Lettre 47 La démocratie dans l'impasse

La démocratie est une belle invention.

Lorsque l’état d’Israël fut créée en 1948, le modèle politique était le régime parlementaire à l’instar de ce qui s’est passé sous la IVe République en France.

Il est vrai que les fondateurs de l’État d’Israël étaient socialistes et que Léon Blum était une figure politique de référence.

La situation n’a guère évolué et bien que la droite soit au pouvoir depuis deux décennies les élections qui viennent de se dérouler montrent que ce système a atteint les sommets de l’absurdité.

Pourtant qu’y a-t-il de plus beau qu’une règle proportionnelle totale donnant à chaque parti, même les plus petits, la possibilité de se présenter et représenter ainsi les tranches de populations d’avis différents voir diamétralement opposés.

Les élections du 17 septembre ont pas permis de modifier substantiellement les résultats de la consultation d'avril dernier. Et d’ailleurs pourquoi en serait-il autrement puisque aucun événement particulier n’est survenu si ce n’est une certaine gesticulation de Nétanyahou espérant ainsi attirer les voix des électeurs indécis.

Il a également absorbé deux petits partis afin de devenir le parti principal et tenté de dépasser la liste Bleu-blanc de Benni Gans. Mais il a échoué.

Les résultats définitifs place la liste Bleu-Blanc devant lui car le dépouillement des voix des soldats, lesquels votent traditionnellement pour le Likoud, l'ont désavoué. Un signe des temps !

Liste Bleu-Blanc: 33 sièges

Likoud: 31 sièges

Liste arabe unie: 13 sièges

Shass (Religieux): 9 sièges

Liberman (Droite laïc): 8 sièges

Yaadouth hatora (Religieux): 8 sièges

Yamina (Droite) : 7 sièges

Travaillistes: 6 sièges

Démocrates: 5 sièges

Le peuple a parlé et voici la photo de la répartition des sièges à la Knesset par regroupements politiques gauche-droite:

- La droite incluant les deux partis religieux: 55 sièges

- Liberman (Parti nationaliste laïc): 8 sièges

- Bleu-Blanc de Benni Gans et travaillistes: 44 sièges

- Liste arabe: 13 sièges

Le grand gagnant est le trublion de la droite laïque, Lieberman passé de cinq à huit mandats, est ainsi devenu un élément incontournable capable de faire basculer la droite ou la gauche et pour obtenir une majorité parlementaire.

C'est le faiseur de roi.

Mais il refuse de s'allier avec Natanyaou et appelle à une coalition d'union nationale entre les trois partis dominants et bien entendu sans les religieux ni les arabes.

Mais si Gans forme une coalition avec Natanyaou, nul besoin de s'entendre avec Liberman soupçonné en réalité de vouloir faire tomber Natanyaou.

Et alors que ces élections se résumaient entre pour le maintien ou pour la chute de Natanyaou, force est de constater que le magicien est toujours là. Il lui faut trouver 6 sièges. Peut-être chez les travaillistes dans le cadre d'un accord contre nature.

A partir de dimanche les tractations vont commencer puisque la main appartient désormais au président de l'état Mr Rivline lequel doit désigner le chef du parti dominant avec mandat de rechercher une coalition regroupant plus de 60 sièges parlementaires pour constituer un gouvernement.

Le principe veut que le candidat arrivé en tête soit désigné et dispose ainsi d'un délai de 30 jours pour former cette coalition. Rivline a réussi à réunir Natanyaou et Gans mais il est apparu rapidement que l'oeuvre de conciliation était prématurée.

Rivline tente hier une réconciliation entre Natanyaou et Gans 

Dans le cadre des consultations que Rivline va engager avec l'ensemble des chefs de partis, son rôle est de les inciter à s'entendre pour former une large coalition nationale puisqu'aussi bien, et chacun l'aura compris, c'est soit une entente des ennemis politiques d'hier, soit le retour insupportable aux urnes pour un troisième tour.

Désespérant !!

Une coalition supposerait une rotation entre deux premiers ministres ou plus.

La situation s'est déjà présentée en 1984 entre Shimon Peres et Yitzhak Shamir avec une rotation après deux ans d'exercice au poste de premier ministre. 

Shimon Peres et Yitzhak Shamir signe l'accord de coalition

Ainsi les opposants d’hier sont condamnés à s’entendre et c’est peut-être ce que le peuple souhaite à savoir une entente cordiale entre ceux qui ce sont déchirés hier.

A regarder de près la carte électorale, on s'aperçoit que Tel-Aviv et sa périphérie ont voté Bleu-Blanc (en fait contre Bibi), que Jérusalem a voté religieux, que les villes et villages arabes ont voté le liste arabe unie à 95 %, que les villes moyennes et frontières (Ashkelon, Ashdod, et périphérie de gaza) ainsi que la communauté française qui y vit ont voté Likoud.

Bref un patchwork bien "dispatché" qui ne rendra pas la tache facile au tailleur qui devra coudre le costume trois pièces du prochain premier ministre.

Ce qui est sûr, c'est que Natanyaou n'a aucune difficulté à enfiler le costume quelle que soit sa taille, même au prix de contorsions dont il a le secret.

Wait and see !!