Lettre 211 Journal de guerre J+53+54

Savez vous pourquoi les Croisés ont perdu la guerre en Terre Sainte et ont fini par quitter le royaume de Jérusalem qu’ils avaient bâti en 150 ans ?

Parce qu’ils ont cru qu’ils pouvaient appliquer en Orient les mêmes règles de combat qu’en France.

Ils sont venus avec des armées puissantes, des chevaux lourds et harnachés; des soldats protégés par de lourdes cuirasses, avec des canons qui protégeaient les forts qu’ils ont édifiés.

Ils se pensaient imbattables face à des bandes itinérantes, légères et mobiles mais sans puissance d’affrontement.

La puissante armée croisée avait un maillon faible, un talon d’Achille, un ventre mou: sa lourdeur de manœuvre. Il a suffit d’une bataille en zone aride pour voir cette armada succomber sans pouvoir livrer combat.


Bataille des Cornes de Hittin

Le 4 juillet 1187 à Hattin près du lac de Tibériade, les deux armées sont face à face après une longue chevauchée. Au matin, Saladin place ses troupes sur la voie bloquant l’accès au lac. Le roi de Jérusalem Gui de Lusignan qui dirige les Croisés, tente une percée mais sans eau et sous un soleil torride, ses soldats tombent comme des mouches. Son armée est détruite et cette déconfiture ouvrit la voie vers Jérusalem qui fut capturée par Saladin.

Cet évènement marquera le début de la chute de ce royaume.

Les Croisés n’avaient pas adapté le logiciel.

Saladin avait compris qu’il ne pouvait se battre contre des forteresses. Il a donc déplacé le champ de bataille. Le piège s’est refermé.

A noter que jamais, de 67 (Chute du second Temple et dispersion des Juifs) à 1948, Jérusalem ne sera capitale ou ville emblématique en pays musulman.

Quel rapport avec Tsahal? Vous avez compris le parallèle?

Certes, c’est la différence de puissance. Le sentiment d’invincibilité.

Mais quel est le maillon faible? Le talon d’Achille? Le ventre mou?

Les otages.

Pas besoin de combattre.

On déplace le champ de bataille et on gagne sans livrer bataille. 150 otages font mieux qu’une armada de chars et une escadrille d’avions!!!

Et pourquoi?

Parce qu’Israel n’a pas changé de disquette. L’humanisme et l’empathie nous dictent la stratégie.

Si ça peut marcher en Occident, ça ne fonctionne pas en Orient et surtout pas avec des terroristes.

Tsahal était visiblement sur le point d’éradiquer le Hamas du nord de la bande de Gaza, voire de libérer des otages.

Les demandes répétées de trêve par le Hamas en sont la preuve. Mais il y a eu une alignement des étoiles. Dans le même temps, la pression populaire a eu raison de la détermination de Tsahal qui voulait achever le travail.

Familles d’otages et Hamas se sont paradoxalement trouvés sur la même ligne d’intérêt. Et le mécanisme diabolique du salami s’est mis en place.

Et comment sortir du syndrome de Hittin?

Nous ne savons pas combattre avec encore 170 otages entre les mains du bourreau.

Les 70 otages libérés commencent à parler. C’est la suite de la série connue sous le nom de « Chabbat noir ». Ils ont souffert en captivité la torture physique et mentale. Horreur et damnation dans tous les médias.

Hamas sait que c’est la recette du succès. Comment laisser un seul otage entre les mains du « boucher de Gaza » (Nom donné à Yaya Sanwer)

Il faut donc tous les libérer quel qu’en soit le prix.

Le piège de Hittin se referme.

Le maillon faible a lâché. Un gouvernement qui a abandonné les otages le 7 octobre n’a pas le droit de les abandonner une seconde fois.

Ce piège des otages avait déjà fonctionné une première fois avec la libération de 1000 terroristes contre le soldat Shalit. On en a payé le prix fort.

Le message est clair: il suffit de prendre des otages pour faire plier un État qui possède l’arme atomique. Un comble.

Israël n’abandonne pas ses ressortissants. Cet axiome nous vaut les honneurs du monde libre, mais envoie un message de faiblesse à nos ennemis mortels. Eux pour qui la mort en Chahid a plus de valeur que la vie.

Il est donc désormais question d’un accord « tous contre tous ».

