Lettre 97 Réflexion sur la Shoah

 Ce matin à 10 heures la sirène a retenti dans tout le pays pendant deux longues minutes.

Deux minutes de mémoire collective, c'est peu mais que ça fait du bien.

"Yom hashoah ve hagvoura", journée du souvenir de la Shoah et de l'héroïsme. Deux mots qui en apparence sonnent faux; en apparence seulement.

Et pourquoi ?

Seuls ceux qui ont vécu dans leur chaire cette période immonde peuvent comprendre le sens profond de ces deux mots.

Les guerres du passé ressemblaient à n'en pas douter à de la boucherie, mais les populations civiles en étaient en principe épargnées.

Et voilà que sur la base de la théorie du complot ou de l'infériorité de la race, un régime militaire et policier a mis en place une "solution finale" dirigée contre des minorités, juifs, tziganes, homosexuels, malades mentaux... dans l'idée bien comprise de la purification de la race aryenne.

Freud explique que le rire d'une blague se déclenche dès lors que la chute concerne un autre que soi. Il n'y a que les juifs qui pratiquent l'auto dérision.

Le même principe fonctionne avec l'extermination: Celui qui n'est pas concerné, s'en lave les mains.

Et comme la mort rode, le silence s'impose. On tourne la tête. "Je ne savais pas".

L'inquisition en fut un autre exemple dont les nazis se sont inspirés.

Et l'héroïsme dans tout cela ?

Un témoin raconte:

Un coiffeur juif déporté au camp d'Auschwitz se voit interpelé par le kapo qui lui déclare: "J'ai une bonne nouvelle pour toi, on a besoin de coiffeur"

Placé à l'entrée des chambres à gaz, il rase les cheveux des femmes qui arrivent nues et qui l'interrogent sur leur destin. Il a interdiction de parler et préfère ne rien dévoiler. A quoi bon! Elles vont à une mort certaine.

Peu après débarque un convoi de juifs en provenance de son village et sa femme prend place sur son siège et pose la même question pendant qu'il la tond. 

Ici le narrateur suspend son histoire et un ange passe, une larme s'échappe. Parle! lui intime l'interlocuteur.

"Je ne peux pas continuer, c'est trop dur de remémorer cette horreur"

Puis il poursuit:

Il est placé devant un choix cornélien: Partir avec elle au ciel ou survivre et témoigner.

Il l'a embrassée et l'a regardée partir dans ce qu'on appelait les "douches" où pour seule eau chaude on déversait le fameux gaz Zyklon B. 


Qu'auriez vous fait ?

Qui n'a pas émis l'idée que ces juifs déportés sont allés passivement comme veaux à l'abattoir sans opposer la moindre résistance. 

Honni soit qui mal y pense.

Dans l'imaginaire ancestral, le juif était présenté comme passif, soumis, et intéressé par l'argent.

Négation d'une réalité impossible à appréhender en 2021. Une machine à exterminer a été mise en place avec une violence inouïe que nul, pas même le pape ne pouvait enrayer.

Tout opposant était abattu sur place.

Et de qui s'agissait-il ? Des familles, hommes femmes enfants, vieillards, autant de proies faciles, nul soldat ou policier.

On les a raflés, arrêtés, placés en camps surveillés par chiens et miradors, affamés, maltraités, abusés, déshonorés, déshumanisés....sans appel ni recours, puis exterminés.

Mais de l'héroïsme il y en eut.

Car ceux qui pouvaient se battre l'on fait. Il ont rejoint les rangs de la résistance, qu'elle soit polonaise, française ou dans les rangs de l'armée anglaise pour ceux qui ont pu émigrer vers la Palestine.

Il furent au moins aussi nombreux que les Français résistants en proportion des populations.

Pour seul exemple, le soulèvement du ghetto de Varsovie le 19 avril 1943 où, vivant leur dernières heures les juifs se soulevèrent. Extrait: 

Le commandant du ZOB, Mordechaï Anielewicz, dirigea les forces de la résistance lors du soulèvement du ghetto de Varsovie. Armés de pistolets, de grenades (la plupart artisanales) et de quelques armes automatiques et fusils, les combattants prirent de cours les Allemands et leurs auxiliaires dès le premier jour. Ceux-ci furent forcés de battre en retraite et de s'éloigner du ghetto. Dans son rapport, le général SS Jürgen Stroop signala la perte de 12 hommes, blessés ou tués, pendant ce premier assaut.

Le troisième jour du soulèvement, des forces blindées commandées par Jürgen Stroop commencèrent à raser le ghetto, un immeuble après l'autre, pour faire sortir les Juifs de leurs cachettes. Les combattants tentèrent des échauffourées mais ne purent empêcher les Allemands de réduire le ghetto à néant. Ils tuèrent Anielewicz et ceux qui l'accompagnaient dans une attaque contre le bunker de commandement au 18 de la rue Mila, qu'ils prirent le 8 mai.

Les troupes allemandes brisèrent la résistance militaire armée en quelques jours, mais les combattants, seuls ou en petits groupes, se cachèrent ou livrèrent bataille pendant presque un

https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/warsaw-ghetto-uprising

Mordechaï Anielewicz


Musée souvenir du soulèvement du ghetto au kibboutz Yad Mordechaï en Israël

Dans ce kibboutz créé en 1943 par des juifs qui ont fuit le nazisme, on peut voir une maquette de grande taille reconstituant ce que fut l'enfermement dans le ghetto de Varsovie.

Demeure une question que les hommes de foi ne peuvent éluder. Où était D.ieu dans tout cela ?

Au retour des camps, nombreux furent ceux qui ont perdu la foi considérant l'abandon dans lequel le peuple juif a été délaissé.

Qu'avait-il fait pour mériter ça ?

Qu'en penser ?

La fameuse parabole dérivée d'une citation de Nietzsche écrite sur un mur:
"D.ieu est mort. signé Nietzsche"

Et lorsque Nietzsche passa de vie à trépas, apparu sur le même mur:
"Nietzsche est mort. Signé D.ieu"

On ne peut blâmer ceux qui ont abandonné toute croyance, mais les actes des hommes, aussi infâmes soient-ils ne sauraient être attribués qu'à eux-mêmes. Si le bien peut-être infini, le mal peut-l'être également dans la même infinitude.

D'autres au contraire trouvèrent dans la foi la force de survivre. Et nombre d'entre eux furent à l'origine de la création de l'Etat d'Israël, refuge d'un peuple tant de fois martyrisé.

Après la Shoah, on a dit "plus jamais ça" comme si la haine devait disparaitre de la surface du globe.

Que n'a-t-on écrit à ce sujet!!

L'antisémitisme qu'on a cru pouvoir éradiquer au prix du sang est réapparu encore plus fort sous couvert de l'antisionisme qui n'est qu'une autre forme de l'antisémitisme.

Rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais fini. Mais je pense que les âmes défuntes qui nous hantent doivent être fières de leur descendants et de leur acquits. 

Et pourtant elle tourne....

Il est bon qu'une journée par an petits et grands de ce monde regardent en arrière car le passé est toujours porteur des évènements à venir.






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