Lettre 254 Coloniser Gaza

 Se battre jusqu’à la victoire totale.

Nous savons tous ce qui se cache derrière ce slogan. Destructions, victimes, misère économique…… Inutile d’en rajouter.

Israël a été attaquée, meurtrie, violentée comme aucun autre pays n’a eu à connaître.

La victoire, c’est mettre fin à la menace; ni plus ni moins. Et pour cela il faut mettre fin au pouvoir terroriste du Hamas. Ce fut le cas après deux petits mois de combats, acharnés certes, mais concluants.

Il eut été possible alors de mettre en place un gouvernement provisoire pour le moins sur la partie nord de la bande de Gaza.

Mais les tiroirs étaient vides de tout plan. Bien au contraire, la question ne devait pas être posée, et ne se posait pas. Du moins au sein du cabinet de guerre.

Les Américains pensaient que Gaza devait faire partie intégrante de la Palestine, donc de passer sous gouvernance de l’Autorité palestinienne.

Horreur et damnation!!!

Mais après avoir obtenu la libération de 110 otages, Netanyahu a décidé de mettre fin à la trêve et reprendre les combats.

Le Hamas était affaibli mais pas détruit: touché mais pas coulé dans le fameux jeu de la torpille.

Sus vers le sud. Khan Younes puis Rafah.

Mais Tsahal est allé trop vite; trop fort. L’opinion internationale s’est interposée, Biden a freiné des quatre fers.

Bibi s’est couché. Tsahal s’est retiré. Le Hamas est revenu en continuant à tirer. Bref, tout est à refaire.

Faire et défaire c’est aussi guerroyer.

Depuis bientôt 8 mois, ni libération d’otage, ni victoire même partielle. Mais il n’y a pas le feu au lac!

Patience et longueur de temps…….


Yoav Galant ministre de la défense

(Membre du Likoud, ancien chef d'Etat Major en 2010, entre en politique en 2015 et soutient la colonisation juives en Palestine, s'oppose à la réforme judiciaire en 2023 mais Netanyahu ne le limogera pas sous la pression du public)


Et c’est à cet instant précis que le ministre de La Défense, Yoan Galant, membre du cabinet de guerre restreint, vient de se fendre d’une appel public et médiatique par lequel il ne fait ni plus ni moins qu’accuser Netanyahu de mettre le pays et ses soldats en danger.

Vous avez bien entendu. En temps de guerre. En d’autres temps, cela lui aurait valu d’être envoyé en cour martiale et devant le peloton d’exécution.

Et qu’a t il dit au juste?

Il a invité Netanyahu à se prononcer sur sa politique du « jour d’après » en s’opposant fermement à une occupation militaire et civile à Gaza. Selon lui, cette éventualité mettrait les soldats en péril et serait insupportable financièrement. Il a indiqué sa préférence pour remettre les clés à l’Autorité palestinienne.

« Il nous incombe de prendre des décisions difficiles favorables à la nation, même si ce choix implique un coût personnel et politique » (Sic!)

« Les services de sécurité ont présenté des plans sur lesquels Netanyahu refuse de se prononcer. Depuis octobre dernier, je les présente devant le cabinet de guerre sans réponse. L’Après Hamas ne peut se faire que par une gouvernance palestinienne avec le soutien international.

Il a rappelé que les Américains nous ont soutenu dès le début en paroles mais aussi en actes et que les dissensions doivent demeurer internes et non publiques.

Il a désapprouvé que Tsahal soit obligé de revenir encore et encore dans des zones de combat déjà nettoyées. « Nous devons mettre fin au pouvoir de gouvernance du Hamas sans quoi il subsistera à moins que nous mettions en place une occupation.

Bref, il soutient ouvertement le plan américain et fait ainsi montre d’une opposition frontale avec les supposées intentions de Bibi, lesquelles n’ont à ce jour pas été dévoilées.

Netanyahu n’a émis aucune récrimination contre cette algarade. Il a simplement répondu qu’il refusait de mettre en place un gouvernement du H’amastan et pas d’avantage du Fatah’stan. 

