Lettre 101 LAPID chasse Netanyahou

Israël à la croisée des chemins.

On se souvient qu'en avril 2020, un accord de coalition entre Bleu-Blanc (Ganz) et le Likoud avait permis à Natanyaou de conserver son poste de premier ministre, Ganz devant prendre sa place après 18 mois.

Mais Netanyahou n'avait pas respecté ces accords et avait continué à exercer le pouvoir sans partage et provoqué une dissolution anticipée de la Knesset avec des élections fixées au 23 mars dernier.

Comme aux tours précédents, les résultats ne permettaient pas de sortir de l'impasse politique.

Tout sondage sur la personnalité la plus capable d'exercer le pouvoir suprême, donne Netanyahou largement en tête.

Sans lui c'est le chaos.

Mais comme on le sait, les cimetières sont remplis de personnes irremplaçables. 

Ca n'est pas tant ses résultats qui font de lui l'homme fort du pays, mais parce qu'il occupe l'espace public de façon exclusive: Disons qu'il crève l'écran.

On dit qu'il ne pousse rien à l'ombre des grands arbres, en voici l'illustration.

En 13 ans de pouvoir sans partage, il a réussi a phagocyter les médias qui lui font la place belle.

Son procès pénal qui vient de reprendre par l'audition des témoins démontre qu'il a fait usage de ses prérogatives régaliennes pour soumettre WALLA, principal média internet.

Le rédacteur en chef témoigne que chaque article était passé au crible par la famille Netanyahou (Sa femme Sarah et son fils Yaïr) et le cas échéant modifié ou censuré.

En échange d'une couverture médiatique tronquée, Bibi aurait validé le rachat et la fusion de YES (Télévision satellite)  avec WALLA, avec assurant une forme de monopole à son dirigeant, considéré comme un proche de Natanyaou.

En parallèle, le principal journal ISRAEL AYOM (Distribué gratuitement) appartenant à un ami personnel de Natanyaou lui est totalement dédié, certains dénonçant un véritable lavage de cerveau.


"ISRAEL AUJOURD'HUI" journal gratuit à grand tirage

Sans parler des médias nationaux qui seraient aussi sous contrôle.

Ceci explique cela.

Sans grande surprise, 70 % des Israéliens votent à droite ce qui explique l'hégémonie du Likoud, parti dont Bibi est le roi!

Pourtant, à force de couper des têtes, Netanyahou a fini par liguer contre lui ses anciens lieutenants, Gideon Saar et Naftaly Bennett, lesquels l'ont privé de voix précieuses au point que lors du dernier scrutin, le Likoud n'a obtenu que 30 sièges au lieu de 36 précédemment.

Le président de l'état a du néanmoins lui confier à contrecœur le mandat de constituer une coalition gouvernementale bien que la tâche paraissait d'avance perdue.

Pendant les 28 jours qui lui étaient accordés, Bibi a fait le grand écart en faisant la cour aux partis les plus extrêmes et inconciliables:

1. Le parti arabe RAAM de Mansour Abbas proche des frères musulmans et soutenant le terrorisme

2. Le parti nationaliste religieux sioniste de Bezalel Smotrich ouvertement raciste et anti-arabe 



Mansour Abbas                     Bezalel Smotrich

Il lui fallait en outre le soutien de Bennett pour franchir le cap des 60 mandats et obtenir une majorité à la Knesset.

Mais la droite n'est pas encore prête à se "compromettre" avec les partis arabes israéliens et le numéro de funambule de Netanyahou s'est heurté au refus catégorique des nationalistes religieux, ceux-là même auxquels Bibi avait fait la courte échelle en appelant à voter pour eux.

On est jamais trahi que par les siens!!

Netanyahou n'a pas pour autant baissé les bras et tous savent qu'il s'accrochera au pouvoir avec la dernière énergie.

Il a tenté sans succès de changer le mode de scrutin par l'élection directe du premier ministre par le peuple.

Son but désormais est de mettre les bâtons dans les roues de l'opposition dirigée par Yaïr Lapid dont le parti Yesh Atid ("Il y a un avenir") a obtenu 17 mandats. 


Yaïr LAPID homme politique modéré 

On se souvient qu'il dirigeait avec Gantz le parti Bleu-Blanc dont il s'est séparé lorsque ce dernier a formé une coalition avec le Likoud et a ainsi permis à Netanyahou de rester en place.

Le Président de l'état considérant le nouvel échec de Netanyahou vient d'attribuer à Yaïr Lapid mandat de constituer une coalition majoritaire.

Son parti est composé de députés de centre-droit dont le but avoué était de faire tomber Netanyahou.

C'est le clan des anti-Bibi.

Lapid a déclaré tout au long de la campagne qu'il était prêt à tous compromis et renoncements pour battre Netanyahou et le faire disparaitre du panorama.

Pour cela il doit  convaincre Bennett de le rejoindre dans un gouvernement où il devra siéger aux côtés de l'extrême gauche et avec le soutien d'un parti arabe modéré.

Une telle situation est totalement inédite voire impensable pour un élu de droite nationaliste.

Ce retournement de veste a un prix: La place de premier ministre, offre que Bennett ne saurait refuser même sil est gêné aux entournures.

Mais pendant ce temps, Netanyahou demeure aux commandes et on se demande bien quel lapin il va nous sortir du chapeau!



Encore que son clapier semble bien vide mais il continue à déverser des tombereaux d'anathèmes sur ses adversaires qu'il qualifie de gauchistes menant le pays au chaos.

Son but c'est de faire échouer ses adversaires pour provoquer des 5ème élections et continuer ainsi à gouverner. Courtelinesque!

Le vrai problème n'est pas une fracture droite-gauche, mais un ras le bol envers un homme politique qu'on a trop vu et qui sacrifie les  intérêts de l'état pour ses intérêts personnels.

Le désintérêt n'est pas son apanage pas plus que le talent de savoir quitter la scène à temps.

Si le combat contre le virus du Corona aura été son trophée, maintenant qu'il a disparu en Israël, les lauriers semblent fanés.

Victoire à la Pyrrhus qui sonne la fin de la partie. 







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