Lettre 158 Combat pour sauver la démocratie

 Il faudra bien un jour modifier le système électoral israélien.

Mais personne ne s'y attèle ni même n'en parle.

On ne scie pas la branche sur laquelle on est assis.

La solution est simple: Réduire les prérogatives du pouvoir judiciaire.

L'affaire DERY (Voir lettre 157) peut paraitre comme un détail de l'histoire. En vérité, c'est la pierre d'achoppement de va faire basculer le régime parlementaire démocratique vers un régime semi totalitaire ou présidentiel renforcé.

Cour suprême à Jérusalem

L'affaire remonte aux décisions successives prises par la cour suprême en 2009 et 2022 concernant l'invalidation des partis arabes antisionistes aux élections parlementaires.

La commission électorale avait déclaré irrecevable la candidature des deux partis arabes motif pris de leur idéologie niant le caractère juif de l'état d'Israël ou soutenant les organisations terroristes.

Elle se fondait en cela sur la loi fondamentale autorisant une telle disqualification.

Mais a plusieurs reprises, la cour suprême s'est drapée dans la toge de la démocratie estimant que le pluralisme électif et la liberté de penser militait pour une impossibilité d'exclusion d'une population constituant une composante importante. (Environ 20 %)

En aparté, il était reproché à ces députés arabes de soutenir le terrorisme en participant aux obsèques des terroristes ou en visitant leur famille.

La question peut-être posée différemment: Peut-on accepter la présence d'une cinquième colonne au cœur même de l'institution fondamentale du pays, la Knesset.

Ce dilemme rebondit régulièrement et il faut bien admettre que la population arabe d'Israël s'identifie davantage comme Palestinienne que comme Israélienne.

On a beau affirmer que cette population qui vit aux côtés des juifs, dispose d'un niveau de vie enviable, de doits égaux en tous points, mais la question palestinienne est toujours d'actualité et son vote s'adresse presque exclusivement à ces partis négationnistes.

L'intervention de la cour suprême a été  taxée de laxisme et la question a rebondit avec l'annulation de la désignation de DERY ès qualité de ministre.

Netanyahu s'est fendu d'un discours menaçant: De quel droit le pouvoir judiciaire s'autorise à fausser le jeu démocratique. Le peuple a parlé et a voulu cette désignation. Nulle juridiction ne peut s'immiscer dans le jeu démocratique et défaire ce que le peuple a voulu.

Et d'affirmer sans détour que DERY reviendra aux affaires par la voie légale après qu'une nouvelle loi vienne sauver sa tête.

Il s'agit ici de priver le pouvoir judiciaire de toute intervention dans le jeu démocratique.

Le combat entre la cour suprême et le pouvoir politique est désormais au point culminant.

Car le gouvernement va promouvoir des lois qui mettront au pas les partis arabes. La démocratie a ses limites. La cour suprême devra à nouveau trancher mais la Knesset aura le dernier mot.

Les arabes devront choisir entre vivre face à face en chien de faïence, ou cote à cote et avancer dans le même sens. 

Des forces immenses se mettent en marche pour contrer la réforme judiciaire qui permettrait au pouvoir exécutif  de court-circuiter le pouvoir judicaire.

D'éminents juristes et économistes dénoncent ce qu'ils appellent le détricotage de la démocratie avec le risque de voir les investisseurs étrangers se détourner d'Israël, de voir la cotation internationale de l'économie se dégrader avec renchérissement corrélatif du crédit.

Les manifestations massives se voient renforcées par les étudiants et les cerveaux du high-tech.

Ces derniers ont manifesté "Pas de démocratie, pas de high-tech".

Il ne croient pas si bien dire: Papaya Global, une licorne mondiale de la gestion de paie en ligne basée à Tel-Aviv a déclaré qu'elle prévoyait de retirer tous ses fonds d'Israël.

D'autres annoncent peser la question.

Le secteur du high-tech emploie plus de 10% de la main-d'œuvre nationale et la haute technologie représente 54% des exportations.

C'est la le cœur de la croissance économique du pays. Ajouter à cela que ce secteur dégraisse ses effectifs sur le plan mondial à raison de 0 à 20 %. La récession ne serait qu'à un pas.

Mais le gouvernement n'en a cure et promet de rechercher un compromis sans expliquer sur quelle base. (Expression populaire: "Daber la lampa" parle au lampadaire)

Israël s'est peut-être gargarisée par trop de démocratie jusqu'à admettre en son seing ses propres ennemis alors que le pays est en guerre.

Un recentrage est certes nécessaire.

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » - Et la sœur Anne lui répondait:
- « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie. »

(Extrait de Barbe bleue de Charles Perrault)

Barbe bleue s’apprête à trancher le cou de sa femme qui lui a désobéi, et lui ordonne de descendre. Cette dernière prie à un étage intermédiaire pour gagner du temps, tandis que sa sœur Anne, juchée en haut d’une tour, guette l’arrivée de leurs frères, qui tardent à venir pour empêcher l’exécution.

La parabole est belle. Qui viendra sauver la démocratie israélienne?

Si on faisait un référendum, il y a fort à penser que la réforme serait approuvée. Il demeure le sentiment que trop de démocratie tue la démocratie.

Un peu comme l'impôt.

Chacun verra midi à sa porte.


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