Lettre 77 Le Liban à la dérive

La France court au secours du Liban et Macron prend le risque insensé de se rendre sur les décombres de Beyrouth.

France, amie historique du peuple libanais.

Revenons aux sources.

Sur les décombres de l'empire ottoman, français et anglais ont secrètement scellé un accord de partage en 1916  dit Sykes-Picot leur permettant d’étendre leur empire colonial compte tenu de leur présence militaire au moyen-orient.

En 1920, lors de la conférence de San Remo la Société des Nations (Ancêtre de l'ONU)  entérine cette occupation et la légalise par un mandat officiel confiant la Syrie et le Liban aux français et la Transjordanie et la Palestine aux anglais.

L'état libanais sera créé en 1920 mais il s'agira ni plus ni moins que d'une colonie dirigée par un haut commissaire avec une occupation militaire et une administration à l'occidental.

L'indépendance sera proclamée en 1943 et la France quittera définitivement le Liban en 1946.

S'en suivra la période de l'âge d'or du Liban, place financière prospère, la "Suisse du Moyen-Orient", tandis que Beyrouth attire les touristes et devient le "Paris du Moyen-Orient".

Il faut croire que cette présence française qui n'aura duré que 25 ans aura été bénéfique à ce petit pays qui ne compte aujourd'hui que 8 millions d'habitants.

Son drame provient de sa partition en deux religions dominantes, chrétiens (30 %) et musulmans (60%) communautés qui vont s'entre-déchirer dans une guerre civile qui durera de 1975 à 1990 et dont l'état en sortira exsangue.

Deux explosions à la voiture piégée ont fait environ 70 morts le 23 août dernier à Tripoli, au Liban. Il s’agissait du plus lourd bilan depuis la fin de la guerre civile en 1990.
Beyrouth dévastée

Les chrétiens vont y perdre un leadership au profit de la majorité musulmane laquelle se trouve renforcée par la présence de nombreux réfugiés palestiniens qui ont fuit les combats en 1948 et qui vivent de l'aide de la communauté internationale.

La Syrie dirigera de fait le pays jusqu'en 2004 puis l'Iran prendra les rênes du pays par le truchement du Hezbollah chiite lequel occupe le Sud Liban face à la frontière israélienne dans le but avoué de tenter une invasion; et les accrochages sont perpétuels.

Sur le plan politique, le Hezbollah dirige une coalition majoritaire au Parlement  et les gouvernements successifs lui sont inféodés sinon soumis.

De première place financière du Moyen-Orient, le Liban est en faillite et s'est déclaré en défaut et ne peut faire face à une dette qui représente 170 % de son PIB.

Le tourisme est en panne.

Le peuple s'est révolté en 2019 contre la corruption qui sévit dans les milieux politiques mais aussi contre le Hezbollah "seigneurs de guerre" qui bloque toute réforme et essore le pays.

La Place des Martyrs, lieu emblématique de la capitale depuis la guerre civile qui a déchiré le pays de 1975 à 1990, était noire de monde et hérissée de drapeaux libanais.
Le peuple manifeste en 2019 contre la corruption

Le Liban est toujours officiellement en guerre contre Israël pour être le seul à n'avoir passé aucun accord, pas même de cessé le feu.

Mais le peuple n'en a cure et le drapeau rouge agité contre l'ennemi sioniste ne fait plus recette. Le peuple a faim alors qu'une classe de hobereaux se pavane dans les grands hôtels.

Le pays ne survit que grâce aux subsides envoyées par la diaspora libanaise forte de 10 millions de citoyens expatriés.

Et dans le port c'est "Beyrouth", le Beyrouth de la destruction et de la désolation. 
Deux immenses explosions secouent Beyrouth, la capitale du Liban ...
Explosion d'un stock gigantesque de nitrate d'amonium

Qui viendra au secours du Liban ?

Il n'y a plus guère à attendre des riches pays du golfe qui voient d'un mauvais œil ce pays gangrené par les milices chiites d'un l'Iran  considéré comme l'ennemi public N° 1.

Trump avancera en marche arrière.

Reste l'Europe et la France en première ligne, bien que nous n'y ayant aucun intérêt, ni économique, ni stratégique. Mais l'humanitaire est à la mode.

Restera à assurer la sécurité de nos boys.

Quant à Macron, c'est un voyage incongru, mais depuis un mois, notre gouvernement s'affiche tous azimuts, alors vous pensez, un déplacement au Liban ne se refuse pas. 

Voudrait-il relancer le tourisme au Liban qu'il ne ferait pas mieux !!

Quant aux responsables de ce drame ! Ne cherchez pas. Un pays en faillite est vulnérable. Privé de son port, ce pays va sombrer corps et biens.

Il sera encore davantage la proie des extrémistes. 

En 1356 dans la cohue de la bataille contre les anglais l'enfant de 14 ans sans arme criait à son père  Jean II: "Père, gardez-vous à droite ! Père, gardez-vous à gauche!" et gagna le surnom de Philippe le Hardi.

Le Liban demeure sans armes et la société est plus que jamais divisée sur le plan confessionnel. 

Et au sud Tsahal veille et renforce ses troupes. Selon le texte biblique: Dieu a dit le danger vient du nord sur tous les habitant du pays (Mi tsafon tipatah' ha raha).

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14