Lettre 224 Le génocidé travesti en génocidaire

Petit voyage en absurdie.

Le premier film du cinéma muet s’intitulait « L’arroseur arrosé » des frères Lumière en 1895 et représentait un jardinier arrosant son jardin qui finalement recevait le jet de son tuyau en pleine poire!

Désopilant.

La suite l’est moins.


Cour de justice internationale de la Haye

C’est précisément le scénario qui se joue à l’envers devant le tribunal international de la Haye chargé de régler les différents entre pays membres de l’ONU dont Israël fait bien entendu partie.

Cette haute juridiction à caractère civil ne doit pas être confondue avec son homologue pénal (CPI) dont Israël ne reconnaît pas la compétence estimant que seules ses juridictions internes sont habilitées à juger les crimes et délits commis dans son pays.

Mais le chemin n’est pas loin! (Même adresse, Palais de la Paix La Haye)

L’Afrique du Sud a saisi cette juridiction internationale en reprochant à Israel de commettre à Gaza un génocide (pas moins que ça) et elle demande à titre provisoire qu’une cessation des combats soit décidée.

A priori, cette action n’a aucun sens commun. 

Deplus, sur le plan juridique, il n’y a pas de précédent qu’un pays non concerné saisisse le tribunal d’une requête sur un litige qui ne le concerne pas.

Regardons y de plus près sans œillères.

Il convient ici de ne pas négliger les conséquences éventuelles d’une telle décision péremptoire car elle s’imposera sur le plan international et peut comporter des conséquences graves concernant nos rapports commerciaux relativement à la fourniture d’armes.

Des manifestations monstres feront pression sur les différents États influents.

L’oncle Sam aura beaucoup de mal à poursuivre le pont aérien de fourniture d’armes en violation de cette délibération, laquelle ne concerne bien entendu que le conflit avec Gaza et non celui avec le Hezbollah du Sud-Liban.

L’accusation proférée contre Israel par l’Afrique du Sud concerne précisément l’application de la charte de l’ONU édictée après la deuxième guerre mondiale pour éviter une reproduction de la Shoah.(SIC)

Et une partie du monde considère qu’un génocide se produit à Gaza, alors que nous pensions précisément que cette accusation s’appliquait aux actes criminels perpétrés par les activistes du Hamas le 7 octobre.

La guerre déclarée par le Hamas et sa barbarie légitimait notre réaction dans un conflit asymétrique donc forcément disproportionné.

Mais n’avons-nous pas franchi une ligne rouge dans la fougue des opérations militaires? Par destructions massives, déplacements de populations civiles, dommages collatéraux….

La question peut paraître déplacée en Israël, mais elle sera au centre des débats juridiques. Les causes de la guerre seront ignorées et seules les agressions contre la population retenues. La saisine du tribunal délimite son champ de compétence. Dura lex sed lex.

Mais l’ironie du «génocidé» devenu génocidaire est une insulte à notre peuple.

Aucune guerre n’a jamais opposé une armée aussi morale que Tsahal contre un adversaire terroriste aussi cruel.

C’est là que se trouve l’asymétrie.

Mais le monde civilisé ne reproche pas à une organisation terroriste de terroriser. Il la combat ou la subit car il n’existe aucun tribunal pour la juger.

Le Hamas est exempt de toute juridiction. Il est condamné de plano mais il ne sera pas au banc des accusés. La grande Arlésienne!

Et ce n’est pas en égrenant les horreurs qu’il a commises qu’on pourra se justifier devant cette instance. Ces arguments sont hors sujet, et Macron l’a bien résumé : le peuple n’a pas à payer pour les crimes commis par ses dirigeants.

C’est dur à entendre, mais depuis 1945, les règles ont été redéfinies. Ce qui s’est passé à Dresde, Londres et au Japon sont autant de crimes de guerre. Mais c’était dans le monde d’avant.

On a certes fait une exception pour DAESH en Irak, mais la coalition a plus de poids qu’Israël.

Si Israël peut être considéré comme le bras armé d’une coalition internationale contre le terrorisme, il se doit de respecter les règles de la guerre même s’il combat un ennemi qui les viole en permanence.

Le cas des otages en est l’illustration.

Mais le mot génocide a un sens, une définition, un poids historique que les ennemis d’Israël manipulent aisément.

« Netanyahu pire que Hitler, sionisme mouvement nazi». Souvenez vous de la parole du secrétaire de l’ONU: "les évènements du 7 octobre ne viennent pas de nul part mais découlent de 56 années d'occupation".

Mais quels arguments peut-on opposer à l’accusation de génocide.

Certes, cette guerre déclenchée de façon sanguinaire par le Hamas légitime une contre attaque jusqu’à soumission de l’adversaire.

Mais dans un espace restreint avec la densité de population la plus forte du monde, chaque bombe est l’occasion de « dégâts collatéraux ».

Dans tout conflit, les populations sont évacuées des zone de combat pour leur protection. Mais le Hamas a utilisé sa population comme bouclier humain et a entravé son départ vers le sud comme Tsahal l’y invitait.

Malgré cela, près d’un million de Gazaouis ont migré au sud et ceux qui sont restés se sont exposés aux bombardements massifs qui ont sévi. Volontairement ou par contrainte?

Ce fait est volontairement ignoré par l’accusation.

