Lettre 239 Netanyahu contre le reste du Monde

 Six mois déjà.

Tsahal piétine dans une guerre d’usure, obligé de reconquérir les zones où le Hamas s’est réinstallé au nord de la bande de Gaza.

Les Américains sont vent debout contre une opération militaire dans la ville frontière de Rafah et menacent de nous lâcher.

Netanyahu s’obstine: nous irons à Rafah avec ou sans l’accord de Biden.


Les USA votent pour le cessez le feu immédiat

Mettons les choses à plat en dix questions existentielles.

Question 1: Où en sommes nous avec le Hamas?

Le coup porté est majeur. Mais la taupe est l’animal le plus difficile à combattre. Les jardiniers le savent. C’est un combat de longue haleine. Bibi l’avait annoncé: « des mois voire des années ». Et pendant ce temps il demeure en place. Il n’en demande pas plus.

Question 2: Peut-on à terme éradiquer le Hamas ?

Ce mouvement dispose de fonds importants, d’un soutien inconditionnel du Qatar et d’un foyer de deux millions de personnes affamées qu’il enrôle et nourrit idéologiquement et financièrement.

Tsahal pourrait réduire son impact au prix d’une occupation prolongée et d’une guérilla mortifère pour les deux côtés. 

Tel serait le prix à payer. Voyez ce qui se passe en Judée Samarie.

Question 3: Les otages

A l’Est rien de nouveau.

Les uns pensent qu’ils sont tous morts. C’est certainement faux. 

Hamas a tout intérêt à les conserver en vie et pendant des années. On ne lâche pas un tel capital.

 Gilad Shalit a été échangé après 5 ans contre 1000 terroristes. Hamas voit qu’Israël s’embourbe y compris diplomatiquement. Il nous regarde nous noyer. 

Dans l’immédiat la négociation est de la poudre aux yeux. Bibi fait semblant pour donner le change aux familles. Hamas a montré qu’il savait jouer avec les nerfs des Israéliens. Les monter les uns contre les autres. La guerre psychologique est une arme redoutable.

Netanyahu n'est pas prêt à céder aux exigences du Hamas. C'est l'impasse.

Question 4: Le soutien international

Il était clair que la fenêtre de tir était à court terme. Une guerre n’est légitime qu’à l’aune des victimes collatérales qu’elle engendre.

Ce cap est dépassé. On ne déplace pas les populations comme des pions sur un échiquier. Il y a deux millions de Gazaouis qui vivent sous tentes dans des conditions infâmes. Et ça va durer.

L’aide humanitaire dont nous ne voulions être en charge nous revient comme un boomerang.

La colère va enfler. Il n’y aura qu’un seul responsable puisque le Hamas n’est plus en mesure de géré cette enclave et pille l'aide humanitaire.

A quand l’arrestation d’un officier dans un quelconque aéroport sous accusation de crime de guerre?

Bientôt Bibi ne pourra plus se déplacer. Il n’est d’ailleurs invité nul part. Pas même aux States.

Attention danger!

Question 5: Se fâcher avec l’Amérique

Netanyahu semble en faire son cheval de bataille. Il serait lui, le seul sauveur d’Israël, envers et contre tous. Se battre seul sur 7 fronts. Bravo!

A t il envisagé d’appuyer sur le bouton?

Les Israéliens regardent médusés leur pays sombrer, mais sans broncher. C’est la guerre et chaque jour apporte son lot de héros tombés au combat. A la guerre comme à la guerre, il faut resserrer les rangs.

Jamais l’Amérique ne nous lâchera. En êtes vous bien sur? Ben Gvir et Smotrich rêvent de se dégager des entraves occidentales pour développer librement leur politique d’épuration ethnique.

Et voici que de façon dramatique et inédite, les USA n'ont pas fait usage de leur véto. Le conseil de sécurité vient donc d'adopter une résolution imposant un cessez le feu immédiat pendant le Ramadan et la libération des otages.

Cette résolution dont nous aurons à apprécier les effets négatifs, n'engage qu'Israël. Mais elle va compliquer la fourniture d'armes et Biden vient d'enclencher un rétropédalage inédit.

25 mars 2024, une date à marquer d'une pierre blanche! Un tacle personnel de Biden contre Bibi.


Se passer de l’aide militaire américaine c’est se plonger dans une guerre absolue et inquiétante. Nos ennemis n’attaquent que lorsque nous baissons la garde. Israël seul au monde sera un adversaire fragile.

L’équilibre des forces est en passe de s’inverser.

L’antisémitisme enfle. Le terrorisme frappera partout. Il n’y aura aucune minute de silence. 

Bibi ou la descente aux enfers. 

D’ici à ce que TRUMP soit élu, s’il l’est, le vent aura tourné. Comprenne qui peut.

Question 6: Faut il arrêter la guerre.

Il n’y aurait qu’un seul deal possible: quitter Gaza contre la libération d’une partie des otages et de la totalité des terroristes détenus en Israël.

Un arrêt provisoire des hostilités avec une zone de sécurité de 10 km mais côté israélien.

Une forme de pantalonnade. A oublier? Alors oublions aussi les otages.

Question 7: Le jour d’après

On est tous d’accord, hors de question que le Hamas soit en charge de la direction politique de Gaza. Alors qui ?

L’autorité palestinienne réformée avec un successeur d’Abbou Mazen. Il serait aussitôt en butte avec les islamiques de tout poil. Et quand?

Il semble que tous les plans élaborés par X et Y ne soient qu’un leurre tant que le Hamas ne sera pas totalement éradiqué, et il ne le sera pas avant longtemps voire jamais si l’on en croit certaines sources autorisées.

