Lettre 219 Le contraire est peut-être vrai

 Vous connaissez tous les pointes d'humour juif.

"Deux juifs, trois opinions différentes."

"Dans Tsahal, les simples soldats sont priés de ne pas donner de conseils aux officiers supérieurs."

Une autre expression courante préconise de réfléchir "en dehors de la boite".


Symbole du MOSSAD  

(Institut pour les renseignements et affaires spéciales)

Sa devise est : « Quand la prudence fait défaut, le peuple tombe. Le salut est dans le grand nombre des conseillers ».


Il existe enfin une expression en araméen "IPH'RA MISTABRA" qui nous vient du Talmud Bavli compilé à Babylone par la diaspora juive autour du 6ème siècle.

Traduction: "Le contraire est vrai"

Selon ce principe, ce qui apparait comme logique aux yeux de tous s'avère inexact et que le contraire doit s'appliquer.

C'est une forme de paradoxe, le contraire de la doxa, et l'illusion d'une vérité d'apparence qui se doit d'être combattue.

Réfléchir en dehors de la boîte! Développer des idées à contre-courant.

Les services de renseignements israéliens ont développé un axiome qui veut qu'un soldat, quel que soit son grade, doit pouvoir dire à un haut responsable "Tu te trompes".

A cet effet, une petite unité du renseignements a été constituée dont la fonction est précisément de développer une conception opposée à celle communément admise par la doxa militaire.

Son origine fait suite aux conséquences dramatiques de la guerre du Kippour pendant laquelle la conception voulait que l'armée égyptienne n'était pas prête pour la guerre et qu'elle n'attaquerait pas. 

Personne n'est venu combattre cette pensée unique qui a couté beaucoup de vies alors que de multiples indices militaient pour une opinion contraire.

La commission Agranat a estimé que le service de renseignements avait failli gravement dans l'interprétation des données.

Cette section spéciale du service d'information de Tsahal abolit la hiérarchie et donne la possibilité à ses intervenants de saisir directement l'échelon le plus haut sans avoir à passer forcément par ses chefs de service.

La réflexion de cette section se fonde sur la connaissance de l'adversaire, se mettre dans sa tête, dans ses pensées, comprendre sa stratégie non par rapport à notre culture, mais la sienne.

Avec une logique qui peut être différente, contraire, voire absurde.

Projetons ce concept sur ce qui s'est passé le 7 octobre. La doxa voulait que le Hamas était devenue une organisation rationnelle, qu'il avait pour but l'amélioration des conditions de vie de sa population et qu'il ne voulait risquer de les dégrader par une attaque.

Malgré la date sensible du 50ème anniversaire de la guerre du Kippour, personne n'a remis en question la conception en cours. 

Après la guerre du Kippour et sur la base des conclusions de la commission Agranat, une réforme du service de renseignements a été entreprise. Mais aucune réforme ne permet d'éviter les échecs en cas d'attaque surprise.

Savoir qu'une attaque surprise peut intervenir ne suffit pas, il faut savoir quand. 

On sait que des observatrices du renseignement avaient alerté sur des mouvements suspects la veille du 7 octobre ce qui impliquaient de renforcer les défenses.

Elles n'ont pas été entendues et leur interprétation a été considérée comme illusoire. On peut imaginer que sur cette base, la section spéciale aurait pu prendre le relai et sur cette base, alerter les plus hautes instances sur l'imminence d'une attaque.

Il semble que lorsqu'on met en place une section qui prend systématiquement le contre pied de la conception générale, on l'écoute poliment mais on fini toujours par maintenir la décision initiale.

Au final, il y a une forme de défiance contre un corps dont le rôle est de toujours "être pour ce qui est contre et contre ce qui est pour!"

Il faut croire que même avec l'ennemi le plus cruel, celui ci peut se revêtir d'une peau de mouton.

Mais comme dans la fable d'Esope, le loup revêtu d'une peau d'agneau se faufile dans la bergerie, est confondu par le berger comme un agneau, et il le tue pour se nourrir.

Tel est pris qui croyait prendre.

Les historiens prétendent que toutes les guerres déclenchées par surprise ont pris fin par la victoire de l'attaqué.

Ce fut le sort de la blitzkrieg déclenchée par l'Allemagne nazie. Et généralement, l'attaque surprise déclenche une réaction disproportionnée.

A bon entendeur, salut!!


Pour en savoir plus et être informé par Tsahal en live, rendez-vous sur son site Internet:

https://www.idf.il/fr/

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