On libérerait ainsi 5000 à 6000 Palestiniens terroristes de nos geôles dont certains qui ont du sang sur les mains.

Encore un message de faiblesse à méditer: un terroriste ne reste pas longtemps en prison en Israel. Un peu comme l’échange d’espions en guerre froide.

Échanger des innocents contre des brutes inhumaines  dans un rapport un pour 40.

Et en prime on arrête la guerre à en croire les Américains lesquels seraient ravis d’envoyer leurs porte-avions croiser dans des eaux plus calmes.

Hamas préfèrera sûrement poursuivre sa politique du salami. Il serait question de 4 jours supplémentaires. Contre quoi?

Tsahal poussera à la reprise des combats. Netanyahu hésitera comme à son habitude. 

Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval! ( Richard III acte V scène IV de William Shakespeare) Il joue sa survie encore tout étonné qu’on lui confie le direction de la guerre, lui qui est l’artisan de la débâcle du 7 octobre.

Notre Churchill ressemble davantage à Chamberlain. Arik Sharon (Zal) disait de lui qu’il était influençable, se stressait et perdait rapidement son sang froid. 

Nous voici une fois encore à la croisée des chemins: reprendre le combat ou prolonger la trêve.

Mais après les horreurs du 7 octobre, le peuple a besoin de sources de réjouissance. La libération d’otages remplit ce rôle. Netanyahu va donc leur en donner puisque le Hamas y est prêt.

Et les médias y prêtent la main puisque ces libérations leurs fournissent des images qui sont autant de scoops. Leur microphone est fermé aux trouble-fête. 

Mais un petit grain de sable peut à tout moment bloquer la machine. Pas plus tard qu'hier, des activistes du Hamas ont tiré par surprise sur les soldats de Tsahal violant ainsi la trêve et faisant quelques blessés.

Sans conséquence.

Demain ils tireront deux fois plus. Mais on ne dira rien. Libération des otages oblige. Dans le sud Liban la trêve est respectée, sauf que le Hezbollah a repris position sur la frontière. La population déplacée n'est pas prête à réinvestir les lieux.

La encore la réal politique du gouvernement laisse faire. La ligne rouge est bien floue.

Tout cela présage mal ce que sera demain si le Hamas reste au pouvoir. Le 6 octobre précède le 7 mais le 8 ressemble bien au 6.

Quelqu'un a paraphrasé un dicton célèbre: "Faire la guerre au Hamas comme s'il n'y avait pas d'otages et s'occuper des otages comme s'il n'y avait pas la guerre".

Les troupes allemandes étaient aux portes de la Palestine en 1942 alors que la Hagana luttait contre la limitation de l'immigration fixée drastiquement par le Livre Blanc britannique.

« Nous aiderons les Britanniques dans la guerre comme s'il n'y avait pas de Livre blanc et nous lutterons contre le Livre blanc comme s'il n'y avait pas la guerre » (Ben Gourion lorsque la Brigade juive est créée dans l'armée britannique pour lutter contre les Nazis)

Il est certain qu'en s'enrôlant dans l'armée anglaise le Yeshuv (Juifs de Palestine) a marqué des points pour la création de l'Etat en 1948.

Il est moins sur que la politique actuelle permette d'éradiquer le Hamas, mais sans la libération de tous les otages, Israël s'effondrera de l'intérieur.

C'est du moins l'opinion majoritaire en apparence.

Raison pour laquelle ce scénario ne devait jamais se produire. Mais au pays des miracles, tout est possible même le pire!

Commentaires

  1. Terrible ton analyse. Et si juste. Mais que faire ? Nous voyons les mâchoires du piège se refermer et, une fois de plus, Israël ne pourra pas finir le sale boulot… mais il n’est pas totalement impossible que nous nous trompions.

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  2. Très juste. Malheureusement.

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  3. Hélas il y a eu plus qu'un grain de sable à l'arrêt de bus.
    Façon de se rappeler de quoi ils sont capables.

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  4. Vous oubliez la haine inextinguible entre les chefs croisés, Gui de Lusignan et simon de Montfort si j’ai bonne memoire.
    En Israel , la haine entre les « laïques » et les religieux est en train de monter. Et en 2050 ces derniers représenteront 39 % de la population; l’Iran attend son heure et joue sur les ruptures internes d’Israel

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