Lettre 86 Budget 2020/2021 ou Election 4ème du nom


 Pour qui a lu "Le Prince" de Machiavel c'est sans surprise qu'il a appris que la coalition mise en place par Natanyaou n'aura tenu que six mois. 

Et tout homme politique qui se respecte en possède un exemplaire sur sa table de chevet.


Le Prince machiavélien doit être pourvu de vertus morales et politiques fondées sur la ruse et la force; doit maîtriser l’art de la guerre, unique objet du pouvoir. 

Le Prince doit toujours s’attirer la sympathie du peuple et s’appuyer sur les puissants. Aimé et craint à la fois, le Prince peut se montrer cruel si la situation l’exige, mais toujours dissimuler et paraître juste au peuple (Différence entre l’être du Prince et son paraître).

La raison d’Etat prime sur le respect de la morale.

C'est peut-être sur ce dernier point que Natanyaou n'a respecté ni l'esprit, ni le texte. Il lui est est reproché d'avoir usé de ses prérogatives dans son propre intérêt pour rester au pouvoir à tous prix. Mais en cela il ne déroge pas à la règle du prince machiavélique.

Après deux élections infructueuses puisqu'aucune des formations politiques n'a été en mesure de former une coalition, Natanyaou a proposé à Ganz un marché au terme duquel chacun gouvernerait pendant une période de 18 mois. Cette alternance devait lui permettre de rester au pouvoir jusqu'en novembre 2021.

Ce pacte de coalition comportait des engagements réciproques mais "l'alternance" n'en était pas vraiment une puisqu'elle ne devait intervenir qu'au terme de 18 mois. Bibi est donc resté au pouvoir et sa façon d'agir démontrait que la coalition n'était qu'une façade et qu'à la première occasion, il provoquerait une dissolution de la Knesset avec un retour aux urnes.

L'accord prévoyait que le budget bisannuel 2020/2021 serait voté de sorte que l'alternance pourrait se faire sans blocage.

Or Natanyaou a pris prétexte de la pandémie pour n'envisager qu'un budget de six mois faute de visibilité. Cette violation manifeste des accords électoraux donnait l'impression que Bibi se ménageait une porte de sortie pour provoquer la dissolution de la Knesset avant de passer le flambeau à GANZ.

A ce jour, aucun budget n'a été présenté et encore mis voté et si le budget 2020 n'est pas voté avant le 23 décembre, la loi prévoit la dissolution automatique du Parlement et le "Shut down". Aucuns fonds publics ne pourront être débloqués en 2021.

GANZ a donc posé un ultimatum au terme duquel il se retirera de la coalition et votera la dissolution de la Knesset avec des élections programmées avant fin mars 2021.

Natanyaou n'a pas pris cet oukase très au sérieux tant il est certain d'être réélu, la droite étant plus forte que jamais avec lui comme seule option. Ainsi il se débarrasserait de cet accord d'alternance.

En attendant, le budget de l'état se fonde sur celui de 2019, le ministre des finances débloquant 1/12ème tous les mois. La situation ne peut perdurer.

Le propre de tout dirigeant politique machiavélique c'est de couper toute tête qui dépasse, de ne jamais laisser les seconds couteaux prendre de l'assurance et de ne faire la cour qu'à ses opposants pour mieux les détruire.

Mais coup de théâtre, voilà que celui qui avait été mouché pour avoir osé se présenter contre Bibi aux primaires du Likoud, prend le large et décide de quitter le parti pour naviguer seul. (Voir lettre 57)



Gidhon SAAR vient se poser en alternative à Natanyaou. Si le coup de poker est déroutant, les sondages le créditent déjà de 17 sièges au détriment bien entendu du Likoud mais aussi de Bleu-Blanc.

Attention, l'homme est pris très au sérieux. Ses postions politiques aussi: Droite nationaliste non-religieuse, ce qui n'est pas pour déplaire aux thuriféraires d'un Likoud sans Bibi.

A bien y regarder, la droite israélienne est plus que jamais divisée et c'est l'œuvre de Natanyaou qui a réussi à fâcher tous ceux qui avaient un peu d'envergure.

On peut imaginer qu'une coalition composée de Saar, Benett, Libermann et Lapid puisse réunir une majorité et gouverner. Bref, tous ceux qui veulent sa peau !!

Le danger est palpable pour Natanyaou lequel veut désormais éviter des élections et se trouve donc dans l'obligation de présenter un projet de budget qui trouvera  grâce au yeux de Ganz. Dans cette hypothèse, Natanyaou ne pourra échapper à la rotation et devra céder la place à Ganz en novembre 2021. 

Il prendra le titre de premier ministre en second ou de remplacement. Un pis aller par les temps qui courent. 

Des vents mauvais soufflent contre Bibi qui en a vu d'autres, mais en janvier 2021, il devra affronter ses Juges. Il a les chiens à ses basques et ils ont les crocs longs.

A force de se parer à droite, à gauche et de fixer le rétroviseur, Natanyaou risque de voir ses électeurs attirés par des figures nouvelles. On a connu ça en France avec un certain E.M. venu de nul part.


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