Lettre 164 Le printemps d’Israel
L’athée déclare que les religions seraient une invention de l’homme. Une explication humaine à une question philosophique « D’où viens tu? Qui es tu? Où vas tu? ». Le trop fameux Quo Vadis inspiré par la religion chrétienne dont les historiens recherchent encore vainement une preuve historique de l’existence du Christ.
Comment un évènement aussi capital qui a donné naissance à la religion qui a dominé le monde, aurait pu être inspirée par quelques juifs en quête d’un Messi qui tardait à venir dans cette Palestine martyrisée par Rome.
La religion juive, plus ancienne est issue de la révélation du dieu unique dans un monde pratiquant l’idolâtrie. Le monothéisme dans toute sa puissance spirituelle mettant l’univers dans les mains de son créateur.
Moïse présentant au peuple les tables de la loi
C’est le récit de la Haggadah de Pessah’ qui nous enseigne comment les hébreux tombés en esclavage en Égypte seront libérés par la volonté de D.ieu et l’intercession de Moïse.Il n’existe pas davantage de preuve historique du passage à pieds secs de la mer mais la répétition de cette « légende » pendant 3000 années lui donne force de loi.
Et ce n’est pas Charlton Heston qui nous contredira.
Quarante neuf jours après la sortie d’Egypte, les hébreux reçurent la Thora, matérialisée par les tables de la loi et les dix commandements.
Les hébreux se transforment en peuple en quête de sa terre promise, et habité par un destin auquel il ne faillira pas malgré les vicissitudes dont son chemin est émaillé.
Et cette année encore, chaque famille juive va lire et commenter ce récit de l'Exode qui vit pharaon en butte aux dix plaies d’Egypte qui s’abattirent sur son peuple pour le contraindre à libérer les Hébreux et les laisser poursuivre leur parcours vers la terre d’Israël.
Ce récit évoque aussi une famille avec quatre enfants de caractères différents prenant chacun à leur tour la parole: L'intelligent, le méchant, le naïf et celui qui ne sait pas poser de question. (Serait-il trop petit?)
Et chacun reçoit la réponse adéquate.
Une interprétation expose qu'il n'y a jamais uniformité de vue et d'appréciation mais que la famille doit demeurer entière et solidaire malgré les différences.
Et nous voilà 75 ans après la recréation de l’Etat d’Israël avec ce dilemme qui oppose le peuple: Si Israël est le pays des juifs, quelle en est la quintessence ?
Et reviennent sur le tapis les quatre enfants terribles.
Une partie du peuple se suffit de respecter les principe religieux de base et la célébration des fêtes.
D'autres exigent une influence plus marquée de la religion dans l'espace public.
Et la démocratie serait le garant de la multiplicité de modes de vie et la protection des minorités contre la domination de la majorité politique.
C'est donc autour d'une crise identitaire que se déroule devant nos yeux ébahis ces manifestations massives à l'occasion d'une réforme judiciaire qui n'est que la face apparente de l'iceberg.
La tradition contre le religieux, tel serait le débat: "Etre ou ne pas être".
Une seule certitude, tous affirment vouloir vivre dans un Etat juif, mais pas forcément un Etat de religion juive. (Sic)
Il y a là un hiatus entre peuple et religion, entre croyant et athée, entre citoyen libéral et citoyen messianique.
La France, fille aînée de l'église, a rompu tout lien religieux avec la loi de 1905 imposant la laïcité dans l'espace public.
Ici, on est loin de cette rupture que nul n'évoque même si la question flotte dans l'air.
Encore qu'une certaine jeunesse vient de s'immiscer dans le débat. Elle crie aux hommes politiques en place: "Vous êtes tombés sur la mauvaise génération!"
Ils exigent un autre récit. Un autre destin.
"Ma Nichtana Ha Leïla Ha Zé": En quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ?
Cette question lancinante qui est le fondement même de la Haggadah de Pessah' nous interroge sur la voie à suivre en 2023 pour que l'esprit religieux soit compatible avec l'esprit démocratique.
Ca s'appelle la liberté de conscience.
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