Lettre 227 Un plan Marshall pour le Moyen-Orient

 En 1967 lorsque De Gaulle décréta un embargo sur la vente d’armes à Israël, le gouvernement de Levi Eshkol se tourna vers les USA, pays ami qui depuis lors n’a jamais réduit son aide massive.


Général George Marshall
Un plan pour l'Europe contre l'URSS
Un plan pour le Moyen-Orient contre l'Iran


Depuis trois mois, Netanyahu entend les appels du pied de Joe Biden à modération, mais il mène une politique populiste de vengeance et de guerre jusqu’au-boutiste.

Les résultats sont probants à un détail près: les otages se meurent. Les soldats aussi.

Et si Biden se fâche et finit par suivre son opinion publique pour être réélu, vers qui nous tournerons nous?

Nada!

L’attaque surprise du 7 octobre a été un choc tel un coup de massue qui nous a rendus groggys. 

Avec le recul, il est évident que ceux qui ont loupé une marche allaient nous promettre une raclée sans précédent pour faire oublier leur incurie.

Ainsi la stratégie de Netanyahu est de faire oublier son incurie pour devenir le vengeur, celui qui a sauvé Israël en rétablissant l'ordre sécuritaire.

Et de préparer le peuple sur une guerre de longue haleine et de se maintenir jusque la au pouvoir.

Mais en tapant sur les doigts et non au cœur, cette guerre totale ne va que répéter un scénario connu de tous: des morts, des destructions, une occupation, une faillite financière et, cerise sur le gâteau, une sécurité éphémère.

Bref on prend les mêmes et on recommence tel Sisyphe dans sa course éternelle, poussant sans relâche une lourde pierre vers le sommet et qui finit toujours par retomber.

Et voilà qu’en plein sprint, Biden nous propose une solution inacceptable en apparence: baisser la culotte.

Il faut répéter à l’envi cette inconnue trop connue de l’équation: la question palestinienne est à notre charge. Ils étaient là avant la création de l’Etat, ils ne disparaîtront pas mais au contraire se multiplient.

Alors que Netanyahu avait réussi à l’enterrer bien profond, elle ressurgit comme le diable de sa boîte.

La leçon du 7 octobre est d’une simplicité biblique: pas de sécurité sans solution y compris avec son pire ennemi.

Il est affaibli, aux abois, le moment est venu car ceux qui s’en lavaient les mains, sont prêts à mettre la main à la pâte. L’Amérique et les pays du pétrole sont d’accord pour financer le redressement de Gaza et du Liban.

Ces deux bastions corrompus par la main de l’Iran. Comment mieux combattre la tête de la pieuvre qu’en déversant des milliards de dollars et faire reculer la misère où se niche le terrorisme.

Le pari est risqué, mais 75 ans de misère palestinienne n’ont fait que pourrir une population nourrie à la haine largement diffusée par l’Iran.

Biden essaie de nous faire comprendre que nous nous sommes trompés de cible. Il faut retourner les Palestiniens contre l’Iran. Seul un plan Marshall  peut être plus fort que l’idéologie mortifère.

Mais pour cela il nous faut manger notre chapeau et il est dur à avaler. Avec le risque de ne rien changer.

Nous allons perdre l’Alsace et la Moselle. Fini le grand Israël de la mer au Jourdain. Mais un petit pays comme Israël ne peut se battre indéfiniment contre un ennemi impitoyable et contre le monde entier.

Une porte s’entre ouvre. Dans l’immédiat ça ne coûte rien de la passer. Hamas a perdu toutes ses structures militaires. Le travail a été accompli. Le danger écarté. 

Seule la paix des cœurs pourra garantir un retour à la sécurité. Le peuple palestinien doit faire ce chemin.

Il n’a d’ailleurs pas d’autre choix. Le deal est trop prometteur, il suffit de trouver « the right man in the right place». Il existe forcément. L’un d’entre eux est en prison en Israël. Mais les terroristes israéliens qui ont détruit l’hôtel King David (près de 100 morts) en 1946 ne sont-ils pas ceux qui ont dirigé le pays?

C'est ici que deux versions s'affrontent.

Biden effaré par l'attaque du 7 octobre en a tiré pour conclusion qu'il fallait régler la question palestinienne par la création d'un Etat indépendant. Il répond ainsi aux vœux de la majorité des Américains.

Il y voit l'opportunité de transformer la catastrophe en accord providentiel qui le fera entrer dans l'histoire.

Netanyahu a abouti à la conclusion contraire: tous les Palestiniens sont à combattre; il ne peut y avoir de dialogue avec eux. Ils sont sans foi ni loi. 

Il s'agrège ainsi l'approbation du peuple.

De coupable du chaos, il se mutera en héros national.

Cette opposition idéologique les engagent dans un affrontement inévitable.

C'est la raison pour laquelle Biden a décidé de passer au-dessus  de la tête de Netanyahu en s'adressant directement au peuple par diffusion de son projet.

Dressons le portrait des deux options.

Netanyahu veut poursuivre une guerre de guérilla à Gaza, envahir le sud Liban contre la volonté de Biden. Pendant la guerre du Liban en 2006, Israël a perdu 700 soldats en trois semaines. 

Ce plan suppose une guerre longue, puis une occupation, un marasme économique, avec la menace d’une guerre directe avec l’Iran et ses affidés. Une Intifada en Judée Samarie. Des nouveaux camps immenses de réfugiés à Gaza, terreau fertile du terrorisme. Des missiles des Houtis et une mer Rouge bloquée.

Et le retour des otages en cercueils car Hamas durcira sa position.

Bref, tout le mal que l’Iran nous souhaite.

Le plan Biden offre la possibilité inverse et propose un deal ambitieux à la population israélienne:

Libération des otages en 90 jours, cessation des combats, libération de détenus terroristes, désarmement de Gaza, plan financier de reconstruction et renflouement de l’économie du Liban, normalisation avec l’Arabie Saoudite, création d’un État palestinien avec gouvernance de Gaza mixte incluant le Hamas et force internationale pour assurer la sécurité.

Dur à accepter mais ça ne nous coûte rien. Les buts fixés sont presque totalement atteints, on évite une guerre meurtrière et on met un coin dans l’œil de l’Iran.

On passe aux élections et le peuple resserre ses liens.

Bibi retourne à la vie civile et obtient sa grâce dans ses dossiers pénaux.

Il nous faut choisir le bon numéro du Loto!

Jamais Israël n’a été aussi proche de la solution ou de l’abîme.

L'histoire parait trop belle. En solutionnant une crise extérieure, on se heurtera à la pire crise intérieure: celle des colons résidant en Judée Samarie devenue indépendante. Leur idéologie est leur force. Ils ne se laisseront pas démonter.

Il faudra un homme providentiel pour trancher le nœud gordien. Est-il né? Beaucoup en doute. Mais la fonction transcende.

Il faut parfois savoir agir contre les réactions épidermique du peuple. De Gaulle n’avait-il pas dit « je vous ai compris! »

On ne fait jamais la paix qu’avec ses ennemis.



Commentaires

  1. Un superbe article clair et explicite! Tout y est, la situation , les possibilités, les difficultés ....mais d'où viendra LA solution ......... Malheureusement les extrémistes des deux bords ne comptent pas accepter cela sans combat, soit pour protéger un idéal de grandeur irréalisable soit pour sauver un fond de commerce alimenté par l'Iran .
    Mais il reste l'espoir et la sagesse du peuple d’Israël !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14