Lettre 125 Ca gaze pour Israël

 Le 20ème siècle a été celui de l'industrialisation et corrélativement de la recherche d'énergies.

De 1900 à 1930, l'épopée du pétrole battait son plein au Moyen-Orient sous l'égide des puissances occidentales qui l'occupaient.


L'émancipation et l'indépendance de la région a vu naître autant de pays dont la ressource unique résidait dans l'or noir et le gaz.

Tous les pays du golf persique ont bénéficié de cette manne ainsi que la plupart des pays environnant Israël, en ce compris l'Egypte, la Syrie, la Turquie.

Bref, Israël était le parent pauvre dans un océan d'or noir dont les sources s'arrêtaient à ses frontières et n'irriguaient que les pays musulmans. 

Cette image d'Epinal mérite d'être rectifiée puisque le Liban et la Jordanie en sont également dépourvus.

Une sorte de malédiction. 

Ces pays pétroliers ont dicté leur loi au monde entier et des flux monétaires considérables ont convergé vers ces contrées désertiques.

Il y eu certes le pétrole égyptien du Sinaï qu'Israël a exploité de 1967 à 1982, péninsule restituée dans le cadre des accords de paix de 1975.

A défaut de pétrole, il fallait avoir des idées.

Et puisque le sous-sol était ingrat, Israël a porté sa recherche au large sous la mer. En 2010 le champ gazier de Léviathan est découvert à 130 km à l'ouest de Haïfa.

Depuis 2017 Israël est devenue producteur de gaz naturel de haute qualité énergétique.

Méga champ gazier de Léviathan

Un gazoduc sous-marin permet d'alimenter l'Egypte et les travaux en cours (Gazoduc Est Med long de 2.000 km) vont permettre d'exporter le gaz israélien vers l'Europe via Chypre, la Grèce et l'Italie.


Les travaux seront achevés en 2025, c'est-à-dire demain.

L'union européenne est intéressée à ce projet pour assurer une diversification de son approvisionnement en gaz et réduire sa dépendance envers la Russie.

Et voilà que le gaz devient le nerf de la guerre.

En voici une application:

Le Liban est en pleine déroute financière et le peuple peine à se chauffer en cette hiver rigoureux (Sans rire) faute d'électricité et de gaz.

Voici la réponse tirée d'un article de presse écrit par Ben Dror Yamini:

Mais que font les pays arabes pour venir au secours de ce peuple dix fois martyr ? Y a t il une solidarité musulmane ?

L'Iran investit 700 millions de dollars par an (Au Liban) mais uniquement dans l'industrie de la mort du Hezbollah. Les pays du pétrole sont en froid avec le Liban, principalement à cause de la présence du Hezbollah.

Il ne reste qu'un seul voisin: Israël. Les USA sont intervenus pour négocier un contrat de fourniture du gaz israélien au profit du Liban, information aussitôt démentie par Beyrouth.

L'ennemi n'est pas toujours celui qu'on présente.

En fait, le gaz israélien passera par l'Egypte, sorte de tango à trois.

Bien que le Qatar soit une puissance gazière, l'électricité jordanienne est fabriquée avec du gaz israélien. L'Égypte, elle-même productrice de gaz complète son approvisionnement en Israël. Et comme le Liban (En état de guerre froide) ne veut pas se fournir en Israël, il doit le faire par le truchement de l'Egypte.

En Jordanie, des manifestations sont organisées contre l'approvisionnement en gaz israélien. Mais en cas de suspension de fourniture, le Jordanien serait privé de lumière et de chauffage. Selon un sondage, 72 % des Jordaniens soutiennent la normalisation des relations avec Israël, même en l'absence de solution du problème palestinien.

(Traduction très libre de l'article paru le 18/01/2021 dans le journal Ydyiot Aharonot)

Real politique oblige, les effets secondaires de ce nouveau statut de puissance gazière va bouleverser les relations internationales et gommer discrètement les obstacles à la normalisation avec Israël.

Le Liban n'a pas les mains libres, les manifestations contre l'emprise de l'Iran par Hezbollah interposé vont se renforcer sous l'influence du 220 volts israélien. 

Comment un Libanais pourrait-il ne pas se révolter contre un pays qui l'occupe mais sans assurer son approvisionnement en énergie élémentaire. 

Regardons ce qui se passe en parallèle avec l'invasion imminente de l'Ukraine par l'ogre russe.

L'Europe sans le gaz russe serait à l'arrêt. En contrepoint, la Russie ne peut se passer de cette manne financière.

Mais il est assez clair qu'une intervention européenne de quelque nature que ce soit est à exclure.

Déjà l'Allemagne refuse l'envoi d'armement par l'OTAN pour renforcer l'arsenal ukrainien. Toute ingérence parait illusoire et les menaces à peine voilées de Poutine font trembler l'industrie allemande.

Alors on continue à parlementer dans le vent tout en évacuant les diplomates de Kiev.

Les Européens et les Américains font leurs valises.

Poutine tient le robinet.


Imaginez la suite: Si tu veux du gaz, regarde ailleurs; Ukraine chasse gardée!!

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