Lettre 250 L'axe sunnite contre l'Iran

 RAFAH RAFAH RAFAH (les Japonais scandaient Thorah …..)

Bibi acculé par son entourage de prendre une décision sur la suite des opérations militaires a lancé: (Nitsah'one Mouch'lat) נצחון מוחלט = Victoire totale

Curieuse façon de faire la guerre alors que les soldats mobilisés pour entrer à Rafah ont été renvoyés dans leurs foyers.

Mais quelle est sa stratégie? S'il y en a une.


Mohammed ben Salmane, prince héritier saoudien

Le choix qui se pose à lui est d’une simplicité enfantine pour ne pas dire biblique:

1) RAFAH

Attaquer le Hamas dans son dernier repère à Rafah et couper les tunnels d’approvisionnement depuis le Sinaï; mais se fâcher avec Biden, risquer une chute des livraisons d’armes et subir la colère internationale. Libérer des otages? 

2) RIYAD

Mettre une fin provisoire au conflit, libérer des otages, adopter le plan américain de reconstruction de Gaza avec l’Autorité palestinienne pour dirigeant, et création à terme d’un État palestinien indépendant; normalisation avec l’Arabie Saoudite et mise en place d’un axe coalisé contre l’Iran. Accessoirement faire retomber la vague antisémite mondiale.

Voilà résumé le deal. RAFAH ou RIYAD

Quelles en sont les conséquences?

Choix 1: Le peuple se fracture face à la perte des otages. Tolérance zéro de la communauté internationale car le crédit initial est expiré; l’incrimination de génocide se renforce, un mandat d’arrêt contre Bibi pour crime de guerre se profile.

Choix 2: Le gouvernement tombe, des élections doivent être organisées dans l’empressement, la carrière de Bibi prend fin avec une mise en responsabilité pour l’échec du 7 octobre et la prison dans ses trois dossiers pénaux.

Le choix semble vite fait.

Netanyahu voudrait faire du « En même temps », lancer la campagne de Rafah en marchant sur des œufs, éviter la création d’un État palestinien, répondre à toutes les exigences des uns et des autres pour ne fâcher personne; bref un numéro de funambule et au final, après un an d’escarmouches, laisser le Hamas en place. 

La « victoire totale » ne sera que pour lui! Assurer sa survie politique.

Le jour s’est levé, s’est couché, un jour de plus!

On en est là!

Peu de voix s’intéressent vraiment au plan 2.

L’Arabie Saoudite étonnamment oui.

Car c’est historique. Jamais nous n’étions passé si prêt d’un accord de normalisation avec l’Arabie Saoudite. Et malgré la guerre, cet accord est encore sur la table. Mais il faut accepter deux conditions:

* Le principe d’un État palestinien

* Cesser la colonisation en Palestine voir la restreindre

Mais regardons de plus prêt cette alliance que recherche le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS).

La stratégie américaine est claire: elle joue sur la fracture entre Chiites et Sunnites.

Tous les pays du Golfe sont sunnites à l’exception de l’Iran qui est à majorité chiite, tout comme les Frères Musulmans.

Leur querelle réside dans la succession du prophète Mahomet décédé en l'an 632. Le califat fut mis en place pour diriger la communauté (La Oumma) tant sur le plan politique que religieux.

Trois califes se succèderont, mais lors de la nomination du quatrième calife, Ali, bien que gendre et cousin du prophète Mahomet ne fait pas l'unanimité. Il lui est reproché d'avoir trempé dans l'assassinat de son prédécesseur.

De sanglantes batailles s'en suivront. Finalement Ali sera lui-même assassiné. De la viendra la notion de martyr propre à l’islam chiite. C'est le début de la sécession.

En fait, les sunnites estiment que la nomination doit se faire sur le mérite, tandis que les chiites estiment que les liens du sang doivent prédominer.

Sunnites et Chiites sont prêts à s'égorger. L'Arabie Saoudite, sunnite craint l'Iran comme la peste. Le but avoué de l'Iran est de prendre l'hégémonie sur la totalité du Moyen-Orient et ses richesses pétrolières.

C'est sur ce conflit religieux que le plan américain prend levier.  

Les Américains veulent mettre en place un axe de solidarité du monde sunnite pour isoler l’Iran. Ce pacte inclut la normalisation avec Israël, puissance nucléaire garantissant les pays sunnites contre une agression de l’Iran.

