Lettre 72 Le Premier Ministre au banc des accusés

Nous avons connu les cent jours de Napoléon et leur fin fatale à Waterloo; on se souviendra de Natanyaou comme le premier ministre des cinq cents jours d'un gouvernement  transitoire sous l'épée de Damoclès de la justice de son pays.

Il a choisi de braver les règles éthiques élémentaires au son de son lite-motif "Il n'y a rien et il n'en sortira rien" comprenez  que selon lui, la montagne accouchera d'une souris. 

Une souris qui risque 10 ans de prison.

Selon lui, le procès qui s'ouvrira ce dimanche à 14 heures ne serait qu'un front uni de juges gauchistes décidés à poursuivre la campagne "tout sauf Bibi".

Dans un premier temps, Natanyaou avait déclaré qu'il se présenterait dimanche prochain devant le tribunal pénal de Jérusalem en charge de ses trois dossiers que d'aucuns jugent accablants.

Il avait demandé que les débats soient retransmis en direct par les médias dans le but de transformer cet événement en scène médiatique, exercice dans lequel il excelle.

Le tribunal a refusé cette entorse élémentaire aux règles procédurales. 

Puis, changeant radicalement de stratégie, il a demandé à être exempté de comparution personnelle lors de la première audience dite "technique" pendant laquelle il sera procédé à la lecture de l'acte d'accusation. Il a soutenu que sa présence dans la salle d'audience nécessitait pas moins de cinq gardes du corps pour assurer sa sécurité provoquant un dépassement des règles du Corona.


Les juges Moshe Bar-Am, Rebecca Friedman-Feldman et Oded Shaham

Cette fois, il s'agissait d'éviter la photo du siècle que les médias du monde entier voudraient s'arracher: Natanyaou sur le banc des accusés.

Dans sa décision, la Cour cite une clause du droit pénal israélien selon laquelle «une personne ne peut être jugée pour des allégations criminelles qu'en sa présence.»

Natanyaou a déclaré qu'il serait donc présent pour ce premier show et ses avocats devront prendre position sur la question usuelle en droit procédural anglo-saxon: Guilty or not guilty

Il faut s'attendre à ce qu'il plaide non coupable de sorte que son procès va s'ouvrir par l'audition des 333 témoins à charge au nombre desquels se trouvent des personnes du monde économico-politique.

Unique dans les annales de l'histoire, nous aurons droit à un premier ministre qui prendra le café du matin au prétoire et son repas de midi au conseil des ministres!!

Certes le déroulement de ce rodéo judiciaire promet des attaques cinglantes entre les partis politiques et déjà au Likoud on fourbi les armes contre le Parquet l'accusant avoir pipé les dés.

Ce procès va sensiblement exacerber la fracture entre les camps politiques et à la longue dissoudre le ciment  d'un gouvernement dit d'union nationale  et pourrir l'ambiance.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, les juges attendent leur heure. Ils se sont bien gardés de prendre position sur la légalité de sa candidature comme premier ministre sous accusation, certainement pour mieux l'épingler par l'exemplarité exigée des hommes de l'élite politique.

Un premier ministre (Ehud Olmert) et un président de l'état (Moshé Katzav) ont payé cher, très cher, leurs incartades, le premier pour corruption et le second pour harcèlements et violences sexuels envers une assistante. 

Plusieurs années de prison ferme.

A bon entendeur salut!

Mais attention, si les juges seront sans pitié, le grand magicien n'est pas prêt à mettre la tête sur le billot. Quelle sera sa stratégie?

Face à face entre le monde politique et le monde judiciaire. Y-a-t-il une façon de mettre une procédure hors jeu lorsqu'on dirige un état?

Dans l'immédiat nous voilà nantis d'un gouvernement pléthorique, pas moins de 35 ministres et 18 sous-ministres et deux premiers ministres avec Natanyaou qui gouvernera jusqu'en novembre 2021 pour passer le flambeau à Benny Gantz.

Le procès ne sera certainement pas terminé avant ce terme.

Le pays reprend sa respiration face à cette victoire de la démocratie, victoire à la Pyrrhus car le programme politique s'annonce périlleux.

La crise du Corona a mis l'économie à genou et le chômage qui  était quasi nul enfle dans des proportions inédites.

Puis Natanyaou va mettre en place son programme d'annexion d'une partie de la Palestine, conformément au plan du siècle présenté approuvé par Trump.

Car s'il a été déclaré mort-né par le Président de l'autorité palestinienne, Bibi veut le faire vivre et en tirer la substantifique moelle. Sans rire !!

Et par comparaison, la crise du Corona c'est du pipi de chat.

Pourtant les réactions sur le plan international paraissent bien molles, comme si la cause palestinienne avait perdu son auréole.

La roue tourne. Affaire à suivre.




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