Lettre 137 Les héros de la Shoah

 Israël commémore chaque année la tragédie de la Shoah et ses six millions de victimes du nazisme.

 Raffle dans le ghetto de Varsovie

Officiellement dénommé Yom ha-zikaron laShoah vèlaGvoura (Hébreu יום הזיכרון לשואה ולגבורה « Journée du souvenir pour la Shoah et l’héroïsme »).

Le moment fort de cette journée, c'est l'irruption de la sirène qui retentit pendant deux longues minutes dans tous le pays.

Arrêt sur image à l'appel de la sirène

Mais que vient faire l'héroïsme dans cette commémoration ?

Lorsque l'on a découvert après la guerre l'ampleur du génocide du peuple juif décimé à 50 %, on n'a pu réprimer cette idée que les juifs se soient laissés amener à l'abbatoir. 

Et sans opposer aucune résistance, stigmate du juif soumis et résigné. 

Il a donc fallu rappeler que bien au contraire, de nombreux actes de bravoure étaient  à leur actif.

En exemple, le soulèvement du ghetto de Varsovie.

Le programme d'extermination a pris plusieurs formes. D'abord la shoah dite par balles en Ukraine depuis 1941par les Einsatzgruppen.


Environ 1,5 millions de juifs seront ainsi abattus.

Plus tard l'usage des chambres à gaz et des fours crématoires pour faire disparaitre les corps.

Il ne pouvait ici être question d'opposer la moindre résistance. La mort était certaine.

Mais il y eut aussi la mort par confinement et affamement. Ce fut le cas notamment à Varsovie où les juifs furent délogés pour être confinés dans un quartier étriqué impropre à acceuillir une population estimée à 400.000 habitants.


Ghetto de varsovie en deux quartiers séparés

La méthode fut ingénieuse: Vider le quartier de sa population non-juive (Environ 13.000 personnes) et y confiner les 128.000 juifs varsoviens, puis y entasser les juifs déportés jusqu'à contenir une population de près de 500.000 âmes.

Le tout encerclé de murs barbelés et miradors. Pas d'échappatoire. La maladie (Typhus, tuberculose) décime rapidement une population livrée à elle-même et sans moyens suffisants d'alimentation.

On relève chaque matin les morts de la veille. 

Les nazis raflent chaque jour entre 6.000 et 8.000 peronnes et les emmènent à l'Umschlagplatz, gare de triage où les juifs sont entassés sans ménagement dans des wagons à bestiaux et déportés à Treblinka, camp de la mort de sinistre mémoire.

Umschlagplatz

Il s'agit généralement de personnes affamées,  désoeuvrées, affaiblies et sans possibilité d'opposer le moindre résistance. Elles espèrent échapper à un sort tragique en quittant cet enfer.

Que nenni!

Une partie importante ne survivra pas au voyage.

Voilà les pauvres hères à qui on a reproché de se laisser mener à l'abattoir.


Pont de bois reliant le grand et le petit ghetto

Ce ghetto ne comptera plus que 50.000 juifs en 1943 et les nazis vont décider de la déportation totale laquelle se heurtera à une insurection armée d'environ 700 combattants issus des mouvements de jeunesse. Totalement inattendu.  

Le soulèvement du ghetto de Varsovie durera du 19 avril au 16 mai 1943 sous la direction de Mordechaj Anielewicz et grace aux armes fournies par la résistance polonaise.

La Pologne a résisté à l'invasion allemande pendant trois semaines; la France pendant un mois tout au plus. Les insurgés du ghetto se batteront rue par rue pendant trois semaines. Un exploit!

Durant les combats, environ 7 000 résidents du ghetto ont été tués, 6 000 ont été brûlés vifs ou gazés durant la destruction totale du quartier. Les Allemands déportèrent les survivants afin de les faire mourir dans les camps d'extermination. 

Fusils contre chars d'assaut et lance-flammes. Ils tombèrent en héros. Personne ne leur a construit de mausolé. Un kibboutz à leur mémoire a été fondé en Israël: 

Lohamei HaGeta'ot

La sirène retentit. Il faut poser sa plume et après un soupir, reprendre sa respiration et poser la question:

Où était l'humanité ?

Quelqu'un a-t-il osé s'opposer à la horde nazie ? Osé émettre une condamnation?  

Après guerre en 1945, les survivants de la shoah n'ont pas trouvé de terre d'accueil. Il furent ballotés de port en port et refusés. Refusés.

Ceux qui ont tenté un débarquement en Israël alors sous mandat britannique, ont été déportés à Chypre et libérés qu'en 1948 après la proclamation d'indépendance d'Israël.

Cette indépendance votée par les nations comme une repentance aux atrocités sur lesquelles tous avaient fermés les yeux.

Et ceux fraichement débarqués en Israël se sont vus remettre un fusil en 1948 pour aller de suite se battre contre les arabes qui avaient refusé la partition en deux états indépendants.

Mais il y eut aussi de la bravoure dans la résistance et nombreux ont exposé leur vie pour en sauver une autre.

« Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier. » (Traité Sanhedrin, chapitre 5, Mishna 5)

C'est la devise de Yad Vashem, l'institut pour la mémoire de la Shoah dont le siège est à Jérusalem et qui décerne le titre de juste parmi les nations.

D'autre héros méritent d'être rappelés à notre mémoire.

Le "nageur d'Auschwitz", Alfred Nakache né en 1915 à Constantine participera en 1936 aux jeux olympiques de Berlin bien que de religion juive. Déchu de sa nationalité française par les lois colaborationistes de Vichy, il est interdit de bassin.


Arrêté par la Gestapo le 20 novembre 1943, il est déporté à Auschwitz le 20 janvier 1944 mais résiste physiquement aux mauvais traitements.

L'avancée de l'armée rouge provoquera l'évacuation du camp et il survivra à la "marche de la mort" pour être déplacé au camp de Buchenwald.

À son retour de déportation, il témoigne : « Je sors de la tombe. Il faut avoir vécu la vie de ces camps pour s'imaginer ce que c'était. Quand on fera le compte des rescapés et des manquants, on aura du mal à en croire les chiffres. De 85 kilos, je suis tombé à 61, et je ne dois la vie qu'à ma volonté d'en sortir, de ne pas manger d'immondices ou de cadavres malgré la faim. Je pèse actuellement 70 kilos ».

Sorti de cette épouvante où il perdra femme et enfants déportés avec lui, et dont il a été séparé à l'arrivée à Auschwitz, il refera surface.

Redevenu champion de France, il participe aux jeux olympiques de Londres en 1948 et détient de multiples titres de champion d'Europe et du monde en brasse, nage libre et papillon.

Autre sportif inattendu, Sir ben Helfgott né le 22 novembre 1929 en Pologne et champion d'athérophilie.


Déporté avec sa famille à Buchenwald il en reviendra seul à l'âge de 15 ans pour être amené au Royaume-uni alors qu'il ne pesait que 38 kilos.

Malgré les sévisses endurés, il est devenu un sportif de premier plan devenant le capitaine de l'équipe anglaise d'athérophilie et a milité sa vie durant pour la sauvegarde de la mémoire des victimes de la shoah.

Comme une double revanche sur l'adversité.

In Memoriam.

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