Donc soit l’occupation par Tsahal, soit un retrait négocié avec le Hamas pour libérer des otages.

Qui à part Bibi, imagine Israël embourbé pendant des années dans un conflit au long cours mobilisant les forces vives de la jeunesse avec les conséquences financières et humaines que cela suppose.

Et sans l’aide Américaine! A d’autres!

Question 8: Destin politique de Netanyahu

« Bibi t’es foutu, le peuple est dans la rue ».

Slogan bien connu des étudiants français repris par l’intelligence à israélienne: « ATA HA ROSH, ATA ACHEM » (Tu es à la tête, tu es coupable)

Nombreux sont ceux qui prônent la fin de carrière politique de Bibi, surtout ceux qui ont voté pour lui et n’adhèrent pas à la coalition de droite extrême. D’autres lui reprochent son aveuglement face à la montée du Hamas qu’il a encouragé pour affaiblir l’autorité palestinienne.

Bon, et après? Pas d’élection avant trois ans et personne à ce jour n’envisage de faire tomber le gouvernement. A chaque occasion, les réfractaires à la politique d'un gouvernement auquel ils participent ont cédé. On ne coupe pas la branche sur laquelle on est assis, confortablement ou non. 

Quant à la rue, la prise de la Knesset par les réservistes en armes n’est pas une option au pays des bons petits soldats.

Mais chaque matin, un événement peut mettre le feu aux poudres. Dans l’immédiat, rien à l’horizon. Pas de tsunami en vue.

Question 9 : Le pacte sécuritaire

Le 7 octobre, la sécurité promise au citoyen a été abolie et n’est pas rétablie. On entend ici et là des départs vers l’étranger. Des sionistes convaincus ont perdu patience et abandonnent la mantra «  je n’ai pas d’autre pays ».

Ils s’en vont quand d’autres arrivent, chassés par l’antisémitisme qui monte. Période curieuse de transition ou tout est remis en question, y compris l’existence d’Israël.

Les visionnaires ont bien compris qu’Israël est confrontée à une guerre perpétuelle. Tant que l’Iran ne changera pas, le pacte sécuritaire ne sera pas rétabli. Hamas a prouvé qu’on pouvait frapper l’entité sioniste au cœur. La voie d’eau risque de faire des petits.

La sécurité sans l’appui moral du monde occidental nous renvoie aux affres d’un monde oriental cruel. Ici les codes sont différents. La mort n’est pas une catastrophe mais une fin en soi. Les Américains ne comprennent rien à ce monde là. Ils n’ont pas les codes. La machine Enigma reste à inventer. 

Israël est en passe de quitter le monde occidental dont il était le pur produit, pour se fondre dans un Orient où l’extrémisme religieux dicte la loi des deux cotés.

Mais attendez vous de savoir que la terre d’Israël est en terre d’Islam. Si l’occident nous lâche nous seront  comme un abcès au Moyen-Orient. Les appuis que nous avons difficilement bâtis avec nos voisins arabes se liquéfieront.

Question 10: Quel avenir pour Israël?

Quand le bateau sombre, on envoie des appels au secours. Qui viendra au secours d’Israël? 

הֶן עָם לְבָדָד יִשְׁכֹּן וּבַגּוֹיִם לֹא יִתְחַשָּׁב

= Voici, c’est un peuple qui habitera seul et ne sera pas compté parmi les nations (Paracha BALAK, Pentateuque) 

En clair, ISRAËL NE DOIT COMPTER QUE SUR LUI MÊME SANS TENIR COMPTE DES AUTRES NATIONS.

Belle parabole Isn't it ?

BALAK roi de Moab (Région actuelle de Jordanie) et grand ennemi d’Israël, avait demandé à Balaam, sorte de sorcier, de maudire les Hébreux sortis d'Egypte et venus prendre possession de la terre promise. Au lieu de maudire Israël,  D.ieu avait mis par trois fois dans la bouche de Balaam des paroles de bénédiction.

Ben Gourion avait repris ce thème le 27 avril 1955 dans un discours prononcé le jour de l'indépendance: "Notre avenir n'est pas lié à ce que diront les autres nations, mais à ce que nous réaliseront".

L'isolationnisme n'est pas un projet. Moshe Sharett, ministre des affaires étrangères, lui fit remarquer que "sans la décision de l'ONU en 1947, l'Etat d'Israël n'existerait pas".

L'Islam tel Balak, demande à l'ONU de nous condamner et nous maudire. C'est ce qu'elle a fait à de multiples reprises et récidive encore aujourd'hui.

L'effet Balaam n'a pas joué. 

La fête de Pourim célèbre un stratagème qui avait permis à la reine Esther de déjouer un plan machiavélique visant à l'extermination du peuple juif en Perse.

Cette fête ancestrale où il est d'usage de se grimer et se travestir est devenue universelle sous la forme du carnaval.

Mais cette année, le cœur n'y est pas.

Les questions et réponses qui précèdent en sont les prémices d'une déprime collective.


Commentaires

  1. Cette analyse est déprimante mais plus que elle est exempte de la moindre croyance religieuse. Quid des prophètes ? Quid des signes d'une période pré-messianique ? Pour lire cette longue litanie d'auto-flagellation je peux me référer aux médias français : ils font ça tout aussi bien sinon mieux !
    Prenez des "kaduré simha" en argot israélien des anxiolitiques/ antidépresseurs ça peut aider dans votre état. Quand à moi je refuse d'être contaminé par votre prose mortifère!

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