Lettre 223 Otages contre fin du conflit

Deux questions tenaillent la société israélienne.

Si Tsahal localise Yahya Sinouar, le chef militaire du Hamas dans un tunnel protégé par des otages, faut-il faire une frappe létale?

Si Hamas propose de libérer les otages contre un arrêt des opérations, faut-il accepter?


Yahya Sinouar

Après près de 100 jours de détention dans des conditions manifestement inhumaines, sans voir le jour, sans soins et une sous-alimentation, la société israélienne s’interroge légitimement sur le sort des otages ce d’autant plus que les négociations sont à l’arrêt. 

Il lui semble que les affirmations du cabinet de guerre qui prêche l’éradication du Hamas paraissent illusoires pour deux raisons:

* On ne fait pas disparaître une idéologie. Tout au plus peut-on en réduire la force de nuisance. C’est la position de Biden qui milite pour un arrêt rapide du conflit.

* Il est illusoire de continuer cette guerre pendant des mois, avec tant de familles déplacés, de soldats mobilisés, de décès au front, avec un coût disproportionné, et une guerre au Nord redoutée en raison du surarmement du Hezbollah.

Telle est la position d’une partie non-négligeable de la population.

La question du sort des otages vient se coupler avec ces difficultés matérielles et la perte de foi dans la légitimité de la politique suivie par le gouvernement.

Et voilà que rebondit la question qui n’a pas quitté les coulisses du théâtre des opérations: Ce gouvernement et Netanyahu sont-ils légitimes à mener cette guerre alors qu’ils sont responsables de la crise sécuritaire qui a amené au 7 octobre.

Et accessoirement, Biden a t il raison d’accuser Netanyahu de prolonger le conflit par intérêt personnel ?

La conception selon laquelle seule une pression extrême contre le Hamas permettra de revenir à la table des négociations prend du plomb dans l’aile car  6 semaines se sont passées depuis la dernière libération sans le moindre résultat.

De plus, cette conception n’est autre que l’abandon des otages à une éventualité hypothétique. La première libération de 100 otages ne semble pas avoir été causée par la seule pression militaire, mais par le nombre trop important d’otages à gérer et la pression internationale et arabe. L’Islam interdit de s’en prendre aux femmes et enfants.

C’est sous cet éclairage que la réponse aux questions doivent être examinées.

Sur l’extermination de Sinouar, la vie d’un seul otage a plus de valeur que la sienne. Sa disparition affaiblira certes le Hamas, mais ne garantit en rien sa soumission. Un autre terroriste prendra sa place, et peut être pire que lui.

Son départ à l’étranger contre libération d’otages serait préférable.

Sur la fin du conflit contre libération de tous les otages, le casse-tête n’est pas à l’ordre du jour. Hamas n’est plus intéressé.

Mais cette offre reparaîtra lorsque le Hamas aura compris que le moment est opportun. Que la société israélienne est prête à l’accepter; que Tsahal sera placé devant la difficulté des combats en zone habitée avec des pertes cumulées; que la communauté internationale sera alertée par le désastre humanitaire qui menace.

Ce temps est proche. L’hiver fera son œuvre.

Demain, la Cour de Justice de la Haye va statuer sur la demande de l'Afrique du Sud quant à l'arrêt immédiat des opérations militaires. Si elle donne suite à cette demande, les Américains feront pression sur Israël pour que cette décision soit respectée. 

Il faudra choisir entre le Hamas et les otages. Encore une fois, s’il y a des pays qui peuvent faire la guerre en abandonnant les otages à leur triste sort, ce n’est pas le cas dans le pays des survivants de la Shoah.

Mais attention. Ceux qui pensent naïvement que le Hamas libérera demain 136 otages contre la promesse d’une cessation des hostilités pendant 6 mois ou un an se trompent lourdement. 

Hamas demandera retrait immédiat de Tsahal de toute la bande de Gaza et les libérera au compte goutte, et en tout ou en partie.

Le gouvernement dans sa composition actuelle refusera ce deal.

Netanyahu semble vouloir poursuivre la guerre sans considération des réticences qui s’expriment avec de plus en plus de force.

Il a demandé aux hôpitaux de se préparer à recevoir des milliers de blessés et à libérer un maximum de lits!!

La guerre au Sud-Liban paraît inévitable puisque le Hezbollah se maintient sur le frontière et bombarde sans relâche.

Il semble que certaines localités frontalières vidées de leurs habitants soient partiellement détruites.

Le pont aérien par lequel les Américains fournissent l'armement nécessaire à Israël leur donnent quelques droits d'ingérence.

Ils n'hésitent pas à soutenir que Netanyahu mène une politique guerrière pour servir ses intérêts personnels et éviter d'avoir à rendre des comptes à la nation.

Ils ont déjà retiré un porte-avions. C'est un signe de leur désengagement.

En attendant, la guerre va encore faire des ravages pendant une période estimée à un an! Et au Nord, le torchon brûle. Les Israéliens ne sont pas habitués à une guerre longue.

On est réduit à tirer des plans sur la comète.

Dicton israélien: Les hommes font des plans et D.ieu en rit!!

האדם מתכנן ואלוהים צוחק


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