Lettre 231 Les tunnels du Hamas

L'histoire du réseau souterrain creusé par le Hamas et estimé à près de 1.000 km, remonte à plus de 30 ans.


Alors qu'Israël occupait militairement la Bande de Gaza, des particuliers ont creusé des tunnels de contrebande sous la frontière égyptienne leur permettant de développer un commerce florissant, mais aussi d'introduire des armes avec la complicité du régime égyptien d'alors.

On estime à 1.200 le nombre de tunnels creusés tant par des personnes privées que par les terroristes du Hamas sous ce qu'on appelle le Tsir Philadelphi.

C'était en son temps l'activité dominante qui accaparait un nombre important de travailleurs.

Le nouveau régime d'Al Sissi a mis fin à cette tolérance et a ordonné la destruction de la majorité des tunnels de contrebande. Il en demeurerait encore un grand nombre.

Après le départ d'Israël, le Hamas a entrepris le creusement de tunnels qui devaient permettre de passer sous le frontière israélienne et attaquer des localités périphériques dite de l'enveloppe de Gaza.

Ces galeries ont été découvertes et détruites en 2014 et Israël a mis en place une clôture de sécurité avec des fondations profondes écartant la menace.

Parallèlement, le Hamas a entrepris le creusement d'un réseau complexe de tunnels quadrillant la totalité de son territoire, principalement sous Khan Younes où les combats se déroulent actuellement.

Ainsi le Hamas a acquis une expérience technique dans l'édification de ce réseau, technique bien connu de ceux qui ont grandi et vécu en zone minière.(Sic)

Il semble que le Hamas a acquis cette connaissance en Corée du Nord, pays réputé pour ses réseaux de tunnels et bunkers d'une longueur de 5.000 km.

Trois problèmes doivent être résolus:

1) Le forage en zone de sable permet une progression très rapide. Il faut néanmoins assurer la stabilité du "toit". Des modules de béton ont été posés.

Demeure la question de l'évacuation du sable que personne ne s'est posée. Il s'agit de 1.000.000 mètres x 4 m3 = 4.000.000 m3 soit 100.000 camions de 40 tonnes.
Où ont ils déversé leur sable ? Dans la mer ?

2) La nappe phréatique qui peut être affleurante et provoquer des remontées d'eau et l'inondation des galeries.
Leur profondeur est limitée à + - 50 mètres selon les endroits.

3) L'aération sans laquelle le séjour est impossible. Un système de ventilation par tubes a été mis en place alimenté par des ventilateurs fonctionnant avec de l'essence. 

Ce réseau devait parer à deux objectifs:
- Mettre les terroristes à l'abri des bombardements
- En cas d'invasion, retarder les combats jusqu'à ce que la pression internationale force Tsahal à se retirer en raison des dommages causés à la population.

C'est ainsi que selon les plans et informations recueillis par les services de renseignement auprès des terroristes qui ont été capturés, trois types de tunnels ont été construits.

1) Des tunnels tactiques de combat à une faible profondeur (Quelques mètres) et à hauteur d'homme permettant le passage rapide de quelques terroristes surgissant d'un orifice pour attaquer des soldats ou un tank.

2) Des tunnels opérationnels de plus grande largeur et plus profonds permettant le passage d'un grand nombre de terroristes notamment sous les centres stratégiques tels Gaza-ville ou Khan Younes. Ils permettent aussi une circulation rapide au moyen de petits véhicules (Motos, petites voiturettes...) 
Ils sont connectés à l'extérieur avec des vigies placées sur des bâtiments voisins qui transmettent des informations sur la position des troupes de Tsahal.

3) Des tunnels stratégiques permettant de longs séjours en sous-sol du commandement. Ils comportent de véritables appartements avec eau gaz et électricité. C'est dans ces tunnels profonds (Entre 30 et 50 mètres) que les otages sont détenus à l'abri des bombardements. 
Ils sont parfois raccordés au jour avec des ascenseurs pour une fuite rapide. Les sorties sont souvent placées sous les hôpitaux, mosquées et autres bâtiments protégés par les lois internationales de la guerre.

