Lettre 177 Tsahal l'armée du peuple

 Attention danger!

Alors que la réforme judiciaire en cours divise profondément la population israélienne et que l'insoumission gangrène l'armée, une loi hautement explosive s'annonce: Exemption de service militaire pour les juifs orthodoxes.

Le train de la réforme judiciaire va se heurter à un obstacle incontournable sous l'œil amusé des partis orthodoxes: Priorité à la loi d'exemption. (Extrait du journal Yedyiot Haharonot du 17/08/2023)


Cette population qui vit en marge de la société civile (Bnei Brak, Méa shéarim, Arad, Tsfat...) refuse de s'enrôler dans l'armée afin de se consacrer perpétuellement et exclusivement à l'étude des textes bibliques.

Etudiants dans une Yeshiva

Pour reprendre leur argumentation, si les laïques servent dans l'armée, eux servent le pays par leur pratique religieuse et leurs prières viennent renforcer le moral et la puissance de l'armée.

Mais actuellement, les juifs orthodoxes sont bien plus nombreux et constituent une part non négligeable de la population de sorte que l'exemption n'est plus une question marginale.

Initialement, lors de la création de l'Etat, Ben Gourion avait passé un accord "Thora Emouna" prévoyant l'exemption de 400 élèves, chiffre qui s'est élevé ensuite à 800.

En 1974 le nombre d'exemption s'élevait à 2,4% des jeunes mobilisables, puis en 2021 ce chiffre est passé à 17,6% en fonction des autorisation données par le gouvernement.

Ainsi pour échapper à l'obligation du service militaire, ces jeunes demeurent dans les Yeshivot (Institut talmudique) jusqu'à l'âge de 27 ans ce qui retarde d'autant leur entrée dans la vie professionnelle et génère un manque de main-d'œuvre. Leurs épouses sont en charge des enfants et des ressources financières.

Mais en 1998, la Cour Suprême a estimée qu'il ne relevait pas du pouvoir du ministre de la défense d'accorder des exemptions et que seule une loi respectant l'égalité des citoyens pouvait en décider.

Trois lois successives furent votées maintenant le statu quo antérieur mais furent annulées par la Cour Suprême pour le même motif d'atteinte au principe d'égalité.

Une commission fut formée en 2000 sous la houlette de Tsvi Tal, président à la retraite de la Cour Suprême et validée par la Knesset en 2002.

Les étudiants des Yeshivot obtenaient différentes facilitées pour accomplir leur service militaire ou civil avec une exemption pour ceux qui préféraient poursuivre leurs études religieuses sérieuses et contrôlées.

Cette loi pilote devait être revue après cinq ans mais il s'est rapidement avéré que c'était un échec. Malgré cela, la Cour Suprême a autorisé sa reconduction dans l'espoir d'une amélioration.

Mais le nombre des enrôlés demeurait symbolique.

La Cour Suprême en a tiré les conséquences en annulant en le 21 février 2012 la loi "Tal" contredisait la loi fondamentale sur la dignité et la liberté de l’être humain. 

A cet instant le pays est entré dans une zone de turbulence politique qui est toujours en cours.

Les différentes commissions et conférences chargées de proposer une solution, souvent boycottées par les juifs orthodoxes, ont abouti à une loi de septembre 2015 qui reportait à 2023 la possibilité de sanctionner les réfractaires à l'enrôlement. Amendement également annulé par la Cour Suprême le 12 septembre 2017 mais dont les effets ont été reportés au 1er juillet 2023.

Ainsi, depuis cette date, les étudiants des Yeshivot doivent se présenter au bureau de recrutement sous peine de sanctions.

Les partis religieux ne décolèrent pas car dans les accords de coalition, il est prévu que cette loi d'exemption devait être votée en priorité donc au plus tard le 30 juin.

Mais le gouvernement a privilégié la réforme judiciaire pour se soustraire au contrôle de la Cour Suprême en réduisant ses prérogatives.

