lettre 71 Natanyaou indétronable

Épilogue d'une campagne électorale qui aura duré 18 mois et pas moins de trois votations successives.

Est-ce bien raisonnable en ces temps difficiles.

Et c'est bien la dure équation à laquelle le peuple israélien est confronté, ses représentants étant réduits à accepter une "rotation" entre les deux camps.

L'accord passé entre Natanyaou (Likoud) et Gantz (Bleu-Blanc) prévoit que le premier exercera les fonctions de premier ministre pendant 18 mois tandis que Gantz se contentera des fonctions nouvelles et inédite de "vice premier ministre" puis on inversera les rôles pour une seconde période de 18 mois.

Natanyaou était dos au mur puisque son bloc de droite avait échoué par trois fois à recueillir  une majorité de 61 sièges indispensables pour gouverner.

Quant à Benny Gantz, ancien chef d'état-major nouveau venu en politique, sa situation était bancale puisque dans son propre parti quelques troublions refusaient l'alliance nécessaire avec le parti arabe. 

Les deux camps se trouvaient dans l'impasse la plus totale et déjà se profilait l'hypothèse d'un quatrième tour qui promettait un retour vers le futur. Et pendant ce temps Bibi demeurait aux commandes d'un gouvernement d'intérim aux pouvoirs limités.

Il fallait qu'un Zorro arrive pour sortir le pays du "Plonteur" et le magicien Bibi s'est saisi du fléau CORONA pour le convertir en  prétexte salvateur: "Il faut sauver le soldat Ryan en créant un gouvernement d'urgence et d'union nationale".

En effet le nouveau parti Bleu-Blanc n'avait été plébiscité par les électeurs de centre et de gauche que  pour évincer Natanyaou. Alors comment leur faire avaler cette couleuvre d'une union avec l'ennemi juré ? Mais que serait la politique sans trahison. Et pour le coup c'en est une et le Corona virus a bon dos!

Mais à y regarder de plus près, cette guéguerre de tranchées ne pouvait plus durer. Si le peuple est divisé à 50/50, le gâteau doit donc forcément être partagé à parts égales et avec pas moins de 36 ministres. Une gabegie inédite.

Réal politique oblige. A tel point que le parti travailliste de gauche a décidé de rejoindre cette coalition dans un mariage contre nature.

Et chacun de manger son chapeau. 

Et comme la crise mondiale du Corona a occupé les devants de la scène, le compromis teinté de compromissions est passé comme une lettre à la poste. Il y serait question de procéder à l’annexion pure et simple de la vallée du Jourdain et d'une partie de la Cisjordanie.

Sauf que certains entêtés ont saisi la Haute Cour de Justice (Bagatz en hébreu) siégeant à Jérusalem pour faire invalider cet accord.

Image illustrative de l’article Cour suprême d'Israël
Haute Cour de Justice à Jérusalem située face à la Knesset au fond

Petit flash-back.

Gantz ayant échoué à constituer un gouvernement, le Président de l'état n'a pas confié cette mission à Natanyaou pour y avoir échoué déjà à deux reprises et a donc remis ce mandat à la Knesset.

C'est donc à celle-ci de valider l'accord de coalition trouvé entre-temps in extremis ce qu'elle vient de faire à une large majorité et de mettre en place le gouvernement .

Quant à la haute juridiction, elle devait se prononcer sur deux questions:

1) Natanyou poursuivi pour trois inculpations graves est-il légalement éligible aux fonctions de premier ministre ?

2) L'accord respecte-t-il les règles démocratiques ?

Sur le premier point, la Haute Cour de Justice a estimé qu'elle n'avait pas compétence dans la mesure où cette nomination relevait de la sphère politique et non pas administrative. Elle a donc refusé de s'immiscer dans les affaires politiques de l'état. Dont acte.

Sur le second point, il était reproché à cet accord de type mille-feuilles de constituer une trame n'ayant pour seul objet que de mettre Bibi à l'abri de toute poursuite judiciaire, notamment par la création d'un gouvernement à deux têtes. Se posait également la question de la nomination des juges par un premier ministre sous acte d'accusation. Les requérants y voyaient une contradiction d'intérêts.

Le tribunal a critiqué plusieurs articles aussitôt retouchés par les signataires et l'affaire était entendue.

Mais la messe n'est pas dite pour autant. Le procès de Natanyaou va s'ouvrir le 24 mai prochain alors qu'il va prêter serment le 13 mai et qu'il comparaîtra donc dans le prétoire en cette qualité.

Il a demandé que les débats soient rendus publics pour que le peuple entende ses arguments, publicité aussitôt refusée.

Souvenez-vous qu'il y a deux mois, il aurait pu demander l'immunité parlementaire mais faute de majorité à la Knesset, il y a renoncé. Il a donc pris le risque de mettre l'état d’Israël dans la position inconfortable d'être aux yeux du monde le pays gouverné par un repris de justice (protégé néanmoins par la présomption d'innocence).

N'importe quel homme politique aurait eu la délicatesse de démissionner. Lui non. Et pour cause, cette mascarade judiciaire n'est selon lui qu'un avatar politique de plus ourdi par ses adversaires. N'a-t-il pas répété à l'envie "qu'il n'y a rien et que rien n'en sortira" (Lo aya ve lo nivra) dicton qui a porté sur son électorat lequel n'en démord pas et fait cause commune avec lui.

L'ex-futur président Fillon doit avoir des frissons face à ce feuilleton digne de Netflix.

House of Cards-Intégrale Saisons 1-2-3 [Blu-Ray + Copie Digitale ...

Qui sait si Bibi alias JR ne va pas s'illustrer dans une prochaine série israélienne aux côtés de son épouse Sarah. 

Ça sent le vécu!!



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14