Lettre 156 Faut-il craindre l'extrême droite

Pour obtenir les bonnes réponses, encore faut-il poser les bonnes questions. 

Chacun a bien compris qu’Israël virait à droite toute, avec une connotation nationaliste orthodoxe.

Les campagnes électorales "pour ou contre Bibi" avaient donné à quatre reprises un résultat nul, 50/50. La balle au centre!

Le gouvernement Lapid/Bennet mâtiné du soutien critiqué d’un parti arabe avait montré les limites de ce mariage contre nature en raison de leur soutien au terrorisme.


Yaïr Lapid, Nephtali Bennet et Mansour Abbas 

Il n'est pas étonnant qu'une partie des citoyens arabes israéliens s'identifient avec leurs frères palestiniens.

Tant qu'ils voteront pour des partis inféodés aux Frères Musulmans menant une lutte ouverte contre Israël, leur présence à la Knesset mettra en échec le « vivre ensemble » pourtant plus que souhaitable.

Cette alliance aura fait long feu et il fallait s'attendre à un retour de boomerang.

En réaction, les deux partis religieux extrémistes ont raflé la mise, permettant au Likoud et à son chef de file Netanyahu de se targuer d’une victoire électorale avec 64 mandats soit une majorité confortable à la Knesset.

Mais cette victoire ressemble à n’en pas douter à une victoire à la Pyrrhus, car le Likoud se retrouve pieds et poings liés à deux personnes exécrées par une majorité d'Israéliens, lesquels n’ont rien lâché, exigé et obtenu de Netanyahu des avantages sans précédents.

Voilà pourquoi six semaines après avoir été chargé de constituer un gouvernement, Bibi peine à la tâche et se trouve sur le reculoir. Il ne lui reste que peu de prébendes à distribuer à ses lieutenants lesquels devront se contenter de la portion congrue.

Le monde à l’envers, avec autant de grincements de dents au cœur du Likoud. Il leur faudra pourtant manger leur chapeau!!

Petit traveling arrière avec la sempiternelle question : Est-ce bon pour nous ?

Il nous faut ici pointer du doigt les revendications de ces deux partis extrémistes et s’interroger sur leur concordance avec les vœux de l’électorat.

Il y a certes une forte demande sécuritaire, avec pour crédo un nationalisme juif, le tout en harmonie avec les compatriotes arabes et, si possible, une solution à la question palestinienne.

Tout un programme emprunt de contradictions car point de sécurité tant que la question palestinienne n'est pas sous contrôle.

En l’état actuel des choses, il est clair qu’un Etat palestinien ne serait rien d’autre qu’un ennemi virulent aux portes de Jérusalem et Tel-Aviv. 

Toutes les nuits des affrontements ont lieu à Djénine entre l’armée et des groupes armés palestiniens et les attentats sont légion.

L’autorité palestinienne est à l’image de son président Mahmoud Abbas, faible et sans échine.

En réaction, l’exigence sécuritaire passe donc par l’usage d’une politique de la main de fer dans un gant dont le velours n’est pas l’apanage.

C’est la que nos deux acolytes sont sensés intervenir.

Le premier se nomme Itamar Ben Gvir.


Extrait de Wikipedia:

"Considéré comme un symbole de l'extrême droite radicale, il a été poursuivi à de multiples reprises par la justice israélienne pour émeute, discours incendiaires, et obstruction au travail de la police. Il a également été condamné pour racisme et possession de propagande pour une organisation terroriste.

Dans les années 90, il a été membre du parti Kach et Kahane Chai, interdit de se présenter aux élections puis classé terroriste par les autorités israéliennes et américaines. La sociologue franco-israélienne Eva Ilhou estime qu'il incarne le fascisme juif.

Ben-Gvir affirmera avoir passé tellement de temps dans les tribunaux que c'est ainsi qu'il a décidé de devenir avocat. Le barreau israélien tentera de l'empêcher d'exercer."

Roulement de tambour....Fermer le ban.

Il devient donc ministre de la sécurité intérieure, Judée et Samarie incluses.

Netanyahu a confié au chat la garde de la crème! (Proverbe hébreu)

Certains prédisent le pire, d'autres estiment qu'il va mettre de l'ordre quitte à s'asseoir sur le respect des droits de l'homme.

