Lettre 151 Israël vire à droite toute
On l'a bien compris, le peuple israélien demande que les écuries d'Augias soient nettoyées, entendez par la que l'ordre et la sécurité soient rétablis notamment en Judée-Samarie (Dénommée Palestine par la gauche et ceux qui pense en faire un état)
Pourtant une analyse plus fine du scrutin donne une image moins tranchée.
Ainsi sur 4 millions d'électeurs, chaque bloc a obtenu 2 millions soit peu ou prou 50/50.
Pourtant le nombre de sièges n'est pas en proportion et donne au bloc de Natanyahu une avance de 10 sièges soit 64 contre 54 pour le bloc du premier ministre sortant Yaïr Lapid.
Etonnant puisque cette élection se fait à la proportionnelle totale.
Mais la motivation de la droite pour reprendre le pouvoir était telle que les partis la composant avaient exploité au mieux la règle sacro-sainte du placher d'éligibilité fixé à 3,25 % des voix exprimées, seuil en dessous duquel le parti en lice est exclu et ses voix perdues.
Ainsi Bibi avait réussi a fusionner les deux petits partis religieux d'extrême droite lesquels ensemble ont capté un maximum de voix et obtenu 14 sièges.
Inédit!!
Au lieu de celà, le bloc de Lapid s'est tiré une balle dans le pied en marquant un but contre son camp.
Les dissensions qui se faisaient jour avant les élections se sont amplifiées, Lapid étant incapable de faire entendre raison aux deux petits partis de gauche et aux trois partis arabes, tous étant à la limite de ce seuil de 3,25 %.
Finalement le parti de gauche MERETZ et le parti arabe BALAD on été éjectés faisant perdre ces voix au bloc Lapid.
Ainsi la messe était dite.
Reste à savoir ce qu'il faut retirer de ce retour en force de la droite sur la scène politique israélienne.
C'est une véritable bombe à retardement.
Ben Gvir, chef du parti Otzma Yehudit (Force juive), réformé par l'armée en raison de sa radicalité politique d'une mouvance proche de ceux qui ont assassiné Yitzhak Rabin, l'avocat des colons de Judée-Samarie, n'a d'autre idéologie que de chasser les arabes d'Israël.
Il revendique le portefeuil très sensible de ministre de la sécurité intérieure. (Force de l'ordre, prisons, gardes-frontières....Autant de points de friction avec la population arabe du pays)
"Raciste, homophobe et misogyne", telle est la description que ces opposants donnent de lui. Triste sire.
Bibi aurait-il fait alliance avec le diable pour sauver sa peau?
Si les grands de ce monde étaient disposés à reprendre langue avec Netanyahu, la présence de cet ovni à ses côtés pose problème. Déjà les relations se crispent en Europe et surtout aux USA, notamment avec la communauté juive de tendance démocrate qui ne goûte guère ce provocateur.
Et sans le soutien américain, Israël est en danger.
Quant aux pays arabes qui ont signé les accords d'Abraham, ils n'hésiteront pas à se retirer si Ben Gvir agite la provocation sur le Mont du Temple selon son habitude.
Mais quelle est donc son idéologie ?
Pour les sionistes traditionnels, Israël doit être la patrie des juifs comme lieu de refuge après la Shoah.
Pour Ben Gvir, le sionisme religieux dicte la réalisation de la promesse divine au peuple élu par la rédemption de la terre promise, comprenez l'ensemble des territoires qui vont de la mer au Jourdain.
Exit Gaza et la Judée-Samarie.
Voyons son programme en pratique:
* Peine de mort pour les terroristes
* Assouplissement dans l'usage des armes par les services de sécurité
* Loi martiale sur la Palestine
* Immunité aux dirigeants politiques pendant le cours de leur mandat (Suspensin du procès contre Netanyahu)
* Désignation des juges par le gouvernement (Immixtion de l'exécutif dans le pouvoir judiciaire)
* Interdiction des gay pride
Et ce n'est que le début d'un catalogue à la Prévert.
Est-ce vraiment ce que le peuple veut ?
Bien sûr que non mais si l'homme se sent les coudées franches, il va provoquer heurts et malheurs.
On se souvient de son algarade sur le Mont du Temple, lieu saint qu'il considère comme ouvert aux juifs sans limitation. (Rappelons que pour éviter des troubles graves, la loi interdit aux juifs d'y prier)
Il avait été traité de pyromane.
Déjà les maires de villes arabes israéliennes se déclarent ouvertement contre sa venue fut-il désigné comme ministre de la sécurité, ce qui augure mal de la cohabitation édifiée péniblement au cours de dernières décennies.
C'est ici que le bât blesse.
Ceux qui ont voté Ben Gvir ne sont pas tous des juifs orthodoxes, loin s'en faut. Nombreux ont voté pour lui pour mettre fin aux vols, extorsions de fonds, crime organisé qui sévissent dans les milieux arabes et bédoins d'Israël.
Autre exemple:
Certains députés arabes israéliens qui siègent à la Knesset sont anti-sionistes et soutiennent les terroristes.
Est-ce acceptable? Il veut les en exclure.
En Israël, les Arabes israéliens jouissent d'une égalité totale de droits, progressent professionnellement dans la société mais dans leur coeur, ils demeurent des Palestiniens dont partie de leur famille se trouve en Palestine avec les difficultés qu'on ne peut nier.
Pourtant, comme dans les pays européens où règne le communautarisme, l'intégration est inexistante.
Accorder les droits c'est bien, mais sans solution avec les Palestiniens, comment vivre en harmonie.
Le résultat des urnes semble dicter une main de fer contre une population écartelée, à qui on dicterait de faire un choix cornélien: Chanter l'hymne national "Hatikva" pendant que des heurts se produisent en face!
Certains prédisent un chaos général.
C'est l'équation difficile que Netanyahu devra résoudre, constituer une coalition avec les religieux orthodoxes (qui posent peu de difficultés) et l'extrême droite en mettant Ben Gvir en laisse avec muselière.
Il est à craindre que cette exercice ressemble à un numéro de funambule.
On l'appelait le magicien. Il aura contre lui toute la population arabe et la moitié de la population juive.
Dans l'immédiat le peuple reprend sa respiration en attendant les prochaines nominations.
La bataille s'annonce déjà rude avec les dissensions bien naturelles en la matière.
Wait and see!!
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