça !!
Ils font le dos rond en attendant des
jours meilleurs, comprenez la fin du mandat de Trump et l'élection d'un
Président plus égalitaire à leurs yeux.
Mais Donald Trump a plus d'un tour
dans son sac.
Puisque les dirigeants palestiniens ne
veulent pas entendre raison, et ce au détriment du bas peuple qui décidément en
demeure l'otage, l'administration américaine en revient aux principes de base:
A quoi sert l'UNRWA ?
Souvenez-vous de cet organisme créé
par l'ONU pour venir en aide aux réfugiés palestiniens après la guerre
d'indépendance de 1948-49.
Depuis 70 ans des fonds considérables
sont déversés pour les nations et principalement par les USA pour soutenir
financièrement et humanitairement ces personnes déplacées dont le nombre au
lieu de se réduire, s'est multiplié depuis par 10 et augmente chaque année.
Jason Greenblatt envoyé spécial de
l'Amérique pour le Moyen-Orient a déclaré à l'ONU que "l'UNWRA n'a
apporté aucune solution et a échoué dans sa mission... Elle s'est servie des
refugiés comme d'une poupée politique et non comme des êtres humains.....Les
palestiniens méritent mieux que cela.....Il faut leur construire un avenir
florissant et le plan économique qui sera présenté à Bahreïn servira à cela..
En résumé, l'UNRWA se complaisait dans
une fonction d'assistance humanitaire au lieu de mettre en place des
infrastructures de développement. Bref l'argent serait dépensé depuis 70 ans en
subsides qui ressemblent au tonneau des danaïdes.
Et comme tout doit avoir une fin, il
faudrait mettre un terme au mandat de cet organisme qui n'a que trop duré.
Comprenez que les USA menacent de
remplacer leur aide humanitaire par une aide économique d'investissements
massifs pour donner du travail et non des subsides. La canne à pêche au lieu du
poisson.
L'argent comme nerf de la guerre.
C'est très américain.
Et pendant ce temps les égyptiens ont
négocié une trêve entre Israël et Gaza prévoyant six mois de calme contre des
assouplissements du blocus.
Les égyptiens mouillent la chemise
mais ces accords ne durent que le temps que durent les roses. Ce matin, après
trois jours de reprise des ballons incendiaires, Israël a déclaré restreindre
les zones de pêche.
Envol de cerf-volant et ballons incendiaires
Envol de cerf-volant et ballons incendiaires
Incendie côté Israélien
Politique de la carotte et du bâton.
Le pétrole a été découvert au
Moyen-Orient il y a près de 100 ans. Auparavant, personne ne s'intéressait à
ces régions désertiques et inhospitalières.
Dans ma lettre précédente je vous
exposais que l'état d'Israël n'a pu se créer que grâce à la conjonction de
multiples conditions de fait et de droit, un peu comme l'alignement des astres.
Il faudra aussi ce genre de
conjonction pour que la paix se concrétise au Moyen-Orient.
Trump a certes la volonté d'aboutir,
mais les astres semblent ne pas lui obéir.
Tout n'est pas à vendre même si tout
est à acheter.
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