Lettre 140 Israël retourne aux urnes

 Après avoir fêté son premier anniversaire, le gouvernement du changement jette l'éponge.

YaïrLapid et Naftaly Bennet jettent l'éponge

Avec une faible majorité de 61 députés (Sur 120 députés) la coalition s'exposait à la traque systématique ourdie par le clan du Likoud, lequel a réussi à déstabiliser un, puis deux, puis trois députés lesquels ont tourné leur veste annonçant qu'ils quittaient la coalition.

Il faut avouer que pour les députés du parti de la droite nationaliste (Yamina) du premier ministre Bennett, la cohabitation avec la gauche et le parti arabe ressemblait à un numéro d'équilibriste.

Le point d'orgues de ce mariage de la carpe et du lapin a culminé lorsqu'il a fallu procéder renouvellement de la loi de l'état d'urgence applicable en Judée-Samarie (La Palestine) adoptée par la Knesset en 1967 pour une durée de 5 ans et renouvelée depuis.

Cette loi permet aux israéliens qui vivent dans ces territoires, régis en partie par l'autorité palestinienne, de bénéficier de la protection de la loi israélienne et de ses juridictions, de sa sécurité sociale, de la liberté de circuler et d'entrer librement en Israël.

A défaut, ces 500.000 citoyens israéliens devendraient de simples ressortissants palestiniens soumis aux juridictions militaires israéliennes.

De même, la police israélienne perdrait toute compétence d'action dans cette région. Ainsi la Judée-Samarie deviendrait zone de refuge pour la délinquance israélienne. 

Ces dispositions venaient à échéance fin juin et Natanyahu, malgré la nécessité impérieuse de son agrément, avait déclaré que son parti n'approuverait aucune loi présentée par la coalition, quitte à provoquer le chaos.

Bien entendu les députés arabes de la coalition se sont toujpurs opposés à l'application de ce régime d'exception.

La loi n'a donc pas été adoptée et le gouvernement était dans l'impasse. La solution résidait dans la dissolution de la Knesset puisqu'alors, le renouvellement de la loi serait automatique.

Ainsi Natanyahu aura abouti à ses fins. Faire tomber un gouvernement qui à ses yeux n'aurait jamais du exister.

Fort des quelques députés qu'il a débauchés et auxquels il promet monts et merveilles, Natanyahu va tenter de former une coalition de remplacement avant que la dissolution de la Knesset ne soit votée la semaine prochaine.

Mais il y a peu de chance qu'il obtienne le concours de 61 députés, à l'instar de ses échecs répétifs aux quatre élections précédentes.

En proposant à la Knesset de voter sa dissolution, Bennet perd de facto la qualité de premier ministre, rôle qui sera dès lors dévolu à son homologue, Yaïr Lapid lequel exerçait les fonctions de ministre des affaires étrangères, le tout conformément aux accords de coalition.

Bennet devient ainsi premier ministre en second en charge du dossier iranien.

Lapid et le gouvernement resteront en fonction jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement issu des prochaine élections lesquelles se tiendront vers le 1er novembre.

Mais on sait déjà que, sauf surprise, il sera difficile à chaque camp de constituer une coalition majoritaire.

Va-t-on vers un nouveau marathon électoral ? A combien de tours, telle est la question.

La première constatation, c'est que l'alliance avec un parti arabe est source d'instabilité tant leurs yeux sont davantage rivés vers la Palestine que vers leur pays de citoyenneté. 

La deuxième réalité c'est que Natanyahu continue à tirer les ficelles en exerçant une pression constante sur les députés de droite pour qu'ils regagnent son camp avec un succès limité mais suffisant.

Dans l'immédiat, la loi sur l'inéligibilité d'une personne mise en examen n'a pas été votée et Natanyahu qui conserve la main-mise sur le Likoud ne semble pas souffrir de l'évolution de la procédure pénale laquelle suit son cours sans tambour ni trompette.

Le roi Bibi privé de son trône est toujours vivant! Les primaires du Likoud qui se tiendront en septembre prochain devrait voir sa reconduction comme chef du parti.

Reste à savoir si Biden qui avait programmé une visite en Israël en juillet acceptera de la maintenir pour rencontrer un premier ministre de transition en période électorale. 

Sur le plan moral les acquis sont importants.

Bennet aurait pu poursuivre son mandat et attendre que l'opposition réussisse à réunir une majorité pour faire voter cette dissolution.

En agissant ainsi, il se serait maintenu en place jusquaux prochaines élections, voir plus, protégeant ses intérêts personnels au détriment des intérêts nationaux. Natanyahu en avait usé et abusé.

En prenant l'initiative de la dissolution, les accords de coalition prévoient qu'il perd son mandat et permet ainsi de faire jouer la rotation au profit de Yaïr Lapid, celui grâce auquel il avait été mis en place. 

On est loin de l'attitude de Natanyahu qui, dans le même cas, avait tout fait pour empêcher Benny Ganz de se substituer à lui.

Reste à savoir si les lecteurs seront sensibles à cette politique du respect des engagemens pris.

Moralité de l'histoire: En Israël comme en France, la gouvernance étatique ressemble à un champs de mines et bien malin celui qui sait le traverser sans sauter.

 

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