Lettre 226 Qui fera tomber Netanyahu?

 Et voilà que les familles d’otages montent au front.

Page complète dans les Dernières Nouvelles

"Nous avons besoin d'un leadership fédérateur qui évitera une scission du peuple: Il faut des élections"

Jusqu’alors, les familles manifestaient par leur présence à Tel Aviv sur la place dites des otages de façon très symbolique.

Désormais elles montent le siège devant la demeure privée de Netanyahu à Césarée et bloquent l’axe routier majeur Ayalone.

Quelle mouche les a piquées? Après 106 jours de captivité, elles savent que les chances de survie réduisent et accusent le cabinet de guerre d’abandonner une deuxième fois les otages.

Libération de suite et à tout prix. Même s’il faut arrêter la guerre et sortir de Gaza. Libérer tous les terroristes. Car telles sont les exigences du Hamas lequel attendait cette révolte. 

Il a donc refusé toute autre négociation. Et c’est ce qui se produira. 

Visiblement Sinouar connaît mieux la société israélienne que Bibi.

En annonçant avec entêtement que cette guerre va durer des mois, voire des années, à quoi s’attendait il?

La société israélienne n’est plus celle de 1973. Elle a évolué, s’est modernisée et n’acceptera pas de se taire lorsque le gouvernement lui demandera de souffrir sans être persuadée que le jeu vaut la chandelle.

Car cela suppose une parfaite osmose entre le peuple et ses dirigeants.

Or cette guerre a éclatée précisément en raison de l’affaiblissement de la cohésion face à une réforme à connotation dictatoriale, ce qui a persuadé Hamas que le moment était venu d’attaquer.

Et cette fracture recouverte par l’esprit de vengeance ressurgit alors que les avancées sur le terrain tardent et que le peuple commence à comprendre que les slogans de Bibi s’inscrivent dans un temps long, incompatible avec les contraintes quotidiennes.

Avec quel argent Bibi entend il se lancer dans une guerre totale tout en s’asseyant sur les exigences américaines. Avec quels soldats? Les réservistes appellent déjà au secours tant leur situation financière est catastrophique.

Mais c’est la question des otages qui va changer la donne. Les familles entament un combat inattendu contre le gouvernement et divers groupements emboîtent le pas dans une délégitimation collective ce ceux qui sont à l’origine du chaos.

L’option du retour aux urnes est scandée comme une bouée de sauvetage pour remettre la politique au centre du débat.

Le moment serait-il venu!

L’ex chef d’état major Eisenkot qui siège au cabinet de guerre restreint et dont le fils est mort au front a donné une interview lourde de sens.

Il a déclaré qu’en aucun cas la pression militaire ne permettra la libération des otages, que les objectifs militaires étaient loin d’être atteints, que le peuple avait droit à la vérité et qu’il fallait prochainement le consulter par des élections permettant de rétablir la confiance.

Un pavé dans la mare!

Les sondages donnent le centre largement gagnant de sorte que Bibi fera tout pour contourner l’obstacle et a déjà refusé cette hypothèse. Le temps est à la guerre. Pas à la politique.

Plus que jamais où va Israël?

Comment la question palestinienne est-elle revenue au centre des interrogations?

La guerre totale suppose une oppression renforcée contre les Palestiniens et une occupation de territoires que nous avions quittés, tant au Liban qu’à Gaza.

Inversement, la création d’un État palestinien que le monde occidental et arabe appelle de ses vœux est-elle de nature à éviter ces affrontements mortifères.

Voilà la question qui va enfler et dont Bibi est ses associés ne veulent pas entendre.

Netanyahu se présente comme le rempart à la création d’un tel État forcément terroriste.

Mais la guerre totale ne fera disparaître ni le problème ni le terrorisme et les attaques de missiles.

Et le prix à payer sera colossal.

Voyons de plus près quels sont les éléments de l'équation.

Accepter les exigences du Hamas et arrêter le guerre ou la continuer jusqu'à son anéantissement.

Dans les deux cas, les otages seront restitués.

Comment?

Dans le premier cas, par une négociation immédiate et un retour assez rapide des otages contre un abandon d'un niveau de sécurité assez aléatoire.

Dans le second cas, par une négociation bien plus tard quand le Hamas sera aux abois mais sans rendre les armes. On ne pourra pas l'éradiquer tant qu'il détiendra les otages. Il nous faudra passer par ses fourches caudines. Sinon chaque jour il nous enverra un cercueil.

Pas réjouissant.

La conception de Netanyahu selon laquelle on tuera les terroristes jusqu'au dernier, il en reste 20.000 sur 30.000, est une illusion. Et le temps qui passe réduit les chances de retrouver les otages vivants.

La troisième option est celle soutenue par Joe Biden et les Etats arabes. Concrétiser les accords d'Abraham validés par Netanyahu et prévoyant un Etat palestinien. Reconstruction de Gaza à coup de milliards de dollars et mise en place d'un gouvernement confié à l'Autorité Palestinienne rénovée.

Ici par contre, personne n'explique comment on obtient la libération des otages sauf à mettre le Hamas dans le gouvernement et on sait comment ça se termine.

La différence, c'est qu'en suivant cette option, la guerre se poursuit avec l'appui des USA jusqu'à accord avec le Hamas.

Et on coupe l'herbe sous le pied à l'Iran.

Mais en attendant, le gouvernement se tait sur l'option du jour d'après.

Bibi veut engager une guerre de cent ans. La haine va augmenter des deux côtés, la sécurité exigera un prix que nul n’est prêt à payer.

Les Palestiniens sont notre problème et ils ne disparaîtront pas. A nous seuls de le régler. Le monde est prêt à nous y aider. 

La politique de Netanyahu favorisant le Hamas pour mieux affaiblir l’Autorité Palestinienne lui revient comme un boomerang.

La Judée-Samarie est inféodée au Hamas et l’Intifada menace.

Encore une « conception » qui mène au chaos.

Il est temps de remettre la synagogue au centre du village.

Chaque jour qui passe, la fièvre des otages va monter, les opposants au gouvernement vont mettre du sel sur les plaies, ces disputes vont s'immiscer dans le corps de l'armée.

Les jours de Netanyahu semblent comptés.

Nombreux sont ceux qui le souhaitent, attendent sa chute.

Il fallait pour cela un évènement. Il a choisi la guerre en abandonnant les otages. 

Le sort des otages scelleront le sien.

Israël préfère leur libération à la mort de Sinouar. 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14