Lettre 238 Comment fuir Gaza

 

La route est semée d'embuches.


Il est temps de regarder ce qui se passe outre Rhin.

Le sauve qui peut!

Le docteur X, professeur à l'université, domicilié dans un quartier résidentiel de Gaza, a du quitter sa villa avec sa famille pour se réfugier à Khan Younès après l'incursion de l'armée israélienne.

Population fuyant les zones de guerre

Comme le reste de la population, il a du ensuite migrer à Rafah, ville frontière avec l'Egypte. Le moment venu, il s'est présenté au poste frontière et après avoir payé 8.000 dollars par personne, sa famille a obtenu l'autorisation de gagner l'Egypte. Ils vivent désormais au Caire.

Seuls les plus fortunés ont réussi ce passage semi clandestin pour rejoindre des pays arabes d'accueil, ou l'Europe pour les plus chanceux.

Le docteur X est l'un des intellectuels les plus en vue de Gaza. Né en 1964 dans un camp de réfugié de Gaza, il a étudié dans l'université de Colombia en Amérique.

Après les accords d'Oslo, il est revenu plein d'espoirs. Mais au vu de la suite des événements, il a déchanté. Depuis le 7 octobre, il est en colère contre le Hamas. Sa maison a été détruite et ses enfants, comme le reste de la population haïssent Israël.  

"Bien que nous soyons étrangers au conflit, c'est nous qui en payons le prix fort. Personnellement, ma colère est plus forte à l'égard du Hamas en raison des destructions, des morts, des personnes ensevelies sous les décombres, les hôpitaux qui ne fonctionnent plus, le manque cruel de nourriture et de médicaments".

Cette personnalité proche des milieux influents, a rencontré Sinouar en 2018 lorsque ce dernier a été désigné comme dirigeant du Hamas. "C'est une personne qui n'envisage aucunement de concéder un millimètre à Israël. Six années plus tard, avec une telle détermination, j'estime que ce conflit n'est pas prêt de se terminer".

Le docteur X considère les crimes du 7 octobre comme une erreur choquante. S'il a de la compassion pour les victimes israéliennes, il en a autant pour la population palestinienne qui n'avait aucune idée de ce qui allait se passer. 

Une autre famille qui a suivi le même chemin, expose ses difficultés pour vivre en Egypte, pays qui lui est étranger, sans passeport ni compte bancaire. Aucun statut ne leur est accordé de sorte qu'en fin de compte, elle sera obligée de retourner à Gaza et rejoindre le reste de la famille.

Sur l'après guerre, docteur X expose que le Hamas est une idéologie qui ne disparaitra pas. " Il est évident que le Hamas ne pourra être écarté de la direction des affaires courantes à Gaza. Même si les dirigeants de la direction actuelle sont abattus, ils seront remplacés."

Selon lui, Israéliens et Gazaouis vivent la même réalité. Ils ont subi un choc psychologique et ont perdu confiance dans leurs dirigeants. Comment vont-ils revenir à la vie normale, élever leur enfants, rebâtir leur maison, comment assurer leur sécurité.

La comparaison a le mérite de l'objectivité. La réalité est saisissante des deux côtés.

Il prône une libération collective de tous les prisonniers et otages avec la fin des combats. Pour nouveau dirigeant, il a une préférence pour Marwane Barghouti, terroriste purgeant une longue peine de prison en Israël. "Il est incontournable même si cette hypothèse déplait à Israël. Il faudra bien le libérer".

La population de Gaza est totalement désemparée. On le serait à moins. La plupart voudraient quitter cette enclave à l'avenir incertain. 

Mais le passage est fermé.

Ceux qui sont nés en Israël ou dont la mère y est née, ont la possibilité de demander l'autorisation d'entrer en Israël. A ce jour, seules 71 personnes ont pu obtenir ce privilège.

Pour les autres, c'est un parcours du combattant. (Sic!) Ils implorent sur les réseaux sociaux le versement de dons pour les aider à obtenir la somme nécessaire à leur passage vers l'Egypte.

"Je ne connais pas une seule famille qui voudrait demeurer à Gaza" déclare une telle candidate. "Nous avons perdu la foi dans la patrie et nous haïssons autant le Hamas qu'Israël. Tous deux ont causé une catastrophe terrible et le monde demeure les bras croisés".

Dans l'autre sens, personne ne veut retourner à Gaza. Bien que cela ne lui apporte aucune reconnaissance, la tradition humanitaire qui fonde la société israélienne exige que toute personne puisse obtenir des soins médicaux gratuits.

Ainsi, et depuis toujours, Israël ouvre ses frontières aux nécessiteux qui ne peuvent être soignés dignement dans les pays voisins.

Ce fut le cas régulièrement avec la Syrie, le Liban et Gaza.

Il y a actuellement 20 personnes originaires de Gaza hospitalisées en soins intensifs contre le cancer. En fin de protocole médical, ils devaient être renvoyés dans leur "foyer", mais sur recours des associations humanitaires, la Cour Suprême vient de suspendre ce renvoi et a demandé au gouvernement de s'expliquer sur le bien fondé de cette décision au regard de la situation médicale à Gaza.

Le gouvernement a décidé de suspendre leur renvoi pendant 30 jours, alors que jusque la il était d'usage que ces personnes fassent des allées et venues après chaque soins.

Mais il est évident qu'en raison de la déstabilisation des structures médicales à Gaza, ils ne pourront bénéficier d'un suivi ce qui peut mettre leur vie en danger.

Il est question aussi d'enfants soignés pour des cancers et de leurs accompagnants hébergés dans les hôpitaux.

La population israélienne est très divisée sur l'aide humanitaire à fournir à la population de Gaza tant que les otages ne sont pas libérés.

La fameuse règle de la réciprocité, celle qui a du plomb dans l'aile dans les pays musulmans.

On peut légitimement demeurer circonspect.

Rien ne nous sera pardonné. Nos actions positives sont ignorées. Les autres sont passées au crible d'une critique acerbe.

Nous aurions mille raisons de virer dans la déshumanisation. L'Angleterre menace d'embargo et nous demande pas moins que d'autoriser la Croix Rouge et les organisations humanitaires de rendre visite aux terroristes capturés par Tsahal.

Vous savez ceux qui ont tué, violé, brulé, torturé..... mais qui mériteraient qu'on s'occupe prioritairement de leur sort, alors que ces mêmes bonnes âmes ne font rien pour nos otages.

La paix sociale comme maître mot. C'est du flan, mais ici le flan, ça fait mal!

Comme disait un citoyen lambda à Macron: "Vous n'en faite pas assez pour Gaza!"

Autres temps, autres mœurs.


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