Le chiffre de 23.000 victimes, civils et terroristes, comptabilisé par le Hamas est admis par tous faute de contrôle possible. On suppose qu’un tiers concerne les activistes du Hamas.

Le chiffre donnent certes le tournis, mais dans les combats dans la partie nord, un million de personnes ont été épargnées grâce aux appels réitérés de Tsahal qui a mis en place un couloir sécuritaire pour accéder à la partie sud.

Le génocide eut été de bloquer la population dans une souricière et la soumettre volontairement aux bombardements sans distinction.

Ici encore l’accusation de génocide s’applique au Hamas qui a tenté de l’empêcher de fuir et l’a ainsi mise en danger.

Et voilà le dilemme. Dans un conflit où l'un des belligérants s'exonère des règles les plus élémentaires de la guerre, est qualifié par la communauté internationale comme groupe terroriste, peut-on exiger par celui qui est attaqué une totale intégrité? Sachant que c'est précisément sous couvert de lois de la guerre que l'adversaire ne respecte pas, qu'il se protège et se rend intouchable. 

L'asymétrie du respect des règles permet elle une  entorse modérée ou contrainte pour aboutir à la victoire? Le terrorisme est en soi une aberration aux lois. La loi doit-elle entraver l'action? Servir ceux qui la desservent.

Encore un point ignoré par l’accusation et qui a été développé par la défense. 

Cette question est fondamentale dans un monde où le terrorisme devient quotidien.

Et pas un mot pour exiger la libération des otages ou pour le moins, une visite de La Croix Rouge. 

Un jour, un collecteur de fonds pour les bonnes œuvres juives s’était adressé à un riche commerçant en lui vantant les possibilités de déductions fiscales en cas de dons. Il s’était vu répondre: « Vous ne m'apprenez rien, mais moi je donne à La Croix Rouge française. »

Il est vrai que ça donne une bonne image de citoyen exemplaire face à son inspecteur des impôts.

Cette œuvre humanitaire internationale s’est discréditée, tout comme Médecins du Monde et l’UNWRA.

Mais ça nous fait une belle jambe!

A-t-on suffisamment prêté attention aux critiques, aux messages de Biden? Les soldats ont le nez dans le guidon et on nous répète qu’il faut rester solidaires et ne pas faire de politique.

Mais la guerre à outrance aura un prix. Que rester a-t-il de l’image d’Israël? En répétant les mêmes slogans, ne perd on pas notre objectivité?

Israël a dépêché le président de la cour suprême à la retraite Aron Barak pour la représenter, celui-là même très critiqué pour ses prises de position protectrices des droits de l’homme entravant parfois l’action contre les terroristes.

Il sera parmi les 15 juges le seul rescapé de la Shoah. Une référence, respecté comme juriste émérite. Il est bien placé pour rappeler qu’un génocide suppose l’intention d’anéantir un peuple. Cette notion n’existe que dans la charte du Hamas envers le peuple juif.

Mais en affirmant qu’il fallait éradiquer le Hamas, l’anéantir et le faire disparaître, ces propos ne sont-ils pas maladroits puisqu’elles peuvent s’entendre comme s’appliquant également au peuple qui le soutient.

Pourtant, lorsque la question de l’aide humanitaire s’est posée, l’hypothèse d’un blocage total jusqu’à libération des otages a été envisagé. Mais rapidement, cette option a été abandonnée en rappelant que Tsahal est une armée qui ne s’en prend pas à la population. Et jusqu’à ce jour, 136 otages demeurent détenus dans des conditions inhumaines.

La cour rendra sa décision sur le prétendu génocide après une procédure très longue, mais dans une semaine elle se prononcera sur la mesure provisoire de cessation des combats.

Cette décision est plus que vraisemblable. Comment pourrait il en être autrement: ce serait valider la poursuite d’un massacre de civils aux yeux du monde. No way.

Et le gouvernement de droite extrême est certainement l’une des causes d’une telle décision et ils donnent une image déplorable d’Israël.

Pourrait-elle être assortie de la condition de libération préalable des otages?

Cette décision aura force exécutoire mais de simple principe. Seule une saisine du conseil de sécurité pourrait permettre l’envoi du contingent pour la faire respecter. Les USA pourrait y mettre leur véto. Ou s’abstenir, pression populaire et électorale obligent.

Mais cette décision apportera de l’eau aux moulins des familles d’otages qui exigent l’acceptation de la dernière proposition émise par l’Egypte: Fin du conflit, évacuation de Tsahal de Gaza, échange de tous les otages contre les détenus de sécurité et les prisonniers terroristes.

La conséquence serait simple: la bande de sécurité demeurera en territoire israélien.

Une vraie déculottée.

Soyons toujours attentif aux paroles de nos opposants, même si elles nous paraissent déplacées.

Elles ne sont absurdes que pour nous.

Entrer en guerre est une chose, en sortir est une autre paire de manches. Attention de ne pas sombrer dans une victoire à la Pyrrhus.

Citation du jour:

Mon D.ieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge. (Voltaire)

 

Commentaires

  1. Toujours aussi éloquent et convaincant.. je pense que tu serais bien inspiré de t’envoler pour La Haye … en tous cas merci pour exprimer si justement notre pensée profonde
    À très vite de te revoir et préserve toi

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14