Lettre 128 Munich n'est pas en Ukraine

Les accords de Munich de sinistre mémoire ont accouché d'une conférence annuelle dite "Forum de Munich sur les politiques de défense".

Fondé en 1963, cette plate-forme de dialogue permet aux hommes politiques et hauts responsables militaires d'avoir des échanges informels sur les questions de sécurité auxquelles le monde est confronté.

Les principaux invités sont les pays de l'Union Européenne et membres de l'Otan.

Bref, encore un "machin" auquel De Gaulle aurait refusé de participer.

En 2007, le président russe y avait tenu un discours sur sa vision du monde et dénoncé l'unilatéralisme des USA.

Montant à la tribune, écourtant toute formule de politesse, il se live à une attaque en règle contre l'hégémonie américaine: "Qu’est ce qu’un monde unipolaire ? C’est un seul centre de pouvoir, un seul centre de force, un seul centre de décision. C’est le monde d’un unique maître, d’un unique souverain."

Dans la salle, la chancelière allemande Angela Merkel et les diplomates se décomposent. Le président russe développe sa vision de la sécurité en Europe "Il me semble évident que l’élargissement de l’Otan n’a rien à voir avec la modernisation de l’alliance ni avec la sécurité en Europe. Au contraire, c’est une provocation qui sape la confiance mutuelle et nous pouvons légitimement nous demander contre qui cet élargissement est dirigé." 

Ce jour de 2007, Vladimir Poutine a donc posé les principes qui guident depuis la diplomatie russe. À l'époque pourtant ce discours va être vite évacué par les dirigeants occidentaux. Comme s'il n'avait pas existé, il est pourtant plus que jamais d'actualité.       

Cette année, la conférence a repris ses travaux le 18 février avec la participation de 30 chefs d'état dont la vice-présidente américaine Camélia Harris.

Le discours d'ouverture prononcé par la présidente von der Leyen donne le ton:

"Nous sommes face à une tentative flagrante de réécriture des règles de notre système international. Il suffit de lire le récent communiqué publié par les dirigeants russe et chinois. Ces dirigeants cherchent à créer une «ère nouvelle», selon leurs dires, visant à remplacer l'ordre international existant. Ils préfèrent la loi du plus fort aux principes de l'état de droit, l'intimidation à l'auto-détermination et la coercition à la coopération. Nous continuons d'espérer que la paix va l'emporter grâce à la diplomatie."

Et d'évoquer de possibles sanctions financières.


Voilà la guerre froide réactivée.

Comment en est-on arrivé la en si peu de temps ? Et qui en supporte la responsabilité ?

Va-t-on vers une troisième guerre mondiale.

Poutine a servi dans le KGB comme officier subalterne en Allemagne de l'Est aux cotés de la Stasi de sinistre mémoire. L'effondrement de l'empire de l'URSS fut l'évènement le plus sombre de sa vie.

Il est pétri d'ambitions hégémoniques.  

Ceci explique cela.

Lorsqu'en 2014 il prend possession de la Crimée sans combat et sans intervention des puissances occidentales, ne sommes nous pas dans une réédition de l'invasion des Sudètes en 1937.

L'Ukraine n'est pas un pays voisin de la Russie, c'est la chaire de sa chaire; Kiev n'est autre que la capitale historique de l'empire tsariste, le fameux grenier à blé nourricier.

Une partie importante de l'intelligentsia ukrainienne a ses yeux tournés vers Moscou.

L'autocrate russe sait qu'il joue sur du velours et attend que l'Europe lui livre l'Ukraine sans combattre.

Dans cette diplomatie de la dernière des dernières tentatives, il attend qu'il soit fait droit à son dictat dans un poker menteur où il excelle: 150.000 hommes massés aux frontières mais sans aucune intention invasive. 

En 1939, pendant la "drôle de guerre", Hitler a joué au chat et à la sourie puis a déclenché la Blitz Krieg. A son heure.

Il semble bien que Poutine ait relu le Mein Kampf et sait que l'histoire n'est qu'un éternel recommencement. Les "alliés" regardent le film Munich 1937 de Netflix comme une relique et se donnent bonne conscience. On a perdu l'honneur mais évité la guerre. Puis on a eu les deux. Autres temps mais mêmes mœurs.

Et pour cause puisque le Chamberlain américain a déjà annoncé qu'il n'interviendrait pas. Il se contente de rendre public les données confidentielles fournies par ses services secrets et dénonce une future invasion comme arme de dissuasion.

Mais Poutine sait que le printemps russe est un bourbier pour les chars et ne rééditera pas l'erreur d'Hitler en 1942 dans la campagne de Russie. Il attaquera avant le dégel ou demeurera l'arme aux pieds.

Quant à l'Union Européenne, elle est divisée en apparence mais en réalité unie dans une stratégie de la diplomatie statique, sachant qu'il serait hors de question de retirer les missiles placés aux portes de la Russie.

Et pourquoi non ? Les USA exercent une pression antirusse et chinoise aux confins de l'Europe par OTAN interposé sans risque courir.

Le Machin que Macron disait mort-né bombe le torse. Est-ce bon pour nous et qu'allons nous faire dans cette galère ?

Gaz oblige, l'Allemagne baisse pavillon. Nécessité fait loi. Demain ils regretteront cette lâcheté si la Pologne est envahie.

Pourtant il est clair que Poutine ne peut faire face à une coalition occidentale armée et reculera.

Si un homme te parle de paix, écoute le sans prêter attention, mais s'il te parle de guerre, prend le au sérieux: When you have to shoot, shoot, dont talk!

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