Lettre 45 Tel-Aviv d'où viens-tu

Tel-Aviv de l'origine à nos jours

Sans remonter à la nuit des temps, l'histoire de Tel-Aviv est liée à celle de la ville de Jaffa, port antique s'il en est et peut-être le plus vieux port du monde méditerranéen.

Le général Bonaparte avait reçu mission de mener une expédition scientifique en Egypte, campagne qui devait durer trois ans de 1798 à 1801.

L’expédition d’Egypte est une campagne militaire menée par Bonaparte entre 1798 et 1801 afin de s’emparer de l’Egypte et de contrôler la route des Indes dans le but de lutter contre la Grande-Bretagne, hostile à la France de la Révolution. Il s’agit également d’une véritable expédition scientifique et culturelle visant à découvrir l’Egypte, alors considérée comme le « berceau des civilisations ».(Source Wikipedia)

Bonaparte avait promis de libérer la Palestine des occupants ottomans et de la rendre aux juifs, lesquels considéraient alors ce libérateur comme un exécuteur messianique.

Le siège de Jaffa se terminera rapidement par la reddition des soldats turcs menés par Djezzar Pacha le 7 mars 1799.

 

Trois mil soldats turcs furent faits prisonniers puis massacrés et la soldatesque napoléonienne se livra à tant d'exactions envers la population civile en ce compris les juifs de Jaffa, que ces derniers fuirent la ville. 

La population fut décimée et une malédiction s'abattit sur la ville ancestrale.

Une épidémie de peste se rependit et affecta l'armée de Bonaparte laquelle, arrivée aux portes de Saint-Jean-D'acre et se heurtant aux turcs soutenus par la marine anglaise, dût se retirer de Palestine pour s'en retourner au Caire.

Tel fut le destin de cette ville qui demeura sous le coup de ce sort pendant tout le 19ème siècle.

Il faut dire que la situation des populations de la Palestine ottomane était critique sur la plan économique. Jaffa était entourée de déserts et les quelques terres arables appartenaient à de riches effendis vivant au Caire ou à Constantinople.

L'administration turque infligeait aux habitants de lourdes taxes et les bakchichs étaient de rigueur.

Pourtant un événement va sortir cette ville de sa léthargie. La conquête de l'Algérie en 1840 puis du Maroc par la France du général Bugeaud va permettre aux juifs d'émigrer librement vers la Palestine.

Trois cents juifs venus d'Afrique du nord sont alors recensés à Jaffa et bénéficieront même de la protection consulaire française.

Rappelons pour mémoire que le décret Crémieux accorde en 1870 la citoyenneté française aux juifs d'Algérie alors que les populations musulmanes demeureront sous statut indigène.

Cette différenciation provient du fait que les juifs d'Algérie ont accepté de se soumettre aux lois françaises y compris pour le statut personnel (Mariage, divorce, état civil ...) alors que les populations autochtones musulmanes ont refusé pour n'être soumises qu'aux lois coraniques, situation incompatible avec les lois de la république.

C'est ainsi que le port va se développer pour constituer le passage obligé des pèlerins de plus en plus nombreux affluant du monde entier pour visiter les lieux saints qu'ils soient chrétiens ou juifs.

Vers 1880 la première grande migration des juifs chassés de Russie par les pogroms rendra nécessaire la création de villes nouvelles en dehors des localités arabes.

Les organisations sionistes se mettrons en chasse de terrains propices à cette expansion. C'est ainsi que seront acquises les terres désertiques situées au nord de Jaffa et réparties en 1909 entre 66 familles d'immigrants qui seront les précurseurs de la nouvelle ville dénommée Tel-Aviv (Colline du printemps en hébreu).

Ce nom a également été choisi par référence au livre prophétique de Théodore Herzl "Altneuland" (Le vieux nouveau pays) paru en 1902 et traduit en hébreu par Nahum Sokolov sous le titre "Tel-Aviv" dont voici un résumé:

Friedrich Löwenberg, un jeune intellectuel viennois juif lassé de sa vie en Europe, entame un voyage vers l'Asie avec l'intention de se retirer dans une île de l'Océan Pacifique. Il part en compagnie d'un aristocrate prussien, Kingscourt. En chemin, ils s'arrêtent à Jaffa et y découvrent la Palestine dans un état d'abandon. Ils se retirent ensuite sur leur île pendant vingt ans. Au retour, lorsqu'ils repassent par la Palestine, ils découvrent la région transformée, changée en une société cosmopolite florissante. Car dans l'intervalle, les juifs d'Europe ont redécouvert la région, qui est leur Altneuland dans leurs traditions, et l'ont fait prospérer.

Dans les années 1930 ce sont cette fois les juifs allemands fuyant les persécutions nazies qui vont affluer et grossir les rangs de la population de Tel-Aviv. Elle passera en 10 ans de 35.000 à 150.000 habitants en 1937. En parallèle, sa sœur jumelle Jaffa ne comptait alors que 69.000 habitants dont la moitié était d'origine juive.

Les juifs allemands apporteront dans leurs valises le style Bauhaus et les architectes feront de Tel-Aviv un des plus grand centre du style Bauhaus international.

Tel-Aviv compte aujourd'hui 500.000 habitants et sa périphérie, le Goush Dan compte 3,5 millions d'habitants rassemblant 254 localités.

Par comparaison, Jérusalem ne compte qu'un million d'habitants alors que la population totale d'Israël compte 8 millions d'habitants dont deux millions d'arabes israéliens.

Capitale économique du pays, Tel-Aviv n'aura été la capitale politique du nouvel l'état que pendant quelques mois depuis la déclaration d'indépendance en mai 1948 jusqu'au 23 janvier 1949.

Aujourd'hui, comme toutes les grandes métropoles du monde, elle est envahie par les vélos et trottinettes électriques.

100 ans d'histoires. Que de chemin parcouru en si peu de temps.