Lettre 46 Et si le vote arabe changeait la donne


Voici revenir le temps des élections.

Elles se tiendront le 17 septembre pour désigner les députés de la 22ème Knesset.

En avril dernier, le Likoud de Natanyaou avait été désigné pour former la coalition gouvernementale.

Mais il n'avait pu réunir que 60 mandats sur 120 ce qui ne constitue pas une majorité.

Une coalition de centre-gauche n'avait pas davantage de chance même en s'alliant aux deux partis arabes. Pour couper court et ne pas courir le risque d'une tentative de coalition de l'opposition, Natanyaou avait fait voter la dissolution de la Knesset.

Zéro à zéro, la balle au centre!!

Le trublion de service Libermann, ministre démissionnaire du gouvernement précédent, avait refusé de faire alliance avec Natanyaou lui reprochant de faire la part trop belle aux partis religieux, le privant ainsi d'une majorité confortable.

La question du vote arabe rebondit aujourd'hui car traditionnellement, leur participation n'est guère supérieure à 50 %.

Leur voix vont majoritairement aux partis arabes à plus de 80 % mais ces électeurs affichent un certain pessimisme sur l'intérêt d'être ainsi représentés à la Knesset.

En effet les partis arabes israéliens concentrent leur action sur la défense des droits des palestiniens et très peu sur l'amélioration de la situation sociale des populations arabes israéliennes.

Aux dernières élections, les partis arabes ont obtenu 13 sièges et on estime qu'en augmentant leur participation au vote, la liste unique constituée cette fois pourrait obtenir jusqu'à 18 sièges.

Un allié de poids pour  les opposants à Natanyaou.

Pour faire pression sur le vote arabe et réduire cette participation, Natanyaou s'est saisi d'une accusation de fraude qui aurait sévi dans certains bureaux de vote de villes arabes pour tenter de faire voter une loi imposant in extremis la pose de cameras et supprimer ainsi une certaine confidentialité.

Mais cette entreprise a échoué tant sur le plan juridique, que faute de majorité, Liberman ayant là encore taclé le premier ministre pour son opportunisme.

Ce qui est sûr, c'est que le parti centre-gauche "Bleu-Blanc" de Lapid-Ganz ne peut espérer battre le Likoud sans s'allier au parti arabe ce qui lui colle la réputation de vouloir sacrifier le destin d'un Israël messianique sur l'autel de la compromission avec l'ennemi extérieur.

Car bien entendu une coalition avec le parti arabe supposerait de changer la politique actuelle de la colonisation et reprendre les négociations pour la création d'un état palestinien; hypothèse à laquelle personne ne croit plus vraiment.

Et c'est précisément sur cette écueil que surfe Natanyaou en reprochant au centre-gauche de négliger les intérêts vitaux du pays.

En conservant le portefeuille du ministère des affaires étrangères qu'il cumule avec ses fonctions de premier ministre, Natanyaou savait qu'il pouvait en tirer un avantage en monopolisant les relations extérieures et il ne s'en est pas privé, apparaissant tour à tour aux côtés de Trump ou de Poutine.

Sur le plan pratique les élections à la Knesset pourraient dérouter l'électeur franchouillard.

Comme on ne peut voter le samedi, jour du chabbat, le vote a lieu en semaine, jour de congé obligé.

A l'extérieur des bureaux de vote (Ecoles principalement) les partis politiques installent leurs stands et distribuent tracts et bulletins de vote jusqu'à la dernière minute.


                                                                                 
Un homme vient voter dans un bureau de vote dans la matinée des élections municipales, le 30 octobre 2018 (Crédit : Hillel Maeir/Flash90)media

L'isoloir comme si vous y étiez


Ces bulletins ne comportent aucun nom mais uniquement les initiales des listes en concours. Ainsi le "L" pour le Likoud etc...

Pas d'isoloir mais un pupitre derrière lequel on choisi le bulletin à placer dans l'enveloppe puis dans l'urne.

Et quels sont les slogans de propagande électorale. Aucun parti ne présente un véritable programme socio-économique. 

Le débat se situe au niveau stratégique, défense, pour ou contre la colonisation.

La dernière trouvaille de Bibi: Annexion de la vallée du Jourdain, route stratégique qui longe la frontière Jordanienne du lac de Tibériade à la mer morte et se trouve donc en territoire palestinien de Judée-Samarie.

Reste à savoir comment le public appréciera la position troublante de Libermann dont le parti est crédité de plus de 10 sièges alors qu'il n'en a recueilli que 5 aux élections précédentes. Il a juré de ne pas entrer dans le gouvernement de Bibi s'il ne réduisait pas les prébendes accordées aux partis religieux.  Mais c'est un grand spécialiste du marchandage électoral. S'il devient incontournable, il posera ses conditions et Bibi n'en est pas à une contorsion près !!

Le suspens bat son plein.










Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14