CQFD.

Dans l'immédiat et de façon illégale, le gouvernement a donné ordre de ne pas mobiliser les jeunes orthodoxes dans l'attente de cette loi d'exemption qui sera votée en octobre prochain. Un recours devant la Cour Suprême est d'ores et déjà déposé pour contraindre le gouvernement à appliquer la loi et sanctionner les réfractaires.

Et se repose l'éternelle question de la légalité d'une telle loi qui vient bousculer l'égalité des citoyens devant la charge du service du à la nation.

Un vaste programme et une division de plus dans la société israélienne à un moment où elle se serait bien passée de cette dispute.

Précisément alors que le chef d'état-major alerte le gouvernement sur la baisse de préparation de l'armée en raison de la démobilisation morale provoquée par le changement de régime qu'implique la réforme judiciaire.

Regardons de plus près les chiffres d'exemption:

* Citoyens arabes israéliens 20% 

* Juifs orthodoxes 20%

* Réformés :10%

* Israéliens expatriés: 5%

Ainsi plus de 50% des israéliens ne servent pas dans l'armée ce qui implique une baisse parallèle du moral d'une armée censée être l'émanation du peuple.

Mais face à l'objection de conscience soutenue par les partis religieux, certains déclarent qu'on ne peut les enrôler de force sous peine de provoquer des problèmes internes. Le remède serait pire que le mal.

D'autres recherchent des solutions alternatives par un service civil étendu auprès d'institutions étatiques telles que Magen David Adom, services de sécurité, d'aide aux personnes, hôpitaux etc...

L'exemption serait limitée à l'âge de 21 ans, date après laquelle ils seraient libérés de toute obligation et pourraient vaquer à des occupations professionnelles ou entreprendre des études supérieures.

Mais la solution se trompe de cible.

Les partis orthodoxes militent pour une exemption pure et simple, et pas seulement pour les étudiants des Yeshivot, mais pour toute la population religieuse afin d'éviter que cette jeunesse ne vienne au contact du monde "moderne" et soit ainsi contaminée et amenée à quitter un monde où ils sont confinés.

On marche sur des œufs!

Car cette loi d'exemption va rendre la situation explosive et Netanyahu sait qu'il joue sa tête.

S'il promeut une telle loi, il risque de ne plus avoir d'armée à ses ordres et les manifestations seront massives.

S'il ne donne pas suite, les partis orthodoxes le lâcheront et refuseront de voter toute réforme.

C'est donc encore une fois une situation de "Ploneteur", l'impasse, l'embrouille complète.

Bibi le magicien saura t il sortir une fois encore un lapin du chapeau ? Il est cette fois encore dos au mur et chaque jour qui passe mobilise contre son gouvernement plus d'hostilité dans tous les secteurs d'activité.

Le chef de la police a ainsi déclaré qu'il respecterait les décisions judiciaires et non celles du gouvernement en cas de conflit juridique.

Les 200 grands chefs d'entreprise israéliens viennent de publier une annonce soutenant le chef d'état-major grossièrement attaqués par les longs couteaux du Likoud et menaçant d'une grève illimitée à l'instar du syndicat majoritaire.

La ligne rouge est en voie de franchissement.

Pour finir par une note d'humour:

Der hans im de Shnokelor a tout ce qu'il veut; mais ce qu'il a il n'en veut pas et ce qu'il veut il ne l'a pas......(Chanson du folklore alsacien)

https://www.bing.com/videos/search?q=der+hans+im+schnokeloch+chanson&view=detail&mid=9FE27CDBE11B140D6E2A9FE27CDBE11B140D6E2A&FORM=VIRE

A traduire pour Netanyahu afin qu'il comprenne qu'il faut se satisfaire de ce que l'on a. Il y a six mois encore, que la vie était douce.

Heureux celui qui se satisfait de son lot.

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