Lettre 236 Biden veut la peau de Netanyahu

 Configurons l’image internationale d’Israël comme on configure notre prochaine voiture sur Internet!

Nous sommes loin ,très loin de l’image d’Epinal du kibboutznik juché sur son tracteur, bob (Kovate Tembel) vissé sur sa tête et le fusil à la bretelle.

Ce temps du pionnier qui défriche le désert est révolu.


Biden lors de sa venue en Israël (Source: JNS)

Mais progressivement, les hommes politiques qui ont dirigé le pays ont laissé une trace positive historique et bénéfique pour le pays. En 75 ans, la liste est longue. 

Mais ici encore ce temps est révolu.

Ne demeurent que quelques pays au monde qui nous soutiennent encore contre vents et marées.

Pourtant il y a deux ans encore, Israël caracolait en tête des pays d’avant-garde, la Start Up Nation.

Aujourd’hui, notre présence dans le concert des Nations est remise en cause. L’Eurovision refuse notre chanson, l’ONU nous condamne, nous sommes traînés devant les tribunaux internationaux.

Quelle descente aux enfers!

Faute à la guerre? Que nenni!

La faute à Bibi. (Si je suis tombé parterre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau c’est la faute à Rousseau……) 

Lui seul? Non, lui et son gouvernement de droite extrême.

Ou peut être la faute à ceux qui lui ont mis des casseroles judiciaires au cul! 

Depuis tout va mal. On a du mal à reconnaître son pays. Car la guerre, l’Israélien de base connaît la musique, il est bon citoyen, bon soldat, bon patriote.

L’armée est sa seconde famille, souvent sa raison d’exister, de conter ses exploits au coin du feu.

Depuis la réélection de Netanyahu et la formation d’une coalition à connotation de droite extrême, le vent a tourné. Biden a refusé de le recevoir à la Maison Blanche. La rencontre eut lieu à l’occasion d’une réunion à l’ONU, en catimini. 

Si Biden, ami convaincu d’Israel est venu nous soutenir quelques jours après le massacre, il s’est adressé au pays et non au gouvernement qu’il n’hésite pas à critiquer publiquement depuis.

En cela il répond aussi à sa base électorale qui prône l’arrêt des combats. Mais aussi à une partie importante de la société israélienne qui réclame des élections.

Il est allé jusqu'à annoncer que la carrière politique de Netanyahu touchait à sa fin. 

Une ingérence appuyée et très inhabituelle dont voici le dernier évènement.

Biden a déclaré que "Netanyahu causait à Israël plus de mal que de bien" et de sources autorisées, la maison Blanche a confirmé "qu'il y a une déception grandissante de Netanyahu et de son gouvernement. Ils ne font rien dans le bon sens, en partie pour des raisons légitimes, mais surtout pour des raisons politiques internes".

Netanyahu n'a pas maché ses mots en réponse: "Je ne comprends pas où Biden veut en venir. Mais s'il pense que je vais mener une politique contre la majorité de la population israélienne et ses intérêts bien compris, il se trompe doublement".

Emballez c'est pesé disent les bouchers!

En politique médiatique ça s'appelle "le torchon brûle" pas moins que ça.

Mais de quelle majorité est-il question? Joue-t-il au poker menteur en pariant sur sa perte aux élections de novembre et la victoire de TRUMP. 

De la même Maison Blanche a fuité l'information qu'il était possible que Biden fasse une nouvelle visite en Israël, mais pour s'adresser au peuple "au-dessus de la tête de Netanyahu".

Pour finir, le représentant des sénateurs démocrates américains a exhorté Israël de prendre le chemin des urnes déclarant que Natanyahu avait perdu le Nord. « Il met sa survie politique au dessus des intérêts d’Israël ».

En réponse, ce dernier a affirmé qu’Israel n’était pas une république bananière mais un pays indépendant.

On croit rêver.

Mais attention. Si l'on malaxe les problèmes qui s'accumulent, la libération des otages qui tarde, le manque de soldats, la loi sur l'enrôlement des juifs orthodoxes qui fracture, l'escalade au Sud Liban..... et le Ramadan propice aux attentats en chaîne. Jamais Israël n'a jamais été aussi fragile.

Et c'est à cet instant que Netanyahu décide d'envenimer la situation avec la seule super puissance qui nous soutient financièrement et militairement.

Sans les States, Israël est un petit pays, un géant en apparence mais aux pieds d'argile. 

On a bien compris que Biden et la majorité du monde voudrait voir notre gouvernement tomber.

Benny Ganz a été reçu en Amérique comme une alternative politiquement correcte. En tant que ministre il aurait du obtenir l'aval de Netanyahu pour décider ce voyage officiel. Il s'en est affranchi ce qui démontre la fragilité du cabinet de guerre et les tensions qui peuvent y régner.

