Lettre 75 Corona et Politique


Le procès de Natanyaou a repris le 19 juillet 2020 mais uniquement pour permette au tribunal de Jérusalem de fixer le calendrier des auditions des très nombreux témoins dans les trois dossiers de corruption désignés sous les numéros 1000, 2000 et 4000.

Comme il fallait s'y attendre, les avocats de Bibi ont demandé un nouveau report (aux calendes grecques !!) estimant qu'il était difficile voire impossible de procéder à l'interrogatoire desdits témoins portant le masque. Il serait selon eux difficile de détecter les expressions du visage qui semble-t-il en disent long sur la sincérité des propos.

Selon eux, on y verra "plus clair" dans six mois au regard de la pandémie.

La présidente du tribunal s'en est offusquée répondant: "Vous me proposez de fermer les tribunaux !!!!"

Se retranchant sur un plan B, lesdits avocats ont estimé que la masse de documents communiqués par le Parquet au cours du premier semestre nécessitait un temps d'étude important et que le respect des droits de la défense imposait un report du calendrier.

Finalement le tribunal a fixé le début des auditions à janvier 2021 à raison de trois audiences hebdomadaires auxquelles Bibi est sensé assister, présence peu compatible avec ses fonctions de premier ministre sauf à lui accorder le don d'ubiquité.

Le voilà dégagé de ses soucis judiciaires pendant le second semestre 2020 pour faire face à une situation inédite sur le plan de la santé et de l'économie.

Mais c'est précisément la que le bât blesse! La révolte gronde.

Si Natanyaou est crédité d'une bonne gestion de la crise du Covid 19 pour avoir fermé rapidement les frontières, le déconfinement progressif n'a pas permis  d'éradiquer la propagation du virus.

Les laïcs accusent les religieux d'avoir enfreint les règles élémentaires des gestes barrières, mais eux-mêmes ont pris des libertés sur les plages de Tel-Aviv.

Ce qui est certains, c'est que le Corona est à la fête et que le reconfinement est à l'ordre du jour pour éviter un shot down des urgences hospitalières. On a connu ça en France.

Et face à ce scénario de l'impossible, le peuple se retourne contre le chef de l'état lui reprochant de s'occuper de tout sauf de l'essentiel à l'instar de son grand ami Trump qui compte les morts sans apporter de véritable réponse à la pandémie. 

Il est vrai que depuis le déconfinement peu de chose ont été faites par le gouvernement de Bibi pour soutenir l'économie et venir au secours des plus faibles. Tout au plus quelques centaines d'euros par foyer. 

Et rien pour les les indépendants et petits commerces dont nombre d'entre eux n'ont pu reprendre leur activité et croulent sous les dettes. Des promesses ont été faites mais l'argent tarde à venir.

Il faut dire que l'amortisseur social français n'existe pas au pays des merveilles. 

En six mois, ce pays est passé d'une économie prospère avec un chômage quasi inexistant, à l'angoisse des lendemains qui déchantent avec un million de chômeurs peu ou mal indemnisés.

Une vague de protestation est en marche; pas un tsunami.

À Tel-Aviv, la rue fait pression contre Benjamin Netanyahu - Le Point

Les manifestant reprochent à Bibi de s'occuper davantage de ses affaires personnelles que de celles du peuple. Bibi a commencé par réclamer un remboursement partiel de ses impôts sur des bases futiles, puis il s'est immiscé dans la nomination des juges suprêmes pour y placer des personnes proches du Likoud pour influer sur le cours de son procès.

La coalition du Likoud avec Bleu-Blanc est au bord de l'implosion avec une menace permanente du retour aux urnes, les sondages étant jusqu'alors favorables à une large réélection de Bibi.

Mais le dernier projet de loi concernant les transgenres a provoqué la ire de certains maires, dont celui de la ville de Lod proche de Natanyaou rappelant le gouvernement à l'ordre en ces termes:

" Politiciens de Jérusalem, êtes-vous devenus fous; il n'y a actuellement qu'un seul combat, celui contre le virus; et vous vous occupez uniquement d'autres sujets dans une guerre d'égos et de basse politique. Prenez exemple sur les maires; nous ne fermons pas l’œil depuis des mois, inquiets de  la santé et des moyens de subsistance de nos concitoyens; le reste est marginal; revenez à vous!! sinon nous on vous mettra dehors"

Du jamais vu.

Jusqu'à présent, la fracture droite-gauche était ressentie comme une lutte politique où chaque faction se rangeant opiniâtrement au soutien de son leader.

Mais face à l'adversité, l'économie n'a qu'un seul camp, celui de la réussite ou de l'échec. Et Natanyaou est en échec, c'est du moins le ressenti général.

Les manifestations du 14 juillet à Jérusalem sur le thème de la prise de la Bastille ne sont qu'une illustration très symbolique qui rappelle que lorsque le peuple a faim, le pouvoir chancelle.

Si Israël a pu se payer le luxe de trois élections en un an, un retour aux urnes dans un contexte de crise économique aiguë serait dramatique et nul ne sait ce qui pourrait en résulter.

Bibi le sait mais aura-t-il le choix ?

On n'est jamais trahi que par les siens!!



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