Lettre 107 Netanyahu déboulonné par Bennett

 Incroyable, inédit, il n'y a pas mots assez forts pour décrire le bouleversement qui s'annonce avec le nouveau gouvernement dit "du changement" (Chinouï en hébreu).

Les commentateurs les plus avertis n'accordaient pas la moindre chance à Lapid chargé de rassembler une coalition avec des partis aussi éloignés idéologiquement que contradictoires dans leur électorat.

Un nouveau magicien est né: Yaïr LAPID homme politique du centre a proposé à Naftaly Bennett de la droite nationaliste, le poste envié de premier ministre en ne se réservant que le portefeuille de ministre des affaires étrangères.

Il a mis son égo de côté.


Yaïr LAPID 

Le deal prévoit qu'après deux ans, si toutefois ce gouvernement tient jusque la, ils permuteront dans leurs fonctions respectives.

La recette peut se résumer comme suit: Prenez les politiciens de tous bords, opposés à Netanyahu, épicez le tout avec quelques parlementaires arabes, offrez leur des postes prestigieux que Bibi leur a refusé et vous obtenez une bouillabaisse à la  marseillaise.

Netanyahu a tout tenté pour torpiller ce qu'il appelle un gouvernement de gauche présentant un danger mortel pour Israël.

Mais ce qu'il refuse d'admettre, c'est qu'il est celui qui unit ce patchwork politique. Au Likoud, on a bien tenté de le remplacer, mais il s'est accroché au pouvoir avec la dernière énergie.

Dans son discours devant la Knesset, il  juré de lutter contre le nouveau gouvernement pour le faire tomber rapidement en promettant d'être de retour: I bee back !!!

Pourtant, son départ pour regagner les rangs de l'opposition sonne comme une descente aux enfers.

Il ne se présentera plus devant ses juges comme chef de l'état, mais comme un citoyen lambda.

Le nouveau gouvernement a certes ses faiblesses, mais mais il incarne le tapis dans lequel Netanyahu s'est pris les pieds. 

Le peuple des anti-bibistes exulte. 

Mais déjà les plus pessimistes ne donnent pas cher de la peau de ce gouvernement du changement dans la tourmente des évènements à venir.

Comment lutter contre le Hamas ou le Hezbollah avec des parlementaires arabes qui se retireront dès les premiers tirs.

Mais après 12 ans de règne du Likoud et de son dirigeant Netanyahou, la Knesset a décidé d'accorder sa confiance à Naftaly Bennett et à son gouvernement du changement.


Naftaly BENNETT nouvel homme fort

Il suffisait d'une majorité simple des votants. Ce gouvernement est accrédité par 60 voix contre 59.

Il est donc validé grâce à l'abstention d'un député arabe.

Le changement, c'est aussi l'exclusion des partis orthodoxes restés fidèles à leur partenaire historique et dispendieux de l'argent du peuple. 

Ils auront à passer sous les fourches caudines de Libermann, le nouveau ministre des finances, laïc connu pour son opposition farouche aux juifs orthodoxes qu'il taxe de parasitisme.

Naftaly Bennett, chef du parti de droite nationaliste "Yamina" est âgé de 49 ans, bardé de diplômes et qui a connu un succès remarqué dans le monde du High tech et de la finance.

Il a été le ministre de la défense sous Netanyahu en 2019 et 2020 mais n'a jamais connu de véritable succès politique. Son parti n'a obtenu que 7 mandats aux dernières élections ce qui rend fragile sa pérennisation au poste de premier ministre.

S'il porte la kippa, c'est un juif traditionnaliste qui n'est pas en odeur de sainteté auprès des partis ultra orthodoxes.

Le 12 juin 2021 demeurera une date historique car après 12 ans de pouvoir sans partage, les rouages de l'état étaient gangrenés par des personnes inamovibles et persuadées de leur  immuabilité ce qui mène généralement à l'immobilisme ou aux trafics d'influence.

Plusieurs ministres et hauts fonctionnaires se sont vu notifier récemment leur mise en accusation, et il y a fort à penser qu'un grand ménage sera nécessaire pour remettre de l'ordre dans les écuries d'Augias.

On se souvient de la catastrophe de Méron pendant la fête de Lag ba omer où 45 personnes sont décédées lors d'une manifestation de masse  réunissant 30.000 juifs orthodoxes pris en nasse faute de sortie de secours.

Netanyahu avait refusé d'ordonner une enquête pour protéger ainsi ses ministres ou hauts fonctionnaires qui ont autorisé cette célébration malgré l'évidence du danger.

Le nouveau gouvernement va ordonner cette enquête et des têtes vont tomber, à n'en pas douter.

La Knesset vient également de désigner son nouveau président, lequel dispose du pouvoir de fixer l'ordre du jour des projets de loi. Une fonction qui était aux mains de Netanyahu.

Une nouvelle ère s'ouvre. 

Si sa gestation a été difficile, il faut espérer que les acteurs auront à cœur de jouer sans fausse note.

Si ce gouvernement ressemble à un numéro de funambule, il n'y en a pas d'autre, du moins tant que Bibi n'aura pas raccroché les gants.


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