Lettre 102 Le mont du temple
Le Mont du Temple
Har ha Bayit en hébreu הר הבית
Est le lieu le plus sacré du judaïsme.
Il se trouve dans la vieille ville de Jérusalem.
Selon la Bible, le roi Salomon (970 à 931 av. J.-C) fait construire sur ce site le Temple de Jérusalem, détruit vers 586 av. J.-C. par Nabuchodonosor II, roi de Babylone.
Les Juifs, de retour d'exil, construisent le Second Temple, inauguré en 516 av. J.-C. Celui-ci est considérablement agrandi sous Hérode Ier le Grand qui établit l'esplanade actuelle vers la fin du ier siècle av. J.-C.
En 70 après J.-C, le Temple d'Hérode est détruit par l'armée romaine sous le commandement du futur empereur Titus lors de la Première Guerre judéo-romaine.
La fin tragique de cette guerre provoque la dispersion des juifs dans le bassin méditerranéen et le temple ne sera pas reconstruit.
Après la conquête de Jérusalem par les Arabes en 637, deux mosquées sont élevés : Le dôme du Rocher (souvent appelé Mosquée d'Omar) est achevé vers 691. Selon la tradition musulmane, cette mosquée représente le départ de Mahomet lors de son voyage nocturne.
Puis, vers le début du viiie siècle, la mosquée al-Aqsa est édifiée avec son dôme d'argent.
Selon les périodes, l'accès des juifs à ce lieu de prières a été soit interdit, soit limité.
Lors du partage organisé en 1947 par l'ONU pour permettre la création de deux pays, Israël et la Palestine, Jérusalem était coupée en deux et le mont du temple se trouvait dans la partie qui devait être attribué aux Palestiniens.
Mais cet état ne sera pas créé car les états arabes ont rejeté le plan de partage et déclaré la guerre à Israël qui en sortira vainqueur et déclarera son indépendance en 1948.
Jérusalem-Est restera sous contrôle de la Jordanie pendant 20 ans de sorte que les juifs ne pouvaient accéder au mur des lamentations.
Lors de la guerre des six jours (1967), la ville a été conquise par Tsahal et l'accès a été à nouveau possible.
Par contre, dans le cadre d'un accord de paix passé avec la Jordanie en 1994, celle-ci est garante des lieux saints musulmans lesquels demeurent sous contrôle militaire israélien.
Le statu quo veut que les visiteurs non musulmans aient le droit de se rendre sur l'esplanade mais pas d'y organiser des prières.
De plus, le Grand-Rabbinat d'Israël a interdit l'accès au mont du Temple à toute personne se réclamant du judaïsme de peur qu'il ne foule par ignorance le Saint des Saints.
Pour exemple:
Le 29 octobre 2014 un membre du Jihad islamique palestinien tente d'assassiner et blesse grièvement un activiste politique et rabbin israélien d’extrême-droite, Yehuda Glick qui milite « depuis des années afin d’obtenir l’autorisation pour les Juifs de prier sur le Mont du Temple ».
Cet incident intervient après la visite d'Ariel Sharon sur le mont du temple le 28 octobre 2000 (alors chef de l'opposition israélienne) acte considéré comme une provocation laquelle engendrera la seconde intifada avec les conséquences catastrophiques que l'on connait.
Et nous voici à la conjonction de deux fêtes importantes et sensibles: la fin du ramadan et la fête de Jérusalem célébrant l'unification de la ville sainte en 1967.
Les extrémistes de chaque bord y voit une occasion d'affrontement dans un élan nationaliste qui leur sied bien.
Il suffit d'une étincelle pour que ce baril de poudre explose, et les activistes de tous poils le savent et attendent leur heure.
On sait que les esprits sont prompts à s'échauffer côté musulmans et le Hamas de Gaza y voit la possibilité de s'ériger en figure de proue de la lutte contre Israël.
Les élections palestiniennes qui donnaient l'avantage au Hamas de Gaza viennent d'être reportées par le président palestinien Abbou Mazen au prétexte qu'Israël n'autorise pas que ces élections se tiennent aussi à Jérusalem.
Il n'en fallait pas plus pour donner au Hamas l'occasion de bombarder le sud d'Israël, d'abord par simples escarmouches, puis ce soir par des salves massives dont la plupart ont été interceptées par le dôme de fer.
Néanmoins des roquettes sont tombées sur Jérusalem et le Hamas menace de bombarder Tel-Aviv.
En réaction immédiate, Israël a frappé des sites militaires à Gaza.
En parallèle, les ballons incendiaires ont réapparu provoquant "la terre brûlée" et la perte des récoltes des kibboutzim voisins.
Le message est clair: embraser le conflit à un moment où le pays est en cours de constituer son gouvernement.
Et le fait que les élus arabes à la Knesset soient prêts à soutenir le gouvernement en cours d'élaboration ressemble à une nouvelle marque de trahison, après la normalisation avec les pays arabes.
Il y a dans la sphère arabe une déception majeure provoquée par l'abandon de la cause palestinienne et l'incapacité de ses dirigeants à remplir leur objectifs.
"Yom yerouchalayim", Journée de Jérusalem avec ses relents nationalistes est le point d'orgues de la discorde entre juifs et arabes.
Mais le "pays des juifs" peut-il renoncer à la célébration de sa ville sainte évoquée dans toutes les prières résumées dans ce psaume 137 évoquant la prise de Jérusalem par Nabuchodonosore en 586 avant J-C et la déportation des juifs en Babylonie:
"Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se dessèche !Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens de toi, si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma joie !"
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