Il faut bien avouer qu'arabes et bédoins israéliens se défient des lois et constituent des mafias qu'il faudra bien mater.

Le second, Bezalel Smotrich n'est pas plus rassurant.


"Personnalité politique controversée, notamment pour ses vues intolérantes envers le Judaïsme réformé, les Palestiniens, les homosexuels et la gauche israélienne, il se démarque par des prises de positions d'extrême droite et radicales. En 2022, il mène le Parti sioniste religieux à un score historique." (Source Wikipedia)

Il a été ministre des transport en 2019 dans le gouvernement de Bibi.

Il devient ministre des finances avec pour programme que "les lois de la Torah dicteront l’approche économique d’Israël".

Cette vision macro-économique religieuse doit ravir à n'en pas douter les tenants du libéralisme.

Il leur suffit de réentendre la chanson de nos grands-mères "Tout va très bien madame la marquise" dont les paroles siéent à ravir.

A ce jour, rien n'est encore scellé car les partis religieux ont bien compris qu'ils peuvent tirer sur la ficelle sans fin dans un bras de fer où Netanyahu est dos au mur.

Ils ont exigé que certaines lois soient votées pour renforcer leur doctrine. Et savamment, ils ont exigé que ces lois soient votées par la Knesset avant qu'ils n'acceptent de former le gouvernement.

C'est un diktat inacceptable. Mais ça marche!!

Et un marathon législatif est en cours pour répondre à leurs exigences. Vous avez dit Pyrrhus?

La loi "Ben Gvir" lui donne plein pouvoir sur la direction de la police laquelle était jusque là indépendante. Les juristes sont vent debout. La police du peuple deviendrait police politique aux ordres du ministre.

La "loi Smotrich" quant à elle permettra au président du Sionisme religieux Betsalel Smotrich, d'occuper un poste de ministre au sein du ministère de la défense et d'être responsable des affaires civiles de Cisjordanie. (Outre son portefeuille au trésor) 

C’est une annexion de facto de la Palestine que craignent les Américains.

La loi Déry (Parti religieux orthodoxe) lui permet de devenir ministre bien que récemment condamné pour fraude fiscale à une peine avec sursis. Cette loi est d'ores et déjà déférée au contrôle de la cour suprême qui va certainement l'invalider.

Il est donc prévu de voter une autre loi permettant à la Knesset d'invalider l'invalidation par un second vote. Une merveille juridique qui fera des jaloux dans les pays totalitaires.

Mais revenons au Likoud auquel on reproche de laisser faire sans mot dire. Dans l'immédiat ils votent comme un seul homme dans l'attente de la distribution des prix, comprenez les derniers postes ministériels.

Bibi les a tranquillisés prétendant que tout va rentrer dans l’ordre dès qu’il aura endossé son costume de premier ministre. Mais il a ouvert la boîte de Pandore et les activistes orthodoxes n’ont pas la même vision du monde. 

Comme le disait si bien une grand-mère juive avec son accent yidish « votre bit et mon bit ne sont pas les mêmes bits » (but bien sûr)

Le religieux va s’immiscer dans les affaires courantes et aggraver la fracture qui gangrène déjà la population.

La chasse aux homosexuels est déjà annoncée et l’esprit de liberté qui caractérise la société israélienne risque de souffrir d’un recul irréversible.

Et il y a ceux qui soutiennent qu'un tel gouvernement de la pantalonnade, digne des républiques bananières, comporte en soi les stigmates de l'effondrement du Likoud, à l'instar de la chute de l'empire romain.


Ce qui est certain, c'est que la majorité des électeurs qui ont voté Likoud sont effondré en découvrant à quel point leur leadeur charismatique s'enfonce chaque jour plus profondément pour tomber de Charybde en Scylla. (Ces deux monstres qu’Ulysse et ses compagnons doivent éviter en mer après leur séjour sur l’île de Circé et avoir résisté au chant des Sirènes)

Le chant des sirènes !! On connaît bien cette rengaine: on a essayé la gauche sans succès, puis la droite, pas mieux. Donc essayons les extrêmes. Qui vivra verra. 

Quo vadis ? Où vas-tu Seigneur ? Me faire crucifier à Rome de nouveau. (Acte de Pierre, texte apocryphe)

Sauf surprises, et il y en a chaque jour, le gouvernement devrait prêter serment jeudi.


 

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