Lettre 162 La guerre civile guette Israël

 De retour au pouvoir, Benjamin Netanyahou a réservé sa première visite à l’étranger pour Paris, où il a rencontré le président Macron.



Il faut croire que tous deux se sont entendus sur la manière de forcer la main au peuple pour faire aboutir leurs réformes respectives.

Si la rue est vent debout dans les deux pays contre ces réformes jugées indispensables, rien ne semble arrêter l’un et l’autre, quitte a mettre la rue à feu et à sang.

Mais Paris n’est pas Jérusalem. La France coule des "jours heureux" et la guerre en Ukraine semble désormais ne plus intéresser le citoyen lambda.

En Israël, la question est bien différente, et plus que jamais, pendant le ramadan il est à craindre que la situation ne s’embrase.

 Alors que les unités spéciales interviennent de jour comme de nuit à Djenin (Palestine) au péril de leur vie pour intercepter des bombes vivantes, le gouvernement reste sourd à tous les appels à suspendre une réforme qui ne présente aucune urgence et qui devrait faire l’objet de larges débats pour trouver un consensus.

Si initialement l’opposition à cette réforme s’est limitée à un débat purement politique, il s’avère qu’en matière de démocratie, il n’y a ni compromis ni compromission possible. La séparation des pouvoirs implique une indépendance parfaite, notamment entre le pouvoir judiciaire est le pouvoir exécutif.

La réforme vient mettre cet équilibre en cause et touche aux fondements même des institutions.

Le président Herzog, qui n’a qu’une fonction représentative et honorifique à l’instar de la IVe République, a tenté par tous moyens d’amener gouvernement et opposition à la table des négociations, et s’est même fendu d’une proposition de réforme équilibrée, mais qui a fait long feu: Il a suffit de cinq courtes minutes pour que le gouvernement la rejette en bloc.


Izaak HERZOG Président de l'Etat d'Israël

Comme il fallait s’y attendre, les affrontements entre manifestants et forces de police sont progressivement montés en violence, et il est question désormais d’un risque de guerre civile.

Car les projets de lois en cours de votation qui réduisent considérablement le pouvoir de l’autorité judiciaire et soumettent la nomination des juges au bon vouloir du gouvernement vont faire l’objet de recours et d’annulations possibles. 

Et si le gouvernement estime que ces annulations dépassent la compétence de la cour suprême, le pays se trouvera dans une impasse juridique.

 Il paraît assez évident que les ministres extrémistes qui composent le gouvernement passeront outre aux décisions de la cour suprême et se posera alors la question de la légitimité des autorités en place.

Ce cas de figure inédit qui démontre la faiblesse du système politique israélien, mettra le peuple divisé face-à-face avec un risque véritable de guerre civile et d’insoumission au niveau des forces de police et de l’armée.

Mais la coalition en place ne recule devant aucun obstacle: La loi qui supprime tout pouvoir d'intervention de la Cour Suprême sera votée la semaine prochaine. Elle sera donc contrainte au mutisme. 

Ainsi la dictature de la majorité est en marche.

Netanyahu ne pouvait intervenir dans le processus de réforme de la justice car le conseiller juridique du gouvernement l'avait considéré en contradiction d'intérêts en raison de ses démêlées judiciaires.

Mais la Knesset vient de voter une loi limitant les possibilités "d'empêchement" et il a déclaré aussitôt : "Maintenant j'ai les mains libres et je vais entrer dans la danse"

A ceux qui prétendaient que Bibi saurait tenir ses troupes et modérer les ministres extrémistes, il fait la réponse du berger à la bergère à son ministre de la défense Galant lequel demandait que la réforme soit suspendue: "Tu te tais ou tu quittes".

La réforme suivra son cours quoi qu'il en coûte comme l'a dit Macron.

Dans un pays où l’unité du peuple est primordiale face aux dangers extérieurs est-il permis de se soustraire aux obligations citoyennes liées à la Défense?

Telle est la question.

La vague de résistance qui frise l’insoumission présente un réel danger.

Mais quelles sont les armes du peuple face à un gouvernement élu démocratiquement et dont le projet est d’étrangler la démocratie? Aucune manifestation n’en viendra à bout. La majorité parlementaire a ses limites lesquelles s’inscrivent dans l’équilibre des institutions alors que deux autorités sur trois sont déjà aux mains du gouvernement.

A un putsch politique peut seul répondre un autre putsch, celui de l’armée qui voudrait encore s’extraire du jeu. Combien de temps pourra-t-elle demeurer neutre? 

A qui obéira-t-elle ? That is the question !

Et pendant ce temps, les ennemis d’Israël aiguisent leurs armes et sentent que l’heure est venue d’agir tel un rapace face a sa proie affaiblie est paralysée. Le Hezbollah infiltre Israël pour perpétrer des attentats de masse.

Nous étions au bord du précipice mais nous avons fait un grand pas en avant!!

Il faudra bien que l’une des parties recule. 

Netanyahu vient de sortir du bois et laisse agir ses ministres lesquels ne désarment pas.

Tel le ministre des finances Smotrich lequel vient de déclarer tout de go que le peuple palestinien est une invention, ce qui suppose à terme une annexion de la Palestine, voire un retour dans Gaza.

De quoi ravir les Américains qui ont convoqué l'ambassadeur d'Israël pour une mise au point. Rien que ça!

Petite anecdote pour finir avec humour.

En Israël, la population est divisée en trois tiers: Un tiers qui travail, un tiers qui fait le service militaire, et un tiers qui paye ses impôts.

Mais où est donc le problème ?

Le problème c’est que ces trois tiers se concentrent sur le même tiers de la population.

Cherchez l’erreur.


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