Les édiles du Likoud ont appelé à son limogeage, mais rien de tel ne s’est produit. 

Une chose est sure, le cabinet de guerre est divisé et il y a fort à parier que les autres membres, Gantz et Eisenkot sont d’accord avec Galant.

En quoi cette affrontement public était il impérieux? Quel but Galant poursuit il?

Et pourquoi ne démissionne t il pas s’il désapprouve la stratégie de Netanyahu?

Car à bien traduire sa pensée, l’armée joue au chat et à la souris avec le Hamas sans le mettre K.O. Ce qui serait possible. On ne donnerait donc pas la possibilité à Tsahal de gagner cette guerre; pour la faire durer.

Plus encore, il accuse Netanyahu de refuser les plans de Tsahal en ne lui affectant aucun but permettant la mise en place d’une gouvernance de substitution.

Il est vrai que cette question taraude plus d’un commentateur et que sauf à en écarter l’Autorité palestinienne, c’est soit le vide, soit l’occupation.

Mais Netanyahu sait que les soldats ne seraient pas ravis d’apprendre qu’ils vont rester sur place encore de longues années.

Mauvais pour le moral des troupes. Surtout si on ajoute à ce scénario la volonté des ministres extrémistes d’y implanter un Gush Katif 2, celui qu’on a dû évacuer de force en 2005 lors du départ décrété par le premier ministre Sharon.

(Le Gush Katif représentait 17 implantations au sud de la bande de Gaza développées après la guerre des six jours où vivaient 8.600 Israéliens religieux orthodoxes qui y développaient l’agriculture mais nécessitaient  une défense militaire permanente contre les attaques et les attentats)

Ce plan que redoutent les Américains impliquerait la fin de l’aide militaire.

Au passage pas un mot pour les otages, sujet  passé à la trappe depuis 8 jours. On vient d’apprendre officiellement que 30 d’entre eux sont décédés. Ce sont certainement ces trente cercueils que Sinouar voulait nous envoyer.

Et comme toujours, les succès militaires laissent penser que Hamas est au bord de la soumission alors que paradoxalement il continue à arroser Israël de ses roquettes. Chant du cygnes ou propagande?

Galant est favorable à l’entrée en force dans Rafah mais semble bien pessimiste sur les résultats.

Mettons au crédit de Netanyahu que dans l’immédiat, on voit mal qui pourrait sérieusement prendre les clés et se battre avec un Hamas en survie.

Et comme son plan n’est pas conforme aux désidératas de la communauté internationale, il préfère botter en touche.

Mais ceci n’est que le cadet de nos soucis car au Nord, les frappes du Hezbollah se font tous les jours plus lourdes et la population déplacée grogne.

La aussi on temporise. Tu tires, je réplique. La ligne rouge recule chaque jour.

Un journaliste mauvaise langue a écrit « Tous les professionnels de la sécurité sont persuadés que la question du « jour d’après » est impérieuse, mais que Netanyahu n’est pas disposé à en discuter tant que le Hamas n’est pas vaincu. Mais quelle est au juste la définition de cette locution « vaincu »? Je suppose qu’elle n’est pas liée à une mesure empirique, mais à une date: il sera vaincu selon Netanyahu à l’approche des prochaines élections soit en 2026 ».

Cela rappelle cette histoire qui faisait fureur après la guerre du Kippour.

Le président Pompidou et Golda Meir se rencontre à la Maison Blanche et Nixon leur propose d’appeler D.ieu pour savoir quand leur pays connaîtrons la félicité. 

Pas avant 20 ans. Nixon raccroche et se met à pleurer.

Les deux autres: Pourquoi tu pleures, 20 ans c’est pas long

Nixon: oui, mais je ne serai plus là pour le voir.

Même scénario pour Pompidou. 30 ans, il se met à pleurer car il ne verra pas son pays en paix. Même réflexion des deux autres.

Golda appelle: aucune réaction.

Alors, alors !!!

A l’autre bout du fil, D.ieu s’est mis à pleurer.

En 1973, on imaginait pas que la situation serait identique en 2024. 

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