Lettre 152 Netanyahu face a son Golem

Quand culture et politique s'enchevêtrent.

Un golem (hébreu : גולם, « embryon », « informe » ou « inachevé ») est, dans la mystique puis la mythologie juive, un être artificiel, généralement humanoïde, fait d'argile, incapable de parole et dépourvu de libre-arbitre, façonné afin d'assister ou défendre son créateur.




La Mishna désigne figurativement comme golem la personne dont les dons intellectuels et sociaux sont demeurés à l’état brut.

La façade arrière de la synagogue Vieille-Nouvelle à Prague 
où l’on voit les barreaux scellés dans le mur qui permettent d’accéder aux combles.

Selon la légende, le rabbin qui l’a conçu au xvie siècle, était le Maharal de Prague nommé Yehudah-Leib.

Son but était de défendre la communauté des pogroms.

Une légende veut que le golem inactif soit caché dans les combles de la synagogue "Vieille-Nouvelle" (Altneue) de Josefov, qui serait d'ailleurs toujours scellée et gardée.

Voilà pour la culture.

Quel rapport avec la politique?

Après l'euphorie, la désillusion. 

La pillule est amère pour le futur ex-premier ministre qui peine à créer son gouvernement.

Aux élections précédentes, Netanyahu avait incité les zélateurs d'extrême droite à voter pour deux partis religieux nationalistes afin d'obtenir une majorité sans avoir recours à une coalition de centre-gauche.

Ces deux partis quasi-inexistants ont obtenu ensemble 14 sièges la Knesset et sont devenus ses partenaires incontournables permettant à Netanyahu de former une coalition avec 64 sièges sur 120.

Netanyahu entendait battre le fer tant qu'il était chaud et présenter son gouvernement le jour de la prestation de serment des députés soit il y a 8 jours déjà.

Mais deux grains de sable nommés 

Itamar Ben-Gvir (Otzma yehudit= Force juive) et Bezalel Smotrich (Parti sioniste religieux) ceux-là mêmes qui ont été créés de toutes pièces par Netanyahu, se retournent contre leur créateur.

Comme le Golem, ils avaient été créés pour le servir et permettre une stabilité politique.
Comme le boomorang, ceux qui devaient être ses serviteurs lui posent un ultimatum: Obtenir les portefeuilles sensibles qui leur permettront de développer leur idéologie.
Itamar Ben Gvir a obtenu de Netanyahu le très prisé ministère de la sécurité intérieure, et une batterie de dispositions sujettes à polémique:
* Régularisation de colonies en Judée-Samarie 
* Sécurisation des routes spéciales empruntées par les colons
* Sanctions pénales "plancher" pour les vols dans les bases militaires ou les fermes agricoles

On pouvait donc s'attendre à un accord de principe sur la distribution des différents portefeuilles, mais le second golem, Bezalel Smotrich refuse d'occuper un poste de second plan et exige soit le ministère des finances ou celui des armées.
Rien de moins.
Mais sans lui, rien n'est possible faute de majorité, outre le fait que son colistier Ben Gvir refuse d'entrer au gouvernement sans son acolyte.
Ils font corps.
Il faudra donc que Netanyahu passe par leurs fourches caudines.

Itamar Ben Gvir Benyamin Netanyahu Bezalel Smotrich 

Mais comme Netanyahu n'est jamais avare en promesses, il a déjà attribué le ministère des finances au très critiqué Aryé Dery (chef du parti religieux Shas) en récompense de sa loyauté de longue date.
Il fut son ministre de l'intérieur depuis 2015.
L'homme fut condamné à 3 ans de prison dans une affaire de corruption en 1999 alors qu'il était déjà ministre de l'intérieur.
Poursuivi pour fraude fiscale en début d'année, il échappe à la prison grace à l'indulgence surprenante du parquet avec lequel il passe un accord selon lequel il est condamné avec sursis contre la promesse d'abandonner la vie politique.
Insubmersible (A Paris on dirait "Fluctuat nec mergitur". Battu par les flots mais ne sombre pas)
S’il démissionne de son mandat à la Knesset, il se représente néanmoins aux dernières élections et obtient 11 sièges.
Comment est-ce possible?
La loi prévoit une inéligibilité de 7 ans en cas de condamnation pénale mais cette question n’a pas été examinée puisqu’il avait démissionné avant l’accord passé avec le Parquet.

La bonne aubaine. Et vogue la galère!

Mais la question vient subitement de rebondir car la conseillère juridique du gouvernement est d’un avis contraire. Il faudrait donc voter une loi limitant l’inéligibilité aux seules sanctions de prison ferme pour permettre sa nomination.

Imprévu arrive toujours.


Arié Dery dont la barbe dissimule quelques avatars

Mais les Américains ne décolèrent pas quant à la possible nomination de Smotrich aux armées.

Hors de question de collaborer militairement avec celui qu'il dénomme "l'éléphant".
Netanyahu ne peut se permettre une mésalliance avec le grand frère et cherche déjà des solutions alternatives.
Mais Déry malgré toutes ses casserolles, refuse de renoncer au portefeuille des finances. 
Pourtant selon un dicton israélien, on ne donne confie pas au chat la garde de la crème.
Et voilà que ce bloc de droite si solidaire pendant la campagne, se fissure pour de basses raisons d'influnce personnelle.
Netanyahu va devoir philosopher sur un dicton bien français: "Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge".(Antigone II Gonatas, roi de Macédoine, citation reprise par Voltaire)
Car la présente difficulté en promet bien d'autres et d'ampleur bien différente quand on sait avec quel entêtement ces deux éléphants vont dérouler leur idéologie.
De golem, ils n'ont que l'apparence. Tous deux avocats de formation vont tracer leur voie sans concession.
Certains prétendent que seul le totalitarisme sauvera la civilisation occidentale des affres d’une hégémonie musulmane.
Qui est l'ami, qui est l'ennemi ? Toute société connait son apogée puis vient le temps du déclin.
La crise énergétique en serait le premier signe avant-coureur.
Dans l'immédiat, Israël ne connait pas la crise.
Elle a assez de problèmes par ailleurs.
Pour paraphraser nos deux éléphants: Tout s'arrangera avec l'aide de D.ieu
D'où il suit que la religion prend de plus en plus de place dans l'espace politique israélien.
En France c'est précisément l'inverse, ce qui n'est pas gage de réussite, bien au contraire.
Pas de crèche de Noël!
Mais où se trouve le juste milieu face à la montée d'une idéologie religieuse nouvelle et hégémonique.

La question demeure soumise à votre réflexion.


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