Lettre 55 Le "Plonteur" dans toute sa splendeur

L'agenda politique est percuté par l'agenda judiciaire.

Hier, Benny Gantz a remis son mandat au président de l'Etat Rivlin faute d'avoir réussi à former une coalition.

Jamais une telle situation ne s'était présentée.

Le "Plonteur" politique (Impasse) est complet. Comprenez que devant cette incapacité des deux grands partis à former une coalition parlementaire, il appartient désormais à la Knesset de rechercher un homme providentiel capable de réunir sur son nom 61 députés. 

Après cette période de 21 jours, et à défaut, les élections sont d'ores et déjà programmées au 3 mars 2020.

Totalement inédit !!

Dans le système dit "parlementaire", ce sont les chefs de partis qui négocient. Désormais chaque député de façon indépendante va pouvoir rechercher des partenaires pour former une coalition.

Du jamais vu, et on ignore de quelle façon chacun va s'y prendre.

Qui osera voler de ses propres ailes et s'affranchir des directives de son parti ?

Et en même temps, la justice vient s'impliquer dans ce "Plonteur" politique et le Parquet Général vient de notifier la mise en accusation de Bibi dans trois dossiers pour corruption, fraude et abus de confiance. Le tarif: entre 5 et 10 ans de prison ferme.

Avichaï Mandelblit
Avichaï Mandelblit Procureur Général en charge des questions politiques

En Israël, on ne rigole pas avec les élus du peuple.

Inédit dans les annales politiques israéliennes. Jamais un premier ministre en exercice n'avait fait l'objet de poursuites judiciaires.

Et déjà des voix s'élèvent pour exiger sa démission immédiate.

Et Natanyaou crie au scandale judiciaire et à la cabale contre sa famille.

Il se place en victime d'un acharnement judiciaire.

Mais, en l'état, Natanyaou demeure premier ministre  de transition, et bénéficie de la présomption d'innocence. Et même plus.

Il a la possibilité de saisir dans les 30 jours la commission spéciale de la Knesset pour obtenir l'immunité, celle-ci n'étant pas automatique.

 Mais le "plonteur" prend ici toute sa splendeur. Chose inouïe et certainement pas prévue par les fondateurs de cette démocratie parlementaire, tant que le gouvernement n'est pas constitué, cette commission est inexistante.

Et tant qu'il n'a pas été statué sur cette requête, il est impossible de poursuivre la procédure de mise en accusation.

Sa condamnation n'est pas pour demain. CQFD !!!

Le magicien Bibi avait-il pronostiqué une telle impasse ?

Dans l'immédiat s'ouvre une période de 21 jours pendant laquelle le même Bibi, comme tout parlementaire, a la possibilité de constituer une majorité de 61 députés dans le cadre de nouvelles négociations mais sans passer par les chefs de parti.

Et la encore se pose la question de savoir s'il en a la capacité juridique alors qu'il est mis officiellement en accusation par la Parquet Général.

La solution va peut-être sortir de la manche judiciaire car de multiples requêtes vont être déposées devant la haute cour de justice israélienne laquelle a déjà eu à se prononcer sur un sujet identique.

Elle a décidé  qu'un ministre mis en accusation ne pouvait poursuivre son mandat et devait démissionner.

Et à supposer qu'à défaut de gouvernement dans les 21 jours, les élections se tiennent le 3 mars 2020, la Haute Cour devra là encore se prononcer sur la faculté du président de l'état de désigner Natanyaou, s'il sort vainqueur, pour constituer une coalition.

A n'en pas douter, la parole est désormais à la justice, mais on sait que celle-ci n'est en rien favorable au premier ministre.

Et pendant ce temps des missiles sont tirés depuis la Syrie sur le nord d'Israël, des manifestations spectaculaires se développent au Liban, en Irak et en Iran.

 Et l'intéressé est toujours aux manettes.

"Jusqu'où s'arrêteront-ils" ? (Coluche)

Les jours prochains seront riches en surprises. Comment le Likoud résistera-t-il à la pression médiatique et populaire ?

La fin politique de Natanyaou ressemble à un naufrage. Mais c'est aussi celui d'une démocratie parlementaire à la proportionnelle à bout de souffle.






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