Lettre 120 Négociations sur le nucléaire en panne
Pendant que l'Europe est plongée dans les affres d'une quatrième vague de Covid, Israël s'inquiète face à une toute autre menace.
Après cinq mois de suspension, les pourparlers tendant à ressusciter les accords sur le nucléaire iranien ont repris à Vienne sous l'égide des USA. Biden en a fait son cheval de bataille considérant que c'était à tort que son prédécesseur les avait dénoncés.
L'Iran a commencé par exiger comme préalable la levée de toutes les sanctions qui plombent son économie.
Mais Israël, principal intéressé par ces négociations en est absent. Elle implore les grandes puissances de ne pas céder aux injonctions de l'Iran, estimant que, tout au plus, ce pays cherche à gagner du temps.
On s'accorde à penser que l'Iran est très proche de disposer d'uranium enrichi à 90% en quantité suffisante pour procéder à un premier essai atomique.
Lors de la dernière visite de Bennett aux USA, Biden s'est fendu d'une déclaration selon laquelle il mettrait tout en œuvre pour que l'Iran ne devienne pas une puissance nucléaire.
Mais si un Iran nucléaire est une simple question stratégique pour les USA, c'est une question de survie pour Israël.
Et il est assez évident que les menaces de Biden se limiteront aux incantations diplomatiques et il est à craindre qu'il finisse par se contenter d'un accord creux sans véritables contraintes pour l'Iran.
Israël est donc seule face à une éventualité qui donne le tournis.
Devant la frilosité des puissances occidentales, Bennett a haussé le ton en déclarant qu'en aucun cas Israël n'était liée aux résultats des ces négociations et en menaçant d'agir par les "moyens appropriés" quitte à faire cavalier seul.
Mais un coup de théâtre s'est produit lorsque l'Iran qui avait adouci sa position, a fait marche arrière provoquant la ire des américains.
En parallèle, le gouvernement israélien exerce une pression aigue pour que les Américains quittent Vienne et mettent fin à cette pantalonnade ridicule tant il est évident que les Iraniens n'ont aucune intention de se soumettre à un dictat occidental.
Les négociations sont interrompues et l'Iran semble jouer la montre.
Un corps souple souffre moins, aussi l'Iran s'est empressée de revenir à la table des négociations en annonçant en préalable que ses interlocuteurs devaient se montrer plus conciliants.
Faut-il en déduire qu'il est hors de question qu'on lui impose une renonciation à son programme nucléaire?
Certes, on n'enrichit pas de l'uranium à 60 ou 90 % pour des besoin civils. En lisant entre les lignes, les Européens espèrent que ce stock restera en "réserve de la république islamiste" laquelle sera considérée comme puissance potentiellement nucléaire mais pas au-delà.
Pendant ce temps il lui sera loisible de perfectionner son arsenal de lancement. La belle affaire!!
Les négociateurs américains haussent le ton et menacent de faire usage d'autres moyens de coercition, mais la diplomatie demeure le maître mot.
Mais à ce jeu du chat et de la souris les Iraniens sont passés maître en la matière et il y a fort à parier que le gros matou sera Grosjean comme par-devant.
En Israël on s'interroge sur le bien fondé de la politique menée par Netanyahou face à Obama avec lequel il avait réussi à se fâcher, et quant à la sortie de l'accord du nucléaire que Trump avait dénoncé pour répondre aux incantations de Netanyahou.
Au final, les sanctions économiques n'ont pas eu l'effet attendu et l'Iran a pu poursuivre sans entrave son programme nucléaire.
Au surplus, Israël se trouve écartée du jeu diplomatique et Biden a d'autres priorités (Chine et Russie) que la sécurité d'Israël.
A ce propos, dans l'entretien par zoom entre Biden et Poutine qui s'est tenu hier au sujet de la tension qui monte à la frontière ukrainienne, n'a-t-on pas en le sentiment d'une diplomatie à l'ancienne, quelque peu munichoise, que Poutine a du considérer comme la réponse de Chamberlain et Daladier en septembre 1938 face à l'invasion de la Tchécoslovaquie.
Décidément l'histoire se répète.
La aussi, on ne masse pas 175.000 soldats et 1.000 chars aux frontières de l'Ukraine pour faire du tricot.
L'Otan qui était déclarée en état de mort cérébrale, vient de retrouver toute son acuité face à la demande pressante de l'Ukraine de l'intégrer, ce qui constitue aux yeux du dictateur russe une intrusion insupportable dans sa zone d'influence.
Dans l'immédiat, cet ancien officier du KGB teste ses détracteurs. Mais les Européens craignent pour les livraisons du gaz russe en plein hiver. Et les sanctions économiques américaines la encore paraissent de peu d'effet. Elles n'ont pas dissuadé Poutine à envahir et annexer la Crimée.
C'est dans cet environnement géopolitique qu'il faut comprendre les ordres de priorité.
Et la déclaration très inhabituelle du chef du Mossad, David Barnea selon laquelle "L’Iran n’aura pas d’armes nucléaires, pas dans les années à venir, et jamais. C’est mon engagement, c’est l’engagement du Mossad.....l’Iran lutte pour l’hégémonie régionale, s’engage dans un terrorisme que nous bloquons quotidiennement partout dans le monde et menace constamment la stabilité du Moyen-Orient " donne un aperçu de la tension qui monte d'un cran mais sans véritablement écorner la position iranienne.
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