Lettre 149 Du gaz pour le Liban

La guerre en Ukraine a asséché les réserves de gaz. Mais dans le Bassin Levantin le gaz mène à la paix!

Comment ne pas s'étonner des difficultés d'approvisionnement? Il n'y a pas moins de gaz dans le monde, seuls les circuits de distribution ont été rebattus. Même constat pour le pétrole.

Si les prix flambent ce n'est donc que de façon artificielle pour la simple raison qu'en changeant de fournisseur, l'Europe a provoqué une aspiration vers des circuits devenus insuffisants.

C'est dans ce contexte de diversification des sources que les USA ont mouillé la chemise pour apporter une solution au conflit des frontières maritimes qui oppose depuis des décennies le Liban et Israël.

L'Europe est aux avant-postes de ces négociations car de la solution doit jaillir du gaz qui pourrait dans un avenir proche lui profiter. (Confer lettre 144)

Rappelons le contexte.

Israël exploite depuis quelques années un gisement important de gaz offshore au large de ses côtes qui lui permet une auto-suffisance avec des exportations vers l'Egypte et la Jordanie.

Un nouveau champ gazier a été découvert à la frontière maritime avec le Liban dont ce dernier revendique la propriété en tout ou en partie.

Il s'agit des champs gaziers de Karish côté israélien et Qana côté libanais.

Il y a un mois le Hezbollah basé au Liban avait menacé la plateforme de Karish la faisant survoler par un drône avec pour ultimatum "Pas de Gaz de Karish pour Israël sans gaz de Qana pour le Liban".

Frontière maritime disputée

Il faut savoir que l'exploitation de Karish devait démarrer début octobre mais la menace du hezbollah ne pouvait être prise à la légère car il menaçait également de lancer une offensive sur le nord d'Israël depuis le Sud-Liban.


Navire lance-missile protégeant la plate-forme de Karish

Rien n'est plus vulnérable qu'une plate-forme d'extraction du gaz offshore. 

Le négociateur chargé par le président Beiden n'était autre que le diplomate Amos Hochstein, juif né en Israël où il a servi dans les unités combattantes d'élite avant de rejoindre Washington pour poursuivre une carrière dans le monde de l'énergie.

Amos Hochstein

Le projet présenté au président libanais Aoun supposait des concessions réciproques sur la délimitation des frontières maritimes économiques.

Dans un premier temps le Hezbollah a dénoncé ce traité comme trop favorable à Israël mais au final, les dirigeants des deux pays ont accepté son offre.

Le résultat peut se résumer comme suit:

La frontière maritime des eaux territoriale (22 km) demeure inchangée.

Le partage des eaux dites économiques place le champ pétrolier Karish entièrement du côté israélien tandis que le gisement gazier Qana est partagé avec la partie la plus importante côté libanais. 

Israël renonce en celà à 6 km² de surface dans les eaux économiques.

A ce titre Israël percevra 17 % des profits à titre de royalties qui lui seront versés par l'exploitant Total Energies.

Les USA sont garants de la bonne exécution de cet accord de partage.

Le Liban qui demeure officiellement en guerre avec Israël a refusé que cette frontière soit actée de juré mais uniquement de facto.

Mais en raison de l'imbrication des champs gaziers, il est évident que cet accord fixant les frontières maritimes met fin à un conflit et place les deux pays dans des intérêts financiers conjoints. 

Le Hezbollah placé devant le fait accompli, a choisi de se soumettre à cet accord en revendiquant sa paternité sur le plan politique.

En Israël, l'opposition menée par Netanyaou n'a pas manqué de dénoncer ce qu'il a nommé la soumission de Lapid aux menaces du Hezbollah considérant qu'il bradait les intérêts du pays; affirmant encore que ce gaz ferait affluer des milliards de dollars au profit du Hezbollah.

Il a également contesté la compétence du premier ministre pour signer un tel accord quelques jours des élections.

Mais l'affaire était urgente car le Président Aoun termine son mandat en fin de mois et nul ne peut prédire ce que ferait son successeur. 

Le hic dans cette affaire, c'est que le gisement de Qana n'est qu'un "prospect" c'est-à-dire un champ gazier très éventuel et rien ne garantit que les Libanais y touveront du gaz, ce qui permet à Lapid de soutenir qu'Israël n'a renoncé qu'à un gaz virtuel.

Il faut avouer que le Liban propecte depuis 10 ans dans ce secteur sans n'avoir encore rien découvert.

Qana ou Qenada ? 

Souhaitons à ce pays appauvri de sortir enfin du gouffre de dettes où le Hezbollah l'a plongé.

Des voix populaires s'élèvent déjà pour rejeter les litanies anti-américianres et anti-sionistes. Le Liban a tout à gagner d'une normalisation avec un voisin aussi développé économiquement.

En signant cet accord, le Liban se libère quelque peu de l'emprise malfaisant du Hezbollah.

Macron s'est entretenu à ce sujet avec Lapid et Aoun pour les féliciter. Il imagine déjà que ce pays traditionnelement ami avec la France ne pourra pas lui refuser de partager cette manne. 

Le Dôme de fer positionné en protection des plateformes contre les drônes du Hezbollah sera bientôt inutile ?

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