Lettre 242 Les otages à tout prix

C’est extraordinaire comme l’Iran a mis en place une toile d’araignée qui entoure Israël sans s’exposer personnellement.

C’est la tête de la pieuvre.

Pourtant l’Iran s’abstient jusque là de provoquer une guerre totale en activant son proxy du sud Liban. 

Mais le retrait du soutien occidental et l’oukase adressé par Biden lors du dernier entretien téléphonique avec Netanyahu a placé Israël en état de faiblesse ce qui pourrait changer la donne.

C’est la parabole du dompteur et du tigre. Tant qu’il le craint, le tigre se soumet. Mais s’il constate que le dompteur chute, le tigre le mangera. 


L’heure est-elle venue pour l’Iran d’activer tous ses proxys et mettre à profit l’isolement dans lequel Netanyahu s’est retranché.

Le ton grave pris par le chef d’état major Artzi Halevy en dit long sur la gravité de la situation. Tsahal est une armée qui n’est pas organisée pour une guerre longue. Elle a besoin de reprendre son souffle.

Il a reconnu que Tsahal a quitté la bande de Gaza mais a rappelé que la guerre n’est pas pour autant terminée. Notre armée ne peut combattre sur sept fronts. Par manque de soldats.

Il ne reste qu’un seul bataillon qui sépare la partie nord de la partie sud. 

Mais en ordonnant à Tsahal de quitter Gaza, il est clair que cette guerre qui piétinait et s’engluait, change de logiciel.

La censure militaire empêche de connaître cette nouvelle stratégie.

Renforcer la frontière du nord? Certainement.

Céder aux exigences du Hamas pour permettre la reprise des négociations.

Sans aucun doute puisque Biden a exigé trois choses:

* Cesser les combats

* Augmenter substantiellement l’aide humanitaire

* Revenir à la table des négociations avec une obligation de résultat.

Et on y va bon gré, mal gré.

Ceux qui militent pour une guerre d’éradication du Hamas se trompent de cible. Cette guerre a été perdue le 7 octobre. Elle ne sera gagnée que par la libération des otages.

C’est la seule victoire possible et vitale pour la reconstruction mentale du pays.

Pour le Hamas, on verra après. 

Le cabinet de guerre reconnaît implicitement que la pression militaire qui a fonctionné lors du premier flot de libérations ne fonctionne plus.

En effet le guerre a changé de modèle. Elle a viré aux combats localisés. 12.000 terroristes ont été anéantis soit 50 % de l’effectif du Hamas. Il est difficile de faire mieux dans un temps rationnel.

Surtout dans la zone la plus peuplée du monde au Km².

D’importants objectifs ont été atteints. Hamas n’est plus que l’ombre de lui-même. Il faudra 10 ans pour reconstruire cette enclave.

Hier 4 soldats ont perdu la vie, surpris par des terroristes sortis d’un tunnel et qui ont aussitôt disparu. Ils s’ajoutent aux 600 tombés au champ d’honneur.

Et la douleur des famille d’otages est devenue insupportable. Elle occupe le temps et l’espace. Elle ravage l'esprits des plus récalcitrants, même ceux sensibles à la seule victoire totale.

Tout le pays est inondé de photos des otages, de rubans jaunes, de slogans appelant à leur libération.

Les familles d’otage se sont retournées contre Netanyahu. Inimaginable en temps de guerre, signe que cette guerre à Gaza est terminée. Le dompteur est face au tigre. Il a perdu sa superbe!

Il semble bien que Joe Biden, Ganz et Eisenkot ont fini par avoir raison de la résistance de Netanyahu. La raison s’est imposée. On ne fait pas la guerre avec 250 otages entre les mains des terroristes.

Ils se meurent à petit feu. Il en resterait 133, morts ou vifs. Va savoir!

Il était impossible d’annoncer que les objectifs sont atteints sans libérer les otages. Netanyahu a donc assouplit sa position et se soumet au dictat Hamas: quitter Gaza pour permettre de définir les contours de la transaction. 

Les camions humanitaires ont été multipliés par quatre.

Bref tous les leviers de la pression militaire sont levés. Hamas peut respirer. Biden aussi. L’Iran attend son heure pour frapper Israël en réaction à l’attaque contre son ambassade à Damas. Est-elle aussi suspendue à l’issue des négociations?

Un accord de principe serait sur les rails.

Ce qui est sur, c’est que l’opération Rafah n’est pas pour demain. Le Hamas va pouvoir migrer vers d’autres secteurs libérés par Tsahal.

Sommes nous déjà au jour d’après? Sans plan pour la suite? Sans dirigeants pour remplacer le Hamas?

Qui trop embrasse mal étreint!

On peut résumer la situation comme suit: Tsahal a gagné la guerre, le gouvernement l’a perdue en fixant des objectifs irréalistes.

On pourra toujours accuser la gauche défaitiste et les anti Bibi d’avoir contraint Netanyahu à baisser trop tôt la garde.

Mais après le 7 octobre il n’était plus la bonne personne pour diriger cette guerre. L’unité intérieure et extérieure a vécu le temps qu’a duré la colère des pogroms.

Six mois. 

Le temps des règlements de compte approche. Des hauts dignitaires militaires avaient annoncé qu’ils démissionneraient dès la fin du conflit. 

Mais ils attendent que le gouvernement change la formule et annonce la fin de l'état de guerre. A défaut, face aux tensions internes, ces officiers devanceront leur démission.

La pression s’exercera alors sur le niveau politique lequel devra lui aussi assumer ses responsabilités.

Netanyahu a été rattrapé par ses démons qu’il a voulu chasser le temps d’une guerre qui devait durer jusqu’à l’oubli. Mais l’œil de Caïn l’a poursuivi. Et malgré tous ses efforts pour enfouir ses responsabilités, « l’œil était dans la tombe et regardait Caïn! » (La conscience, Victor Hugo)



Désormais, seule la libération de tous les otages sauvera son âme, mais pas son destin. Il est scellé.

Commentaires

  1. Excellente analyse....je crois que tout est dit ! Il ne reste plus qu'à attendre et voir comment réagira la population israélienne le jour d'après....entre réconciliation ou déchirement ?

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  2. Sotirios Amaraggi08/04/2024 13:33

    /N et ses amis B Gvir etc sont les alliès objectifs du Hamas qu ils ont favorisés au détriment de l Aut Palest. B Gvir a dit clairement que le Hamas était son meilleur allié et N a autorisé les 40 millions de dollars mensuels transférés par le Q au Hamas transitant par Ben Gourion.. le dernier otage a été tué par le Jihad islamique, ennemi juré du Hamas.les materiaux utilisés pour construire les tunnels ont été achetés en israel. Il faut voir les réalités en face.

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  3. Tellement juste ce constat plein d’effroi et si bien écrit ! Merci mon cousin…restons optimistes pour l’avenir des otages , du pays …des soldats et de tous les innocents impliqués malgré eux.

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