Leur stratégie paraît simple: isoler l’Iran et permettre à l’Arabie Saoudite de prendre le leadership.

C’est pour Israël une carte majeure pour développer un politique à moyen terme car c'est son meilleur atout. 

Avant le 7 octobre, nous étions à deux doigts d’aboutir à cette normalisation et certains soutiennent que c’est pour briser ce pacte que le Hamas a attaqué.

Aujourd’hui Israël n’a qu’une seule vision à court terme: celle de l’éradication du Hamas pour rétablir la sécurité intérieure.

Ici les opinions sont très divisées sur la pertinence de cette stratégie qui ne peut aboutir sans mettre en place un régime politique de remplacement. Mais il faut alors admettre l'Autorité palestinienne comme partenaire. Netanyahu ne le peut pas. Sa base électorale ne le comprendrait pas, et ses partenaires politiques extrémistes feraient tomber le gouvernement.

Netanyahu a compris que la fenêtre de tir était de courte durée. Elle aura duré tout de même trois mois. Le tir malheureux sur un véhicule humanitaire a sonné le glas du soutien occidental.

L'attaque de Rafah provoquera une levée de boucliers. La légitimité de la réaction militaire après le 7 octobre était soutenue. Souvenez vous de la sortie de Macron qui voulait créer une coalition internationale pour combattre le Hamas comparé à Daesh. Vite oubliée.

Le travail de destruction des installations du Hamas a été fait en un mois peut-être de façon trop violente; trop brutale; nous aurons peut-être à nous en repentir. Avons nous frisé le génocide?

Ce qu'on admet de tout un chacun n'est pas pardonné au peuple du Livre, au peuple de la lumière, des symboles, de la morale suprême.

Le tribunal pénal international de La Haye est en charge du dossier. Il serait question de lancer un mandat d'arrêt pour crime de guerre.

Netanyahu serait le premier de la liste.

Biden lui accorde un crédit limité. Très limité. N'a t il pas décrété qu'il faisait plus de tort à Israël que de bien.....

Il ne bougera pas le petit doigt pour le sauver. Et il s'oppose à l'opération Rafah qu'il juge dangereuse sur le plan humanitaire.

Netanyahu criant cette menace comme la foudre. Poutine est sous mandat d'arrêt international depuis le mois de mars. 

Alors ne demandez pas pourquoi Netanyahu temporise depuis cinq mois sans engager aucune action sérieuse à Gaza, a largement ouvert la porte à l'aide humanitaire, lance des slogans guerriers sans jamais les concrétiser, recule le 14 avril alors que Tsahal était prêt à lancer une contre-offensive massive contre l'Iran.

Netanyahu a peur.

Peur quant à son destin politique.

Mais surtout peur du jour de la reddition des comptes lorsque le monde découvrira l'ampleur des destructions subies à Gaza et des conséquences pour la population qui sera exonérée de toute responsabilité. Le 7 octobre sera loin, oublié.

Les Gazaouis ne disparaitront pas. Ils seront la et le Hamas aussi, sous une forme ou une autre. On a vu que l'accusation de génocide n'a pas été écartée de plano par la cour internationale de justice.

Netanyahu sait qu'on ne lui fera pas de cadeaux.

Un premier ministre israélien sous mandat d'arrêt. Comment en est-on arrivé à cette extrémité.

Seule l'option 2, celle de la recherche d'une coalition internationale forte contre l'Iran pourrait le sauver de ce danger.

Entre deux maux, il faut choisir le moindre.

Un sondage démontre que 67% des Israéliens ne croient plus à la "victoire totale".

Les choix sont souvent difficile et en voici un exemple humoristique pour finir.

En un temps reculés dans la profonde Pologne, un Juif marchait de long en large en se lamentant, tenant sa tête entre les mains.

"Mais Moïché, que te prend il? Tu vient d'avoir un fils aujourd'hui, c'est une bénédiction!!"

"Oui, mais le problème, je ne sais quand je dois déclarer sa naissance; dois-je déclarer qu'il est né hier, ou dois-je attendre demain. Ca me perturbe. "

"Peut-être serait préférable de déclarer qu'il est né aujourd'hui puisque c'est le cas".

Moïché: " Ah, je n'avais pas pensé à cette possibilité".




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