Lettre 115 Parlez-vous Yiddish ?

 


Série israélienne SHTISEL en Yiddish 

C'est la langue des juifs ashkenazim. Le Yiddish-Deutsch (Judéo-allemand).

Un sabir allemand parlé par les juifs d'Europe centrale. Seuls 20 % des mots sont d'origine hébraïque ou locale. Elle s'écrit non pas en lettre latine, mais en lettre hébraïque.

» פֿון פּאַריז ביז ירושלים  »
fun Pariz biz Yerushalayim
de Paris à Jérusalem

Son origine remonte au 9ème siècle lorsque les juifs de la diaspora se sont implantés dans la plaine du Rhin et en Alsace (Royaume Franc après la conquête par Charlemagne) puis dans leurs pérégrinations vers l'Est.

La base linguistique est l'Allemand ancien mais ce dialecte se différenciait des autres dialectes allemands en ce qu'il intégrait des mots tirés de l'hébreu biblique.

Au 16ème siècle une littérature abondante est imprimée en Yiddish.

Cette langue est devenue commune aux juifs d'Europe de l'Est et de Russie et a connu un véritable engouement au 18ème siècle lors de leur  émancipation, puis s'est exportée aux Amériques lors de leur migration.

Les promoteurs de la "Haskala" influencé par le mouvement des Lumières méprisent le yiddish, jargon du ghetto, stigmate d’un passé détesté et emblème d’une culture rejetée en bloc comme irrémédiablement obscurantiste. Ils écrivent cependant dans cette langue afin de diffuser leurs idées parmi le plus grand nombre possible de leurs coreligionnaires et s'en prennent au hassidisme, perçu comme un frein à la modernisation sociale.

Au 20ème siècle, le Yiddish était encore extrêmement usité mais avec la Shoa, et l'extermination des juifs d'Europe, cette langue a régressé. Le renouveau de la langue hébraïque sous forme de l'hébreu moderne, parallèlement à la création de l'état d'Israël, l'a reléguée au second plan. 

Elle n'est désormais parlée que dans le milieu des juifs orthodoxes notamment à Meah Shearim, lesquels en font leur langue vernaculaire tandis que l'hébreu et considéré comme la langue du sacré réservé à la prière.

L'âge d'or du yiddish se situe à la période de l'industrialisation où la presse écrite est largement diffusée dans les couches populaires.


Affiche de la pièce Der Dibek (Dibbouk) 1898

Une grammaire est normalisée avec un enseignement universitaire.

La littérature yiddish, grâce à une langue stabilisée dans sa forme, devient un outil de création littéraire intimement lié à la tradition religieuse. Mendele Moicher SforimSholem AleykhemIsaac Leib Peretz, donnent à la littérature yiddish ses lettres de noblesse. Le yiddish est revalorisé ; sa littérature s'ouvre sur le monde et suit les grands mouvements littéraires internationaux de l'époque.

Les journaux diffusés en Yiddish sont nombreux. On comptait environ 150 journaux en yiddish et plus de 7 500 livres et brochures.


Der Yidisher Arbeyter « L'Ouvrier juif »

À la fin des années 1920Staline crée à Birobidjan (région jouxtant la frontière chinoise à l'extrême sud-est de la Sibérie) une Région autonome juive dont la langue officielle est le yiddish. Le Birobidjan existe toujours aujourd'hui ; on y enseigne encore le yiddish dans quelques écoles. Mais il n'y reste qu'environ 4 000 juifs; le projet a donc été un échec.

Billet de 100 roubles émis par la République populaire ukrainienne, en ukrainien, polonais et yiddish, 1917

À la fin des années 1930 le nombre de personnes, à travers le monde, dont la langue maternelle était le yiddish dépassait largement les 11 millions. C'est en Europe qu'on trouvait le plus de locuteurs yiddish : 8 millions (dont 3,3 millions en Union Soviétique, 800 000 en Roumanie, 250 000 en Hongrie et 180 000 en Lituanie). Dans la Pologne de l'Entre-deux-guerres, il existait plus de 1 700 titres de livres et journaux. 

 Mais en URSS, entre les années 1940 et 1950, les autorités entreprennent une répression envers les locuteurs et les intellectuels de langue yiddish. En 1948, toutes les institutions culturelles juives sont fermées, y compris les orphelinats, les jardins d'enfants et les classes juives des écoles primaires en Lituanie, en Biélorussie et en Ukraine : toutes les collections de folklore et de dialectologie des institutions académiques juives de Minsk et de Kiev sont détruites, les auteurs yiddish sont interdits. L’écrivain ukrainien yiddishophone Motl Grubian (1909-1972) est déporté sept ans dans un camp de Sibérie. Le poète yiddishophone ukrainien Peretz Markish est exécuté le  à Moscou ainsi que Leib Kvitko et Itsik Fefer. Si les Juifs russes et ukrainiens sont aujourd'hui assimilés, on peut l'attribuer à l'histoire soviétique.

On estime que deux millions de personnes continuent à le pratiquer, du moins en tant que deuxième langue, principalement aux États-Unis et en Israël mais aussi en Europe orientale et occidentale.

Paris est la seule ville européenne, avec Varsovie, où des émissions sont diffusées en yiddish. Des cours de yiddish pour enfants sont dispensés par diverses organisations juives. 

La littérature juive connaît un regain d'intérêt vis-à-vis de la culture classique dont cette langue est le véhicule. De nombreux personnages des œuvres juives, américaines ou françaises, sont imprégnés de l'humour « typique » du folklore yiddish

Popeck en est un bon exemple.


Le yiddish regorge d'expressions imagées : 

« hak mir nisht kayn tshaynik » ne me cogne pas une théière » est une expression qui peut vouloir dire : « arrête de jacasser pour ne rien dire » 

Quelqu'un qui a été oublié ou ignoré va dire : « Ikh hob zikh geshmat? » ce qui signifie : « Est-ce que je me suis converti au christianisme ? » C'est l'équivalent du français : « Et moi, je sens le gaz ? » 

Aynredn a kind in boykh, littéralement mettre enceinte par la force de la parole, signifie en fait embobiner, convaincre quelqu'un de quelque chose d'absurde car : « fun zogn men nisht trogn », « parler ne peut pas mettre enceinte », allusion à la conception de Jésus par l'opération du Saint-Esprit.

Une dernière pour la route!

"D.ieu ne pouvait être partoutalors il a créé les mères....... juives bien sûr."

(Sources partielles Wikipedia)







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