Lettre 174 Le Putsch des réservistes

 L'heure est grave!

La patrie est en danger!

Une vague de désobéissance de réservistes met la sécurité du pays en danger.

Comment et pourquoi en est-on arrivé à cette extrémité?

Gali Baharab-Miyara conseillère juridique du gouvernement s'oppose à la réforme

La nouvelle coalition projetait d'engager une réforme globale de la justice considérée par l'opposition comme provoquant une atteinte grave à la séparation des pouvoirs avec mainmise du gouvernement sur les trois autorités: Législative, exécutive et judiciaire.

Devant l'opposition massive populaire et la grève générale décrétée par la puissante organisation syndicale Histadrout, le gouvernement a reculé.

Les pilotes de chasse ont déclaré refuser de servir un régime totalitaire. Le ministre de la défense GALANT a jeté les gants.

Mais les tenants de la réforme (Levin et Rotman) n'ont pas lâché prise et ont repris la main selon la méthode dite du "Salami" comprenez tranche par tranche dont la première consiste à supprimer le pouvoir de la Cour Suprême de contrôler et annuler les décisions prises par le gouvernement et les autorités administratives.

Par la suite il est question de réformer le mode de nomination des juges et des organes de contrôle du gouvernement.

Ainsi au terme de la réforme, le Premier Ministre disposera de tous les rouages, pourra mettre et démettre à sa guise les personnalités en charge des responsabilités.

C'est ainsi que la Knesset vient de voter le 11 juillet en première lecture la loi dite de suppression du moyen juridique "raisonnable" (Hilat ha Svirout) sachant que la Cour Suprême n'utilisait ce moyen d'annulation qu'en cas de décision "extrêmement déraisonnable".

Selon la procédure cette loi doit être rediscutée en commission et faire l'objet d'un vote définitif avant la fin du mois.

Mais le gouvernement ne semble pas disposé à modifier son projet pour trouver un compromis.

Deux thèses s'affrontent:

1 - La réforme est soutenue par la majorité sortie d'élections démocratique et il est inadmissible que quelques juges puissent avoir plus de pouvoir que 64 députés.

Il s'agit d'une modification mineure qui ne saurait porter atteinte à la démocratie mais qui au contraire la renforce en donnant pleins pouvoirs aux représentants du peuple.

On fera ici remarquer que ce sont les décisions du gouvernement qui sont en cause et non de la Knesset et qu'il n'y a aucun autre garde-fou.

2- La loi supprime le seul contrôle contre les excès éventuels du gouvernement et pour exemple, la nomination envisagée de DEHRY (Chef du parti religieux SHASS) comme ministre alors même que la Cour Suprême a annulé celle-ci en raison des condamnations pénales dont il a fait l'objet.

Les opposants soulignent que ce projet de loi est la pierre angulaire de la réforme car en muselant la Cour Suprême, rien ne pourra plus s'opposer aux nominations futures et une vague de destitutions et de grand remplacement sera possible.

Ainsi tous les rouages de prise de décisions seront détenus par la coalition avec les excès de népotisme qui sont déjà annoncés.

A titre d'exemple, la conseillère juridique du gouvernement, autorité indépendante de celui-ci,  s'oppose à la réforme de sorte que son remplacement est sur la sellette.

Conséquence: Une fracturation de la société en deux camps irréconciliables.

Et c'est précisément au seing de l'élite que la désobéissance civile fait rage.

Les réservistes pilotes de chasse, d'unités combattantes, du renseignement cybernétique, voire des services secrets ont adressé une lettre ouverte au chef d'état-major ainsi libellée: "C'est la main tremblante que nous sommes contraints de refuser de continuer à servir un gouvernement totalitaire dans l'hypothèse où cette loi serait définitivement entérinée" 

Le sel de la terre, ceux qui ont servi au cours des guerres et continuent à servir de façon bénévole au péril de leur vie pour assurer la sécurité du pays jettent l'éponge.

La société est choquée!! Tsahal est l'armée du peuple; la politique n'y a pas droit de cité. Sous l'uniforme les idées politiques s'effacent.

Et pourtant.

Comment ces soldats de l'élite justifient ils leur position?

Ils savent que leur influence est énorme et impose le respect.

Que représentent les hommes politiques défendant des intérêts personnels face à ceux qui ont consacré leur vie à la survie du pays.

La justification de leur désertion a plusieurs fondements:

1) La réforme provoque une fracture du contrat social tel que défini par J-J ROUSSEAU. Le patriotisme poussé jusqu'à sacrifier sa vie pour la nation suppose une adhésion avec la légitimité du pouvoir en place.

2) L'affaiblissement du système juridique risque de générer une délégitimation sur le plan international de sorte que les instances supranationales ( Cour internationale de Hague) risquent de s'ériger en juge contre les officiers engagés dans des opérations extérieures. (Bombardements en Syrie ou à Gaza)

3) Les manifestations massives n'ont eu aucun effet sur la marche forcée de la réforme. Le combat pour sauver la démocratie justifie l'usage de tous les moyens, même au risque d'affaiblir l'armée.

Certains déclarent refuser de vivre dans un pays dont les principes fondamentaux de la démocratie seraient mis en péril.

Le péril intérieur serait donc plus important que le péril extérieur.

Ont-ils la force de faire plier le gouvernement?

Cette arme a été efficace il y a deux mois. Elle semble s'être émoussée. Mais la révolte gronde et le flux de désobéissance se renforce au point que toutes les armes sont concernées, y compris les services médicaux.

Peut-on gouverner contre les élites d'un pays, contre ceux qui détiennent les clés de l'économie, du High Tech ?

Il s'agit ici de faire passer un chameau par le chas de l'aiguille. Bibi sait que le gué est étroit mais espère qu'après le vote de la loi s'ouvrira un boulevard de possibilités.

Après tout, ce ne sont que des mouvements d'humeur. Il suffira de quelques missiles tirés sur Israël pour que les militaires rentrent dans le rang.

On ne badine pas avec la sécurité.

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14