Lettre 51 Le Liban au bord du gouffre


On nous présente la protestation populaire massive du peuple libanais par analogie au mouvement des gilets jaunes protestant contre la chèreté de la vie et la concussion des dirigeants politiques.

Mais qu'en est-il vraiment et que va-t-il se passer face à la démission du premier ministre Hariri ?

La démission de Saad Hariri n’éteint pas la colère des Libanais   Liban, l’armée en première ligne pour encadrer les manifestations
Le peuple libanais dans la rue

Je ne peux mieux faire que de vous livrer la traduction en français d'un commentaire émanant de Yaron Friedman, spécialiste du monde arabe et professeur à l'université de Haïfa, ancien lauréat de la Sorbonne à Paris dont l'article est publié ce jour dans le journal électronique Ynet.

" La raison pour laquelle le Hezbollah et son dirigeant Hasan Nasrallah ne voulaient pas de la démission de Saad Hariri et avec lui du gouvernement libanais, c'est qu'en réalité ce gouvernement était devenu un moyen de domination du Hezbollah sur le Liban.

En 2005 sous la pression internationale, l'armée syrienne s'est trouvée contrainte de se retirer du Liban après plusieurs dizaines d'années de présence, sous l'accusation d'être à l'origine de l'assassinat du premier ministre d'alors, Rafiq El Hariri, père du premier ministre démissionnaire.

Depuis 14 années, le Hezbollah s'est efforcé de remplir le vide et de prendre en main le gouvernement libanais: Il a réussi à nommer les ministres de son choix et à désigner un gouvernement à sa botte permettant une domination iranienne sur l'ensemble du Liban, pays à l'intérieur d'un autre pays, armée extérieure dans l'armée du pays.

Ces dernières années, des gouvernements se sont succédés en fonction des intérêts du Hezbollah; le pays est demeuré sans président pendant plus d'un an les candidats n'ayant pas l'aval de l'Iran. Le premier ministre Hariri était soumis à des menaces constantes.

Le Hezbollah bénéficiait de la présence de trois ministres et de représentants parlementaires dans chaque commission lui permettant de tirer les ficelles.

La protestation populaire qui a ébranlé le Liban ces dernières semaines, menace de faire tout perdre et Nasrallah a pris toutes sortes de prétextes pour la bloquer.

Il a soutenu que les manifestations étaient de nature à provoquer l'effondrement de l'économie et de mener à l'anarchie. Mais le ton de son interview laisse en vérité apparaître une angoisse inhabituelle. 

Subitement la barrière de la peur semble être tombée dans la rue libanaise où de plus en plus de gens osent s'en prendre ouvertement au Hezbollah. Cette critique apparaît même dans le journal Al Nahar. Il est clair pour tout le monde que le Hezbollah n'est pas seul responsable de la corruption et de la pauvreté qui sévissent, mais il parait certain que sans sa dissolution, les problèmes ne pourront jamais être résolus. 

Et pourquoi: Le Hezbollah est un groupe terroriste qui fait peur aux investisseurs et ne permet pas le rétablissement de l'économie.

 Les libanais en ont marre que leur pays soit une aire de "Mocawama" (D'opposition à Israël) qui sert de base arrière à la guerre que mène l'Iran contre Israël. Avant-hier, au cours des manifestations, une femme a brandi une banderole avec le slogan "Il y a d'autres guerres à mener, contre la pauvreté, la corruption, le chômage".

A Beyrouth, les manifestants ont crié "Tout le monde, c'est tout le monde" à savoir que le Hezbollah doit aussi se retirer. Voici des expressions que jusque là, personne n'avait osé prononcer.

A présent le Hezbollah et le mouvement Hamal chiite s'expriment avec le langage bien connu utilisé avant eux par Bachar El Assad en Syrie. Ils s'interrogent sur ceux qui se trouvent derrière ces mouvements de foule, évoquent une conspiration américaine ou saoudienne et font état d'une cinquième colonne soutenue par des ambassades étrangères.

Ce qui inquiète encore davantage le mouvement Hezbollah c'est la protestation des chiites affamés du sud Liban où la déception est double et la pauvreté insupportable. Et ce en raison de la réduction drastique du budget que le Hezbollah reçoit de l'Iran du fait des sanctions financières américaines qui l'étranglent .

Les subventions que l'Iran envoyait au Liban ne sont plus de la même importance que par le passé. En sus, de nombreuses familles de combattants partis en Syrie sont revenus entre quatre planches.

Le Hezbollah se trouve en passe de perdre l'appui de la rue chiite. Son problème découle du fait qu'il ne peut faire usage de la force contre les manifestants comme le fit l'armée d'Assad en Syrie, au risque de perdre complètement le peu de crédit qui lui reste.

Des tirs contre ceux-ci sont susceptibles de mettre au grand jour le mensonge caché à savoir que le Hezbollah n'est pas là pour servir le Liban, mais uniquement pour servir de base armée contre Israël au profit de l'Iran."

Fin de citation.

 En clair, le peuple libanais ne supporte plus de voir son pays envahi par des factions étrangères qui l'empêchent de sortir de l'ornière. Reste à savoir qui prendra le relais du gouvernement sortant. 

Mais ce qui est sur, c'est que ce qu'on voit de la-bas, on ne le voit pas d'ici. Cet article a pour avantage de nous éclairer sur un aspect que nos médias semblent ignorer.

Pauvre Suisse du moyen-orient. Qu'ont-ils fait de toi !!

















Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14