Tsahal a développé des techniques de combat en zone souterraine permettant de limiter les pertes car pénétrer dans un tunnel est une aventure à haut risque.

C'est la raison pour laquelle Hamas n'a pas envisagé que Tsahal irait l'y chercher et n'a piégé que les entrées ou l'intérieur lorsqu'il les évacuait.

Le Hamas a aussi installé des portes blindées permettant d'isoler un secteur en cas de destruction par bombes perforantes. On sait que le souffle provoqué par l'explosion est capable de provoquer des dégâts terribles sur de grandes distances en zone de confinement. (Tel le coup de grisou suivi d'un coup de bélier pour les connaisseurs)

Ces portes permettent également de retarder l'avancée de l'armée et faciliter la fuite.

C'est la section spéciale OKETZ qui est chargée de la pénétration des tunnels. Elle utilise pour cela des chiens entrainés munis de caméras, des robots et des petits drones, évitant ainsi tout contact.

https://youtu.be/uwA7JNAIESQ

Cette section a perdu un nombre important de chiens et a lancé une campagne d'importation et de formation rapide pour renouveler son cheptel.

De cette façon, Tsahal espère atteindre des tunnels où les otages sont retenus. Le risque de porter atteinte à l'intégrité physique des otages est peu élevé puisque Sinouar les considère comme la monnaie d'échange à sa survie.

Tsahal progresse lentement et ne détruit un tunnel qu'après s'être assuré de l'absence d'otages.

Tsahal a développé le programme "Atlantis" destiné à introduire de l'eau de mer pour noyer les tunnels.

Mais aucune information ne filtre sur ce système dont l'efficacité semble discutée. Il faut éviter d'injecter de l'eau de mer dans la nappe phréatique et polluer celle-ci.

L'autre système consiste à introduire un "serpent" truffé d'explosifs et de le faire sauter sur une grande longueur.

Combien de tunnels reste-t-ils opérationnels ? Il est question de 80 % selon le Wall Street Journal.

Combien de temps faudrait il pour en venir à bout? Apparemment ce qui a été construit en 20 ans ne peut être détruit que par patience et longueur de temps. Des années !!!

Est-ce la raison pour laquelle Tsahal a décidé de se retirer de la partie nord de la Bande de Gaza?

On sait que c'est un champ de ruine, mais le travail n'est pas fini. Le Hamas y a repris position et installe des postes administratifs et de police provisoires.

Ainsi se confirme le refus du cabinet de guerre de se charger de l'administration le "jour d'après", ni par un gouvernement militaire, ni par une autre autorité. C'est donc le Hamas qui reprend la main pour se charger des 200.000 Gazaouis qui sont demeurés au nord.

Il semble qu'un désaccord profonde divise le cabinet de guerre sur cette question. Netanyahu a t il pour conception de laisser le Hamas se diviser pour le mieux combattre à Khan Younes?

Mais il faudra revenir sur les secteurs qui ont été abandonnés et y reprendre le combat! 

Il y a aussi une autre option. Refuser de mettre en place une autorité civile en maintenant le Hamas interdit aux Occidentaux de reconnaitre l'existence d'un Etat palestinien.

CQFD.

Et pendant que les pourparlers s'enlisent, le travail de sape se poursuit, lentement mais surement, ce qui permet d'espérer que le Hamas assouplira sa position.

Voila bien une saga qui n'aurait pas déplu à Emile Zola!!


Commentaires

  1. Et en effet il faut s'attendre à quelques dégâts miniers....( pour ceux qui" connaissent" comme il y est fait allusion dans la lettre)...
    On visitera ce reseau souterrain peut être un jour ... mais c'est fort improbable.
    Rien à voir en tous cas entre ces tunnels vertable métro urbain et ceux du viet cong au viet nam ( toujours pour ceux qui connaissent) â Cu chi non loin de l'ex Saigon ou l'on ne se tient pas debout , ( mon dos s'en souvient) peu profonds et en zone de jungle même si truffés ça et là de zone de repos et de soins pour les combattants.
    Non ici à Gaza on est loin de l'artisanat!!




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