Est ce à dire que l’opposition aurait agi différemment dans la gestion de la guerre?

Pas forcément. Mais en déployant les mêmes moyens et en provoquant autant de victimes collatérales, le soutien de la communauté internationale aurait perduré.

La position adoptée par Biden semble donc largement partagée. Israël n’est pas en cause, mais son gouvernement pose problème. Le regard critique de l’action militaire devient purement subjectif à l’aune de la couleur politique.

C’est la que le bât blesse.

La pomme de discorde concerne l'aide humanitaire et l'attaque de la ville de Rafah où le reste des forces du Hamas s'est enterré.

Pour l'aide humanitaire, les USA ont décidé de construire un port flottant à l'instar de celui utilisé lors du débarquement de Normandie.


(Source: France info)

Il permettra de décupler l'approvisionnement par bateaux en provenance de Chypre où seront effectués les contrôles. 

Pour l'attaque de la ville de Rafah qui tarde depuis plus d'un mois, Biden craint une crise humanitaire pour le million de Gazaouis servant de bouclier humain et qu'il faudra à nouveau déplacer.

Pour lui c'est une ligne rouge.

Interrogé par la chaine américaine FOX NEWS, Netanyahu il a déclaré qu'Israël ne relâcherait pas "la pédale de gaz" et qu'il "se limiterait d'agir à Rafah de la même façon que les alliés avaient agit à Berlin pendant la deuxième guerre mondiale. On ne peut se limiter à réduire le Hamas aux deux tiers. Il faut le détruire complètement. Cette victoire est à portée de main".

Dans la même veine, hier, un rapport des services de renseignements américains conclut que la position de Netanyahu est en danger. 

En ces termes:

" La position de Netanyahu comme dirigeant, de même que la coalition dominée par les partis d'extrême droite religieux qui mènent une politique entêtée au sujet des palestiniens et sur le plan sécuritaire, sont en danger. Le manque de foi dans la capacité de Netanyahu à gouverner est largement partagée dans la population et au plus haut niveau, comme elle l'était déjà avant la guerre; on peut donc s'attendre à d'importantes manifestations qui exigeront sa démission et de nouvelles élections". 

Fermez le ban!! Rien que ça. 

C'est exactement ce que chaque Israélien pense, même au sein du Likoud, mais l'homme est en place et rien ne le fera bouger, pas même une pression américaine appuyée. 

La question aurait du être réglée dès le 7 octobre par le limogeage de tous les décideurs qui ont failli, Bibi en tête. Mais la guerre a primé et le contraire s'est produit. Logique mon cher Watson! On ne change pas de cheval au milieu du guet.

Mais pour Netanyahu, c'est un numéro de funambule et de corde raide. Au nord, la guerre totale menace et l'approvisionnement en armement est plus que jamais crucial. 

Il semble bien que la pression américaine avec ses deux porte avions au large du Liban a disparu. Un gouvernement lâché par son puissant allié devient un poids et une faiblesse qui risquent de nous couter cher. La même faiblesse que celle qui a initié le 7 octobre.

Seule planche de salut: Le refus du Liban d'être entrainé à son corps défendant dans une guerre destructrice.

On sent néanmoins que la pression médiatique sur le conflit a perdu en vigueur. La déclaration de Macron sur l'engagement international contre poutine y serait pour quelque chose.

Un train peut en cacher un autre, un conflit chasse l'autre.

Ce jour, un colonel combattant depuis 5 mois à Gaza a pris, de sa propre initiative, la parole devant les médias. GOLDFUSS, tel est son nom, a tenu des propos critiques contre le gouvernement en lui demandant d’être « digne des soldats tombés au combat pour qu’ils ne soient pas morts en vain ».

Au sujet de la loi l’exemption des juifs orthodoxes, il a demandé une égalité de la charge du service à la nation. Il a appelé à l’unité.

Certains membres importants du gouvernement ont totalement approuvé ces propos appelant également à l’unité. L’unité prônée par Bibi pour faire taire l’opposition. Belle pirouette!!

Politique et armée ne font pas bon ménage. L’unité n’est que simple apparence de surface. Un tsunami gronde depuis 5 mois. La vague à venir sera d’autant plus forte.

Division interne, isolationnisme à l’étranger, Israël doit rapidement prendre le chemin de la réconciliation avec elle-même et avec ses partenaires naturels. Un corps étranger doit être extrait, comme un coup de bistouri salvateur.

Sinon demain le durcissement annoncé de la politique américaine risque d’aboutir à une difficulté d’approvisionnement en armement.

A l’heure où plus que jamais le Hezbollah menace de mettre le feu aux poudres, il faut faire preuve de retenue et de sagacité.


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