Lettre 96 Virus vaincu mais défaite politique

Les Israéliens ont voté pour la quatrième fois en deux ans.

Natanyaou a fondé sa campagne sur les résultats exemplaires en matière de vaccination ce qui a permit de réduire de façon drastique la propagation du virus.

Il a réussi à faire oublier ses bavures liées à l'ouverture de l'espace aérien vers Dubaï et l'entrée du virus anglais qui en est résulté.


Un avion israélien atterrit à Dubaï

A l'heure où il n'y a presque plus de malades de la covid en réanimation et qu'il est question de supprimer le port du masque il apparait néanmoins que cette victoire s'apparente à une victoire à la Pyrrhus.

Natanyaou en sort lessivé.

Les résultats définitifs n'accordent que 30 sièges au Likoud au lieu des 36 qu'il avait obtenu au tour précédent.

Les commentateurs les plus avisés considèrent que le pays était plus que jamais dans l'impasse. Et pourtant on a jamais été aussi près d'une solution.


De gauche à droite:

* Yaïr Lapid (Centre-Gauche) Chef de l'opposition regroupe 57 sièges incluant une liste arabe modérée

* Mansour Abbas liste arabe islamiste RAAM  avec 4 sièges

* Benneth du parti Yamina de droite nationaliste 7 sièges

* Natanyaou chef du Likoud (30 sièges) regroupant 52 sièges avec les partis religieux qui lui sont inféodés

Les anti-Bibi sont donc à deux doigts d'une majorité. 

Mais Natanyaou n'a pas dit son dernier mot et il est prêt à faire le grand écart. Il a engagé des négociations avec RAAM, parti arabe islamiste  lequel au cours de la campagne a ouvertement déclaré qu'il le soutenait. 

Fort de ces 52 + 4= 56 sièges, il a tendu la perche à Benneth ce qui lui aurait permis de constituer une coalition majoritaire forte de 61 sièges.

Mais Bibi a du ratisser large et a introduit dans son camp le parti religieux et anti-arabe de Smotricht lequel a refusé l'alliance avec RAAM et a menacé de quitter le clan de Bibi. 

Aussitôt RAAM a repris ses distances et Benneth a bien compris que le numéro d'équilibriste de Natanyaou menait à l'impasse.

Ainsi peut-on estimer que Natanyaou reste bloqué à 52 sièges, score aussi inédit qu'inattendu, sauf coup de théâtre dont il a le secret.

Aussi Bibi bat le rappel et s'adresse à ses anciens lieutenants SAAR et BENNETH pour qu'ils "rentrent au bercail" pour former avec lui une coalition de droite expurgée des scories qu'elles soient arabes ou de gauche.

Dans l'immédiat, dans le camp  adverse, on négocie dur en coulisses avec Benneth en lui promettant de diriger la coalition.

Ainsi Benneth serait chargé de former le gouvernement et avec ses 7 malheureux sièges serait proclamé premier ministre.

Les scénarios les plus fous sont envisagés mais à l'heure actuelle, Benneth ne s'est toujours pas déclaré et joue sur les deux tableaux. 

Il répugne à s'allier avec la gauche et un parti arabe même avec la couronne de premier ministre, mais de l'autre côté, que peut-il espérer de Natanyaou lequel ne cèdera pas sa place.

Au surplus, il lui faudrait s'asseoir aux côtés du parti islamiste RAAM si toutefois celui-ci se décidait lui aussi à pactiser avec Bibi, lui qui a dit pis que pendre des partis arabes.

Et c'est bien ce qui a changé.

Jusque la, les partis arabes refusaient de participer à la politique du pays et leurs électeurs ont fini par s'interroger sur l'intérêt de soutenir de telles listes.

Nombreux se sont abstenus voire ont préféré voter pour d'autres partis. 

Et voilà qu'un petit parti arabe comme RAAM avec quatre sièges est en passe de faire la pluie et le beau temps.

Un parti arabe faiseur de roi !! La situation est inédite. N'a-t-il pas déclaré qu'il soutiendrait le camp le plus généreux en faveur de la population arabe du pays.

Mansour Abbas glisse son enveloppe dans l'urne


Jusque ici, la cause palestinienne était le centre d'intérêt des partis arabes. Mais les arabes israéliens dont le niveau de vie s'est considérablement élevé pensent davantage à leur confort, aux études des enfants, au soutien qu'il pourraient obtenir des hommes politiques qu'ils soient arabes ou juifs.

Et cette fois, ils mesurent le poids politique qui est le leur et les profits qu'ils peuvent en tirer.

Ils viennent d'entrer de plain-pied dans le monde politique israélien où ils n'avaient pas droit au chapitre.

Lapid est aussi entré en négociation  avec Mansour Abbas du parti RAAM puisque ses 4 sièges lui suffirait pour atteindre la majorité.

Mais il y a fort à penser que c'est pour inciter Benneth à basculer dans le camp anti-Bibi.



Le président de l'état Reuven Rivlin 

Et maintenant ?

Le 5 avril prochain le président Rivlin recevra les représentants des partis en lice pour pendre leur avis et choisir celui qui aura recueilli le plus de soutien pour tenter de constituer une coalition.

Le 6 avril les nouveaux membres de la Knesset prêteront serment.

Le 7 avril, le président Rivlin désignera celui qui sera amené à constituer une coalition et donc un gouvernement avec un délai de 28 jours pour y parvenir.

En parallèle, le procès de Natanyaou, suspendu pour cause d'élection, reprendra le 5 avril, jour où il est sensé se rendre également chez le président.

Coquetterie du calendrier, mais attention à la suite: La Knesset est sensée prendre aussitôt ses activités et il pourrait y avoir une majorité pour voter la loi interdisant à un inculpé d'occuper le siège de premier ministre.

Cette loi pourrait intervenir avant que Bibi ne soit chargé de former le gouvernement si toutefois cette mission lui est confiée par le Président.






Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14