Lettre 173 Et l'eau vint à manquer

 Lors des inondations catastrophiques de la Garonne à Toulouse en 1875 le Président MAC-MAHON aurait prononcé cette exclamation restée célèbre : "Que d'eau!!"

Et le Préfet de lui rétorquer: "Et encore Mr le Président, vous n'en voyez que le dessus!"

Depuis, deux situations ont évolué de façon diamétralement opposée. La France manque d'eau et Israël en a à revendre.

Messi (Pardon: Mais si) car c'est un miracle qu'il convient d'expliquer.


Lac de Tibériade

Israël est coupé en deux zones: La partie nord, la Galilée avec les sources du Jourdain qui alimentent son lac, est assez fertile.

La partie sud, à partir de la Mer Morte et Beersheba (Néguev) se trouve en zone désertique. La pluviométrie est quasi nulle.

Au début du 20ème siècle les pionniers venus cultiver une terre aride ont été contraints de trouver des solutions d'irrigations.

Mais la ressource principale voire exclusive provenait des affluents du Jourdain, savoir le Banyas, Hatsbani et le Dan aux confins des frontières libanaises et syriennes.

Le tout se jetant dans le lac de Tibériade appelé en hébreu Kinnereth.



Kinnereth du mot KINOR (Violon) en raison de sa forme et dont voici les mensurations.

TypeLac naturel
Superficie166 km2
Longueur21 km
Largeur13 km
Périmètre53 kmVoir et modifier les données sur Wikidata
Altitude−212 m
Profondeur
 · Maximale
 · Moyenne

entre 40 et 49 m
25,6 m
Volume4 131 000 000 m3
Débit moyen15,8 m3/s


La lutte pour contrôle de ces cours d'eau fut l'objet  d'âpres tractations en 1955 dans le cadre du "plan unifié de la vallée du Jourdain" (Plan Johnston) dont le principe fut accepté par les pays riverains et qui devait faire l'objet d'un vote par la ligue arabe.

Mais aucun accord n'a été signé, cette dernière estimant qu'il s'agirait la d'une reconnaissance explicite de l'Etat hébreu et qu'il en faciliterait le développement économique ainsi que l'arrivée de nouveaux immigrants.

En 1964, Israël achève la construction d'un réseau dit Aqueduc National (Movil ha hartzy) permettant d'amener l'eau du lac de Tibériade vers les villes principales et le sud du pays. 


Aqueduc national 


La ligue arabe décide de mettre ce plan en échec en réduisant considérablement le débit du Jourdain par le détournement du Banyas et du Hasbany vers le Yarmouk (Liban).

La Syrie mis en œuvre les travaux de détournement ce qui fut considéré par Israël comme une atteinte grave à ses droits souverains. Israël a bombardé les chantiers syriens dans un conflit appelé "Guerre de l'eau".

En 1994, dans le cadre  du traité de paix, Israël s'est engagé à fournir 50 millions de m3 d'eau par an à la Jordanie, chiffre qui a été doublé depuis, ce pays souffrant d'une crise grave d'approvisionnement.

Inutile de rappeler que cette région du Monde souffre d'un manque de précipitations et en Israël, on dit que l’humeur du pays se mesure à l’aune du niveau du lac de Tibériade. 

Depuis de nombreuses années, son niveau a sérieusement baissé jusqu'à atteindre la « ligne noire » – zone critique – au-delà de laquelle il n’aurait alors plus été possible de pomper l’eau du lac sans endommager l’écosystème. 


Apparition d'ilots due à la baisse du niveau

Début 2000 Israël se dote d'une puissante Autorité de l'eau (MEKOROT) et s'est lancée dans un important programme de construction de cinq usines de dessalement par osmose inversée qui alimentent 80 % de la consommation des ménages et subvient aux besoins industriels et agricoles

Israël est ainsi devenu le leader mondial du dessalement.

Subséquemment, la réduction du pompage a permis de remonter son niveau ce qui permettrait à terme d'ouvrir les vannes et déverser l'eau dans le Jourdain jusqu'à la Mer Morte.

Faute d'apport en eau depuis des décennies, celle-ci a également vu son niveau baisser de façon dramatique.


La mer se retire

L'aventure a commencé en 1965 avec une usine de dessalement à Eilat avec de modestes résultats.(500 m3 /jour)

Une nouvelle méthode dite de l'osmose inversée a permis d'augmenter considérablement les volumes traités avec un coût faible. (0,70 €/m3)

En 2004 une usine est implantée à Newe Zohar (Mer Morte) pour alimenter les hôtels en dessalant les eaux souterraines.

En 2005 l'usine d'Ashkelon va changer la donne en dessalant l'eau de mer à grande échelle et fournit 119 millions de m3/an. L'exploitation en est confiée à VEOLIA.


Elle sera suivie des usines de Palmah'im (2007) Hedera (2010) Sorek (2013) Ashdod (2015). Une unité complémentaire doit fonctionner en Galilée en 2025.




Usine de dessalement d'Ashkelon


Désormais, Israël est autosuffisant en eau grâce au dessalement. Elle dispose même d'un surplus qui permet d'alimenter l'autorité palestinienne et Gaza.

Le gouvernement israélien a lancé en 2018 un projet unique au monde : renflouer le lac de Tibériade avec de l’eau dessalée puisée dans la Méditerranée.

Il suffisait pour cela d'inverser le sens de l'aqueduc national lequel au lieu d'amener l'eau du lac vers les consommateurs, est raccordé à une usine de dessalement.

Ainsi le sauvetage du lac de Tibériade puis de la Mer Morte est en cours depuis un an!! 

Et pendant ce temps la France manque d'eau et on apprend à nos braves concitoyens comment réduire leur facture sous couvert d'une interdiction d'utilisation.

A toute choses égales, pour alimenter la France en eau dessalée, il faudrait implanter pas moins de 40 usines sur la périphérie des côtes.

La première n'est pas encore dans les tiroirs.

Autant dire que nous allons apprendre à capter l'eau de pluie et réduire nos pelouses.

A titre anecdotique, le ville de Forbach (Moselle) a du interrompre son tournoi de tennis annuel sur terre battue pour répondre aux interdictions de gaspillage.

A quand la fermeture des golfs ? Un impôt sécheresse comme en 1976 ?

Gouverner c'est prévoir.

Le gouvernement fait bien les choses: Il prévoit des restrictions. A nous de nous adapter.



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14