Lettre 54 Quand français et juifs de Palestine se battaient contre l'Allemagne nazie

Une guerre oubliée.

On se souvient qu'à la fin de la première guerre mondiale les anglais et les français militairement présents au Moyen-orient se voient confier par la SDN (Société des Nations précédant l'ONU) mandat d'administrer la région lors de la conférence de San Remo qui s'est tenue en avril 1920.
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Ainsi la France se voit attribuer mandat sur le Liban et la Syrie tandis que la Grande-Bretagne obtient la Palestine et la Transjordanie.

Cette délibération fait suite à trois événements majeurs:

* Accords Sykes-Picot signés le 16 mai 1916 entre la France et le Royaume-Uni prévoyant le partage du Proche-Orient à la fin de la guerre et tendant au dépeçage de l'Empire Ottoman
* La déclaration de Balfour du 2 novembre 1917 par laquelle les anglais acceptent de favoriser l'implantation d'un foyer national juif en Palestine
* Les accords de paix signés le 10 août 1920 avec la Turquie laquelle s'était alliée avec l'Allemagne


Découpage d'une partie de l'ex-empire ottoman

Ces deux puissances coloniales vont donc maintenir sur place un important contingent lequel sera encore renforcé à l'approche de la seconde guerre mondiale.

L'Allemagne nazie va en effet venir au secours de l'armée italienne présente en Libye (Cyrénaïque) à Malte, en Érythrée et au nord de la Grèce, laquelle peine à s'y maintenir face à la pression militaire des alliés en méditerranée.

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Possessions italiennes entre les deux guerres mondiales

Comme on le sait, la Turquie va à nouveau s'allier avec l'Allemagne dans le cadre d'un pacte de non-agression signé le 18 juin 1941 et permettant ainsi à l'Allemagne d'y prendre pied après avoir envahi la Yougoslavie puis la Grèce déportant au passage la totalité des juifs notamment ceux de la communauté juive ancestrale de Salonique (La Jérusalem des Balkans).

La Méditerranée va devenir un enjeu stratégique et des combats violents se dérouleront dans le désert de Libye avec le danger de voir l'Egypte puis la Palestine tomber aux mains des nazis exposant la population juive représentant environ 700.000 âmes à la déportation.

Le canal de Suez représentait une artère vitale pour l'approvisionnement des troupes.

Les allemands vont demander à Pétain l'autorisation de disposer d'aérodromes en Syrie et au Liban pour y installer leurs troupes et obtiendront bien entendu une réponse positive.

Le général de Gaulle proposera alors à Winston Churchill de reprendre la Syrie aux vichystes. Les forces en présence seront à peu près égales avec mention que les forces alliées  comprendront 5000 membres des forces françaises libres (FFL).

Ainsi un combat fratricide va s'engager mais le 21 juin 1941 les FFL entrent à Damas et un armistice est signé le 14 juillet 1941 à Saint-Jean d'Acre. Trois mille soldats vichystes furent faits prisonniers et on leur proposa de rejoindre les FFL mais presque tous refuseront.

L'histoire parle davantage du combat de Montgomery contre Rommel qui s'est déroulé à la même période en Libye, le but des allemands étant d'envahir l'Egypte pour  accaparer le canal de Suez.

En 1941 les forces alliées sont sur le point de s'effondrer en Libye face à la puissance de l'Africa Korps dirigé par Rommel.

Ainsi la Palestine s'est trouvée entre deux fronts au nord et au sud, et les juifs de Palestine vont se mobiliser pour prendre part aux combats. Dans un premier temps l'armée anglaise va négliger de s'intéresser aux quelques 400 palestiniens juifs volontaires venus s'enrôler. 

Il faut dire qu'à l'époque la révolte arabe qui a sévi entre 1936 et 1939 et qui a incendié la Palestine venait à peine de se calmer. Les arabes attaquaient des quartiers juifs reprochant aux anglais de trop favoriser  leur immigration. Les anglais craignaient une recrudescence s'ils acceptaient les juifs dans leurs rangs.

La population arabe de Palestine voyait les victoires de l'Allemagne d'un œil favorable espérant que son entrée en Palestine leur permettrait de se débarrasser des anglais et d'une population juive grandissante.

Ils n'apportèrent donc aucun soutien aux alliés et bien au contraire, le grand mufti de Jérusalem Mohammed Amin al-Husseini, lequel avait fomenté la révolte arabe en 1936 contre les anglais, va faire allégeance à Hitler et servir sa propagande dans le monde arabe.

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Le mufti de Jérusalem en visite chez Hitler et saluant les troupes nazies 

Malgré tout, une brigade juive de 400 soldats commandés par le major Liebman participeront à la bataille de Bir Hakeim aux côtés de la brigade Française libre commandée par le général Koenig.

Trois cent soldats juifs feront le don de leur vie dans de durs combats et le général Koenig fera saluer les soldats survivants sous leur bannière qui deviendra le futur drapeau d’Israël.

La brigade juive:

La Brigade juive fut officiellement fondée en Palestine mandataire le . Elle comptait 5 000 combattants, et fut envoyée en Europe, où elle servit durant la campagne d'Italie. Les membres de la Brigade ne se limitaient pas aux populations juives originaires de Palestine : des Juifs venus de nombreux pays pour se réfugier en Palestine rejoignirent l'unité, une cinquantaine de nationalités étant représentées en son sein. Après la fin du conflit, les soldats de la Brigade juive, stationnés à la frontière italo-autrichienne, organisèrent l'assassinat de divers responsables et collaborateurs nazis.
La Brigade juive participa ensuite aux actions de la Berihah visant à aider les Juifs d'Europe de l'Est à émigrer clandestinement en Palestine, et fournit un appui à l'organisation paramilitaire sioniste Haganah.
L'unité militaire fut officiellement dissoute à l'été 1946. Certains de ses membres rejoignirent ensuite les mouvements sionistes armés pour combattre au cours de la Guerre de Palestine de 1948.
(Source: Wikipedia)

Mais la situation en Palestine n'est pas aussi idyllique.
Alors que les juifs fuient l'Europe envahie par les troupes nazies et tentent de gagner la Palestine, les Anglais vont publier le "Livre blanc"  qui réduit drastiquement l'immigration juive (10 000 visas par an pendant 5 ans et 25 000 visas de réfugiés) alors que les nécessités sont évidemment sans rapport.
Ces restrictions devaient permettre de rallier l'opinion arabe et éviter que ces populations s'allient avec les forces de l'axe.
Ben Gourion déclarera: « Nous ferons la guerre (aux côtés des anglais) comme s'il n'y avait pas de Livre Blanc, et nous combattrons le Livre Blanc comme si la guerre n'existait pas ».
Mais la plupart des navires affrétés par la Hagana (Armée juive secrète) seront arraisonnés par les anglais qui bloquent l'accès aux ports et aux plages de débarquement improvisées et les malheureux réfugiés seront internés sur l’île de Chypre.
Camp d'internement à Chypre en 1946

Le cas le plus célèbre est l'épopée de l'Exodus parti du port de Sète avec 4.500 passagers à son bord, en majorité rescapés de la Shoah et qui, après être sortis des camps de la mort, seront à nouveau internés à Chypre.

Cet événement qui soulèvera un tollé dans le monde occidental précipitera la création de l'état d'Israël qui permettra le libre accès aux juifs déracinés.

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Exodus aux portes de Haïfa 

Mais ceci fera l'objet d'une prochaine lettre.




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